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Crédit photo : Mathieu Pothier
En première partie: Kevin Devine et Tigers Jaw pour briser la glace
Dès 19 h 30, la foule compacte s’est agglomérée devant la scène du MTELUS dans l’attente (tant attendue) des membres de Manchester Orchestra. Mais tout juste avant le clou de la soirée, c’est l’auteur-compositeur-interprète américain Kevin Devine et le groupe pop-punk Tigers Jaw qui ont été assignés pour réchauffer l’atmosphère de la salle.
Quand on sait que ces derniers ont collaboré par le passé avec la tête d’affiche de la soirée, notamment sur un projet commun entre Devine et Hull, le chanteur de Manchester Orchestra, intitulé Bad Brooks, on comprend bien assez vite que c’était tout naturel que ces amis de longue date les accompagnent à l’occasion de cette tournée.
Dans un premier temps, c’est Kevin Devine, seul avec sa guitare, qui a brisé la glace en grattant les premières notes de «It’s a Trap!», une chanson qui figure sur son album Nothing’s Real, So Nothing’s wrong, paru en mars dernier.
Le musicien de Staten Island a, dans l’ensemble, livré une performance sobre et sans l’instrumentation qu’on connaît de ses pièces, qui ont davantage de mordant à saveur indie rock sur album.
Cette épuration au niveau de son interprétation a permis à l’artiste de mettre de l’avant un style où sa voix, à mi-chemin entre celle, éraillée, de Kurt Cobain, est mêlée à celle, plus douce, d’Elliott Smith.
Puis, c’est la formation pop-punk nostalgique Tigers Jaw qui a offert une prestation des plus musclées. Le quatuor américain a contaminé la foule de son énergie de garage band avec des chansons comme «I Won’t Care How You Remember Me» et «Cat’s Cradle», toutes deux sorties en 2021.
Ben Walsh et Brianna Collins les deux chanteurs, guitaristes et claviéristes du groupe ont, avec Teddy Roberts et Colin Gorman, maintenu un rythme effréné et ont su garder les spectateur.rice.s en éveil jusqu’à la toute fin de leur set.
Une première sur les planches montréalaises en 15 ans!
Après les performances de leurs amis et confrères, les musiciens de Manchester Orchestra, originaires d’Atlanta, aux États-Unis, se sont avancés sur scène afin de livrer leur premier spectacle en tête d’affiche à Montréal depuis un bail, alors qu’ils sont pourtant actifs depuis 2006!
Ils ont ouvert le bal en force en entonnant, dans l’ordre, les quatre premières chansons de leur dernier album, The Million Masks of God. Ainsi, «Inaudible», «Angel of Death» et «Keel Timing» et «Bed Head» se sont enchaînées avec autant de naturel que sur l’album (qui a cela dit été pensé pour être écouté en entier). Cette plongée dans leur répertoire plus récent a eu un effet hypnotisant sur la foule, qui n’a pas hésité à accompagner Hull à coup de «Oh my God!» enthousiaste lors de «Bed Head», la plus populaire de l’album.
Manchester Orchestra a par la suite remonté le temps avec une pièce tirée de son tout premier disque, I’m Like a Virgin Losing a Child, titrée «I Can Barely Breathe», au son plus alternatif et soft grunge, laquelle a été acclamée avec vigueur par le public.
Les musiciens ont par la suite suivi la ligne du temps avec la douce «I Can Feel a Hot One» qui, elle, figure sur Mean Everything to Nothing, opus sorti en 2009. Plusieurs personnes du public semblaient heureuses d’entendre cette pièce aux allures de berceuse mélancolique pour la toute première fois.
Puis, Andy Hull en a profité pour chanter «Cope», la dernière de leur album Hope, sorti en 2014, qui se joue également avec une pièce qui met de l’avant un tempo lento également.
Un spectacle ponctué de sauts dans le temps
Leur prestation s’est poursuivie avec «Virgin», la seule chanson qui provient du disque Simple Math, paru en 2011, qui a connu un moins grand succès médiatique, mais qui comporte pourtant son lot de pépites d’or. L’album étant plus lent que les précédents, on pardonne facilement au groupe d’avoir omis d’insérer «Simple Math», la pièce homonyme, à leur setlist.
Quand on a trop de bonnes chansons à son répertoire, il faut faire des choix, c’est ainsi!
Reprenant ensuite la même formule qu’au début de leur performance, Andy Hull, Robert McDowell, Tim Very et Andy Prince ont fait un saut dans le temps et ont brillé lors de l’enchaînement des pièces «The Maze», «The Gold», «The Alien» et «The Sunshine», qui figurent toutes sur A Black Mile to the surface.
Les sonorités folk, qui flirtent avec le style des ballades, ont ouvert la voie à l’interprétation de «Dinosaur» et «The Internet», plus lentes elles aussi.
Ce long decrescendo s’est conclu sur la performance acoustique de la magnifique «The River» (hop, un autre saut dans le répertoire de 2009!), qui a été suivie de la récente «Telepath», chantée en duo avec Robert McDowell, au piano.
Ce va-et-vient entre leurs différentes ères musicales a somme toute été bien réfléchi, et l’adaptation acoustique de «The River» a permis d’enchaîner le tout avec brio, même si cela lui a fait perdre de son intensité originale.
Un faux départ, une finale grandiose
Et pour clore ce spectacle quasi parfait en beauté, Andy Hull et sa bande sont revenus sur scène et ont entonné les premières notes, quoiqu’un peu fausses, de la vigoureuse «Shake it Out», qu’on retrouve sur Mean Everything To Nothing, avant d’arrêter subitement de jouer.
«We have to start over! Oh My god, we just fucked up a perfect show!», s’est exclamé en riant le leader du groupe.
Ils n’ont toutefois pas tardé à reprendre cet intense morceau, avec les bonnes notes cette fois!, et ce, avec une énergie redoublée qui a ravi les nostalgiques. Et bien sûr, le groupe a réservé «The Silence» pour la grande finale, chanson que la foule a chantée en chœur et à gorge déployée.
Cette longue pièce de près de sept minutes a conclu la soirée en force et les membres ont d’ailleurs brillé dans toute leur splendeur, grâce aux jeux de lumière qui ont permis de graver ce moment dans la mémoire de chacun.e.
Même s’ils auraient probablement gagné à mieux harmoniser la setlist, en tronquant quelques segments pour des chansons issues de leurs plus anciens albums, Manchester Orchestra a somme toute livré un concert tout à fait remarquable.
Les musiciens, maîtres de leurs instruments, et en particulier Andy Hull, avec sa voix puissante, ont réussi à combler ce léger déséquilibre pour nous faire passer une soirée dont on se rappellera longtemps.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Inaudible
2. Angel Of Death
3. Keel Timing
4. Bed Head
5. I Can Barely Breathe
6. I Can Feel a Hot One
7. Cope
8. Virgin
9. The Maze
10. The Gold
11. The Alien
12. I Know How To Speak
13. The Sunshine
14. Dinosaur
15. The Internet
16. The River
17. Telepath
Rappel
18. Shake It Out
19. The Silence