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Crédit photo : Stéphane Bourgeois
Siibii et sa voix magnifique
Originaire de la communauté de Mistissini et vivant maintenant à Montréal, Siibii en était à sa première apparition au festival. Malheureusement, comme pour Rosie Valland la veille, la foule se faisait encore attendre à ce premier spectacle de la journée.
Il devait bien y avoir plus d’une centaine de personnes, mais devant un parterre pouvant en accueillir des milliers, ça donnait un effet de vide, quand même. Cela n’a toutefois rien enlevé à la qualité de la prestation de l’artiste!
Si on pouvait sentir sa nervosité durant ses interventions, lorsque venait le temps de pousser la note, plus rien ne paraissait. Sa voix forte est tout en finesse, et Siibii la contrôle parfaitement. Nous avons même eu droit à une reprise très émouvante de «Future Days» de Pearl Jam. Il faut un bon organe vocal pour rendre justice de la sorte à Eddie Vedder.
Musicalement, non est loin des idées préconçues que certains pourraient avoir sur une artiste originaire des Premières Nations. Ses mélodies contiennent une bonne dose de pop moderne et lumineuse aux accents R&B, et elles sont agrémentées de textes plutôt sombres.
La balade «Savage», jouée en clôture de son concert, a été un fort beau moment. C’est définitivement un nom à retenir!
Sophia Bel réalise un rêve
Est-ce que la menace d’un orage a créé un émoi chez les gens? Étaient-ils tous déjà en ligne pour aller voir Imagine Dragons? Toujours est-il que le parc de la Francophonie ne s’est pas rempli très rapidement vendredi!
Peut-être que le nom de Sophia Bel n’était pas assez connu des spectateurs? C’est dommage, car c’est définitivement une chanteuse qui mérite que l’on s’attarde sur sa musique.
Dans un monde qui pullule de jeunes chanteuses pop de talent, l’auteure-compositrice-interprète se démarque avec sa pop électronique douce qu’elle agrémente d’influences emo et pop-punk. Certains moments rappellent même Avril Lavigne.
Ayant grandi à Québec, c’était pour elle un rêve devenu réalité que celui de se produire au FEQ, et on pouvait sentir toute sa fébrilité. J’aimerais bien la revoir, comme Siibii d’ailleurs, dans un cadre plus intime où la foule sera moins dispersée.
Grandson: tel une superstar
Même si il ouvrait le bal sur la grande scène vendredi, on avait parfois l’impression qu’on avait déjà droit à la tête d’affiche pendant la performance de Grandson.
La foule sur les Plaines d’Abraham était déjà compacte pour ce premier spectacle de la soirée, et elle a répondu présente avec beaucoup d’enthousiasme!
Sa musique, un savant mélange explosif de hip-hop et de hard rock, a soulevé les spectateurs qui ne se sont pas fait prier pour sauter, chanter et brandir le poing tout au long de sa performance.
Il faut dire que Grandson est un être très charismatique et énergique sur scène, et il n’a jamais paru décontenancé devant les spectateurs qui devaient être la foule la plus nombreuse qu’il ait eue devant lui jusqu’à présent!
«Riptide» et «Dirty» ont toutes deux été des moments forts, mais je dois l’avouer, sa prestation au grand complet était un moment fort en soi. On le reverra sans doute bientôt celui-là, et pas uniquement en lever de rideau.
Détour côté lounge avec Say She She
Après le spectacle haut en couleur de Grandson, je me suis dirigé vers la petite scène Hydro-Québec au parc de l’Esplanade. C’est une scène que j’aime bien, car elle est propice à des découvertes intéressantes.
Ce fut le cas hier soir avec Say She She. Ces trois chanteuses offrent, accompagnées de leur quatuor de musiciens, une musique rétro rappelant parfois Motown et, à d’autres moments, la belle époque disco, mais sans jamais tomber dans la nostalgie. Elles offrent un son très actuel malgré ces influences d’un autre temps.
Les spectateurs, relativement nombreux, se sont laissés bercer par le groove et les charmantes harmonies vocales du septuor. C’était une excellente performance qui m’a donné l’envie de les revoir dès que possible!
Le groupe sera d’ailleurs en spectacle ce soir, le 8 juillet à 19 h, sur la scène Rogers lors du Festival International de Jazz de Montréal. Je vous conseille fortement d’y courir!
La grande messe d’Imagine Dragons
Par souci de transparence, je dois me confesser: Imagine Dragons se hisse haut dans la liste des groupes dont je ne comprends pas la popularité. Je trouve qu’ils offrent une pop sans saveur, ponctuée d’hymnes rock sans mordant.
Ceci étant dit, après un long débat interne ayant duré toute la soirée, j’ai décidé de retourner sur les Plaines et de donner une chance au coureur, comme on dit.
Premier constat: il y a beaucoup de gens qui seraient en total désaccord avec mon opinion. Le spectacle affichait d’ailleurs complet, ce que peu d’artistes ont réussi à accomplir sur la plus grande scène du FEQ.
Deuxième constat: malgré mes meilleurs efforts pour les éviter, beaucoup de chansons du groupe se sont rendues jusqu’à mes oreilles. C’est en effet surprenant de voir à quel point le band a accumulé les hits radiophoniques depuis leurs débuts.
Et c’est sans doute le plus grand attrait d’Imagine Dragons. En se cantonnant dans une musique pop-rock hyper accessible, ils se sont bâti une large audience dévouée qui a envie de venir communier avec eux.
Je ne le cacherai pas, ce spectacle avait des airs d’une grande communion. Parmi les 90 000 spectateurs estimés, on pouvait compter sur les doigts d’une main ceux qui ne chantaient pas les paroles avec le chanteur Dan Reynolds (qui a provoqué la plus vive réaction de la soirée lorsqu’il a enlevé son chandail!)
Oui, je l’avoue, je me suis surpris à taper du pied à quelques reprises, notamment durant «Radioactive», mais ça n’a pas été suffisant pour que je change d’opinion sur le groupe. Toutefois, les amateurs d’Imagine Dragons présents ont semblé totalement comblés par la performance de leurs idoles, laquelle a été appuyée de multiples jeux de lumières, de confettis et de fumée.
Après un concert écourté en raison d’une trop forte pluie après deux chansons en 2019, et après l’annulation de l’édition 2020 lors de laquelle ils devaient se produire, les dragons et leurs fans avaient bien mérité ce grand moment d’extase.