Littérature3 bonnes raisons de
Crédit photo : Conception graphique de la couverture: Sabrina Soto @ Éditions XYZ
Une façon de reconnecter avec le présent
Ce roman, traduit par Christophe Bernard, rappelle l’importance de profiter du moment présent, de se rapprocher de ce qui est réellement précieux pour nous, et d’y accorder plus d’attention.
La jeune Vancouvéroise au centre de ce roman s’approprie les histoires qui lui sont racontées afin d’élucider ses racines familiales à travers les sentiments gardés sous silence. Elle cherche ainsi à connaître les particularités de sa culture d’origine en se rapportant aux coutumes et aux citations de sa mère, comme dans l’extrait suivant: «Et elle pense à un proverbe cantonais: les arbres recherchent l’immobilité, mais le vent n’arrête pas pour autant de souffler. Au moment où les enfants s’intéressent à leurs parents, il est déjà trop tard.»
Chaque fragment consume l’essentiel d’un instant dans ses moindres détails. La narratrice s’attarde sur des petits gestes simples et des remarques précises enregistrées dans sa mémoire, notamment des démonstrations d’affection, aussi subtiles soient-elles.
Ces images rendent l’histoire encore plus réaliste et touchante, et bien que le deuil fasse partie intégrante de celle-ci, sa lecture en demeure apaisante, et surtout inspirante.
Une analyse des différentes perceptions
La narratrice se remémore des instants d’incompréhension en compagnie de son père. Puisqu’elle a grandi loin de ses origines, le choc des cultures se fait souvent ressentir dans leurs interactions comme dans ce passage: «Puis, sans me regarder, il a dit: Je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez toi, pour que tu fasses de l’art comme ça.»
À plusieurs reprises, leurs attentes divergent et le malaise s’installe au creux des non-dits. Au fil des pages, on se rend compte qu’au fond, leurs intentions étaient les mêmes, et seul leur moyen de communication leur faisait obstacle.
La forêt des transparences met l’accent sur l’importance de prendre soin de soi et de ceux et celles qu’on aime. Même si la retenue prend beaucoup de place dans la famille hongkongaise, chacun∙e démontre son affection en s’assurant de la santé des autres.
En voici un exemple: «Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas comme si j’allais faire ça jusqu’à la fin de mes jours. Quand il sera remis, j’aurai amplement le temps de me reposer.» Comme quoi l’amour inconditionnel se ressent peu importe la confusion entre les cultures, les générations et les différences!
Un texte d’une beauté et d’une authenticité sans pareil
Concises et pleines d’esprit, les vignettes viennent chercher des émotions universelles chez les lecteur∙trices. Non seulement elles font écho à des épreuves inévitables de la vie, mais elles transposent aussi ce fort besoin de connexion ressenti par tous∙tes un jour ou l’autre.
Des passages particulièrement touchants démontrent bien l’attention et la tendresse de la narratrice envers les siens en mettant la lumière sur eux afin de comprendre son propre portrait.
«Selon la tradition, la fiancée est censée regarder son reflet dans le miroir durant toute la cérémonie des cheveux. Mais, pendant que ma mère glisse le peigne dans mes cheveux, je ne peux m’empêcher de placer le miroir en angle de manière à voir son visage à elle à la place, des plus attentifs tandis qu’elle récite les trois mêmes bénédictions qu’on lui a données trente ans plus tôt.»
Même si le livre paraît plutôt court et que les incompréhensions font partie de la trame de fond, on le referme avec le sentiment que tout a été dit.
Laissez-vous bercer par les mots de Pik-Shuen Fung, cette nouvelle autrice qui vous charmera avec la poésie renversante de son œuvre! Qui sait, peut-être aurez-vous envie d’enregistrer des histoires de famille à votre tour?