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Crédit photo : Sasha Onyshchenko
«Déséquilibre délectable» de Kristen Céré
Cette chorégraphie, présentée en ouverture d’Ultraviolet, se veut une exploration de la partie plus délicate et plus lugubre de la nature humaine.
Différents tableaux, avec divers regroupements de danseurs, constituaient une succession d’événements où la complexité de l’homme était exprimée avec force et agilité. La partie sombre est demeurée au premier plan, tandis que la fragilité restait présente, bien que plus discrète.
Les danseurs ont vraisemblablement livré un combat contre eux-mêmes, comme s’ils cherchaient à se libérer de cette obscurité qui les habite.
Entrecoupée de projections durant lesquelles une dame âgée paraissait souffrir de solitude – et pour cause: elle était seule dans un espace vide – cette pièce a su conquérir le public grâce à sa beauté et l’énergie qui s’en dégageait.
«Crater» de Roddy Doble
Fait intéressant: c’est Roddy Doble, premier danseur de la compagnie, qui a chorégraphié cette pièce.
Ce segment est donc sa vision de la solitude, qui peut être à la fois un trésor à chérir et une source de tristesse. D’une durée de cinq minutes, ce ballet d’inspiration classique, présenté au rythme du «Concerto en ré mineur BWV 974 II» de Jean-Sébastien Bach, était d’une grande magnificence.
Sur scène, une femme danse avec un homme qui personnifie la solitude. Plutôt que de vouloir s’en défaire, elle l’apprivoise et ne fait qu’un avec elle.
Il y avait ici et là des moments romantiques exécutés avec finesse et émotions. Ce pas de deux a bien mis en lumière le talent des danseurs Rachele Buriassi et Roddy Doble.
«Beguile» de Lesley Telford
Avec Beguile, l’artiste vancouvérois nous offre son point de vue sur l’interaction humaine, et plus spécialement sur la dépendance que nous avons les uns envers les autres.
Cette pièce alambiquée, accompagnée d’une merveilleuse trame sonore (Henry Purcell, John Cage, Jean-Sébastien Bach, Abel Carl Friedrich et Perfume Genius), était somme toute dramatique et lourde.
Maude Sabourin, première danseuse, interprétait le personnage principal. Elle a fait preuve d’habilité et de sérieux tout au long de sa prestation.
En parallèle, les danseurs ont effectué des pas en canon à répétition, ce qui a donné un effet de dédoublement présentant des longueurs. Cela a causé une perte momentanée d’intensité, ce qui est dommage, compte tenu de l’aspect bouleversant de ce ballet.
«Substrat» de Cass Mortimer Eipper
Cette portion de la soirée était dédiée au rôle croissant que joue le numérique dans nos vies, tel que vu par le chorégraphe. Une pièce au rythme effréné, dansée avec brio par la troupe.
La scénographie a été particulièrement bien exploitée: un mur, constitué de bâtons qui servaient de support pour les danseurs, était partie prenante d’une chorégraphie tout simplement géniale!
Grâce à ce ballet, dansé avec vitalité, nous nous sommes rapidement imprégnés du monde quasi post-apocalyptique de l’artiste. Nous avons ressenti de la tension, de la joie de vivre et de la douceur.
Dans l’ensemble, ce spectacle était fort intéressant et bien exécuté, à l’exception de quelques petits accrocs lors des mouvements synchronisés.
Malgré le fait que certains spectateurs ont quitté la salle durant l’entracte, ce programme quadruple était riche en émotions, et les chorégraphies, captivantes.
Ultraviolet des Grands Ballets est présenté au Théâtre Maisonneuve jusqu’au 6 mai 2023.
«Ultraviolet» des Grands Ballets en images
Par Sasha Onyshchenko
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de la rédaction