ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Victor Diaz Lamich
La pièce, à l’instar du roman et du film éponymes desquels elle s’inspire, campe son action dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, dans les années 1930 et 1940.
Les Plouffe, une famille ouvrière, est composée de personnages à la fois archétypaux et vibrants de réalisme: Joséphine, la mère, gardienne de la famille et de la tradition; Théophile, le père, opposé à tout pouvoir anglophone en terres québécoises; et leurs quatre enfants, Cécile, Napoléon, Ovide et Guillaume, chacun∙e à la fois déchiré∙e et transporté∙e par les rêves, les amours et les passions d’une vie meilleure que celle que leur réserve le sillage de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale.
À travers cette famille sont abordés des thèmes emblématiques de l’époque et centraux de l’identité québécoise, comme le nationalisme canadien-français, le pouvoir du clergé et l’influence de la culture américaine.
Parmi les quatorze acteurs de la distribution, notons la performance pleine de justesse de Jean-Michel Girouard, qui incarne un Napoléon Plouffe débordant d’un espoir que rien ne peut altérer; Frédérique Badet donne à Cécile Plouffe une vulnérabilité émouvante; Marie-Ginette Guay traduit avec nuance et subtilité les différentes facettes d’une mère aimant, malgré ses torts et ses travers, ses enfants par-dessus tout.
Avec les multiples personnages secondaires gravitant autour des protagonistes, Les Plouffe forme une pièce chorale qui demeure, d’un bout à l’autre de ses deux heures et dix minutes de durée, parfaitement bien orchestrée.
En effet, durant Les Plouffe, il n’y a aucun temps mort, aucun répit!
La brillante mise en scène de Maryse Lapierre ne laisse rien au détail et utilise intelligemment chaque espace du grand plateau du Théâtre Denise Pelletier: des escaliers surplombant le plateau permettent ainsi de passer du salon de la famille Plouffe à la Haute-Ville de Québec, et parfois simultanément.
Une véritable chorale, composée de musiciens, entrecoupe l’action d’intermèdes musicaux, et l’accompagne lorsque nécessaire, magnifiant ainsi l’émotion portée par les personnages et l’histoire qu’ils racontent.
Si les Plouffe savent faire rire et divertir, leur histoire est pourtant bien loin d’une comédie. L’ironie et le regard perçant de Roger Lemelin, très bien rendus dans cette adaptation théâtrale, font réfléchir. Il s’agit du portrait d’une époque charnière pour le peuple québécois: une époque certes révolue, mais qui porte encore bien des messages aux contemporains qui savent les écouter.
Les Plouffe, c’est à la fois l’histoire d’un temps et d’un lieu bien spécifique, et une histoire intemporelle et universelle. C’est ce qui en fait son charme et explique, peut-être, le secret de son éternel renouvellement en de nouvelles adaptations.
La pièce «Les Plouffe» en images
Par Victor Diaz Lamich
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de la rédaction