«L’épopée musicale de…» Guns N’ Roses, bienvenue dans la jungle – Bible urbaine

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«L’épopée musicale de…» Guns N’ Roses, bienvenue dans la jungle

«L’épopée musicale de…» Guns N’ Roses, bienvenue dans la jungle

Les mauvais garnements de Sunset Strip, de l’imparfait au plus-que-parfait (ou presque)

Publié le 8 février 2022 par Jean-Benoit Perras Nolet

Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Guns N' Roses

Formé en 1985 par Axl Rose, Slash, Duff McKagan, Izzy Stradlin’ et Steven Adler, Guns N’ Roses est devenu l'un des plus grands groupes de rock durant quelques années, et ce, avant que les tendances musicales et les guerres intestines ne viennent mettre un frein à leur triomphe. Un à un, les membres ont quitté le navire, laissant Axl seul à bord. Après une rotation des musiciens à son bord, il a fini par faire paraître Chinese Democracy en 2008, une promesse qui a pris plus d’une décennie avant d'enfin se concrétiser. Finalement, en 2016, alors que plus personne n’y croyait, Slash et Duff ont rejoint à nouveau Axl Rose pour une tournée hautement lucrative qui se poursuit encore à ce jour. Alors que le toujours controversé William Bruce Rose souffle ses soixante bougies ce mois-ci, jetons un coup d'œil à la discographie de sa formation.

6. «The Spaghetti Incident?» (1993)

Enregistré en grande partie pendant les sessions de la production de leur album Use Your Illusion I & II (1991), The Spaghetti Incident? est une collection de covers, plus particulièrement de chansons d’artistes punks des années 70 tels que The Damned, The Stooges, The New York Dolls et The Dead Boys.

Slash a décrit cet opus comme un effort spontané et non planifié. C’est sans doute la plus belle qualité de cet album, puisqu’on retourne à un son plus cru rappelant les balbutiements du groupe.

Or, les reprises restent fidèles au matériel original, et les musiciens ne semblent pas vouloir prendre trop de risques. «Ain’t It Fun» et «Human Being» sont possiblement les pièces les plus intéressantes du lot, même si le reste de l’album s’écoute plutôt bien. 

On peut aussi y voir apparaître les premières fissures de la formation, alors qu’Izzy Stradlin est remplacé par Gilby Clarke après avoir quitté la formation durant la tournée Use Your Illusion. Ses contributions sur The Spaghetti Incident? ont même été effacées et remplacées par la guitare de Clarke!

5. «G N’ R Lies» (1988)

G N’ R Lies n’est pas un disque à proprement parler, mais plutôt une compilation de deux EP.

Les quatre premières pièces sont sorties en 1986 sous le titre Live ?!*@ Like a Suicide. Malgré son nom, cet EP a été enregistré en studio et on y a ensuite ajouté un bruit de foule. On y retrouve deux reprises et deux chansons originales, dont «Move to the City», qui a longtemps fait partie de leurs setlists lors de leurs concerts.

En général, l’écoute est fort agréable, même si on a plus l’impression d’entendre un bon band dans un bar. C’est comme s’il manquait ce sentiment d’urgence et toute la créativité des titres qu’on retrouvera sur Appetite for Destruction un an plus tard. Et bien honnêtement, on se serait bien passé de ces faux bruits de foule!

Autrement, les pièces acoustiques révèlent une autre facette de Guns N’ Roses, plus tendre celle-là, mais le hic vient surtout des paroles d’Axl Rose. En effet, «Used To Love Her» a été perçue comme une chanson dont les paroles sont misogynes par certains, alors que son ton est clairement humoristique.

«One in a Million», cependant, est beaucoup plus directe à travers ses propos racistes et homophobes. Le groupe, particulièrement Axl, s’est excusé, et suite à cela, ils ne l’ont jamais jouée en concert depuis la sortie du disque.

En revanche, Axl Rose y propose sans doute sa plus belle chanson d’amour avec «Patience», une pièce classique qui remporte à elle seule la palme.

4. «Chinese Democracy» (2008)

Chinese Democracy possède toutes les caractéristiques d’une œuvre solo d’Axl Rose… sauf le nom.

Exit Slash, Duff et Izzy, qui ont ici été remplacés par une bande de musiciens fort talentueux, il faut l’admettre, mais totalement dénués de personnalités fortes comme celles des anciens membres, qui constituaient quand même toute l’énergie qu’on connaissait du groupe.

En tout, sept guitaristes ont contribué à cet opus, dont Axl Rose lui-même. On y retrouve aussi le virtuose Buckethead ainsi que Robin Finck, mieux connu pour son travail aux côtés de Nine Inch Nails. Certes, ce ne sont pas de mauvais bougres pour autant, mais on voit bien que c’est toujours difficile d’assurer une certaine cohésion lorsqu’autant d’acteurs sont impliqués dans un même projet.

Et ce n’est pas la catastrophe que certains anticipaient, loin de là. C’est un solide opus rock avec son lot d’excellentes chansons, notamment «Street of Dreams», «Catcher in the Rye» et «Madagascar». Mais après dix-sept années d’attente, les fans et les critiques n’espéraient rien de moins… qu’un chef-d’œuvre.  

Quelques-unes des pièces de Chinese Democracy ont été jouées avec Slash et Duff depuis leur retour aux côtés d’Axl Rose, ce qui a permis de leur injecter une énergie toute nouvelle, qui se rapproche davantage des efforts précédents du groupe.

Il y a fort à parier que le résultat aurait été d’emblée meilleur si ces deux-là avaient été présents lors de l’enregistrement!

3. «Use Your Illusion I» (1991)

Alors que l’album Appetite for Destruction proposait à la fois un son direct et cru, les deux parties de Use Your Illusion, sorties le même jour, sont d’un tout autre registre. En effet, c’est à une production beaucoup plus léchée à laquelle on a affaire ici, et le sentiment d’urgence qui planait au-dessus de leur premier opus n’est plus du tout présent.

Cela ne veut pas dire pour autant que ce sont de mauvais disques, car ils contiennent tout de même certains des plus grands succès du groupe, tirés particulièrement de ce premier volume avec «November Rain» et «Don’t Cry», qui sont deux des meilleures power ballads jamais écrites.

Et leur reprise de «Live & Let Die» de Paul McCartney demeure un incontournable des ondes radiophoniques à saveur rock à travers le monde. L’épique «Coma», un voyage de plus de 10 minutes dans la tête d’Axl Rose est pour sa part fascinante.

Mais avec seize titres au compteur (sans parler des quatorze autres qui figurent sur le second volume), certaines pièces tombent à plat. «Back Off Bitch» et «Bad Obsession», entre autres, sont des chansons dont on aurait pu se passer.

Use Your Illusion est donc un album qui contient ses hauts et ses bas, et après l’écoute, on retient plus de bon que de mauvais. Et les hauts sont particulièrement… hauts!

2. «Use Your Illusion II» (1991)

Use Your Illusion I peut se targuer de contenir les plus grands succès radiophoniques de Guns N’ Roses, mais les meilleurs morceaux, en tout cas à mon sens, se trouvent sur le deuxième volume. «Estranged» et «Civil War» sont deux de leurs plus grands chef-d’œuvre, moins connus, ceux-là, mais plus majestueux encore que «November Rain».

On y retrouve aussi une reprise de «Knockin’ on Heaven’s Door» de Bob Dylan, que toute une génération connaît davantage que l’originale, avec l’ajout de ses «eh-eh yeah-yeah-yeah» dans le refrain. «You Could be Mine», lourde et puissante, est la chanson thème du film Terminator 2: Judgment Day, alors que le single «Yesterdays» est une ballade blues nostalgique.

La présence de «My World»,qui contente la vanité d’Axl Rose, et la seconde version de «Don’t Cry», n’étaient sans doute pas nécessaire ici, mais si on enlève ces deux faux pas, c’est en somme une œuvre beaucoup plus consistante que Use Your Illusion I

Il arrive souvent, en musique, que l’on critique des albums doubles en affirmant qu’ils auraient fait un meilleur disque simple. Dans le cas de Use Your Illusion I et II, ce sont là deux opus simples qui, en les épurant, auraient fait un excellent album double d’une vingtaine de morceaux.

1. «Appetite For Destruction» (1987)

«You’re in the jungle baby, you’re gonna die…»

Ces paroles, tirées du classique «Welcome to the Jungle», traduisent bien l’esprit de ce premier effort.

Après plusieurs années où leur son a été dominé par le mouvement new wave et le hair metal, Guns N’ Roses ramenait la notion de danger dans l’équation du rock n’ roll. Appetite For Destruction a, de fait, eu l’effet d’une bombe et il s’est hissé bien vite au sommet des palmarès.

C’est à ce jour le meilleur vendeur de l’histoire de la musique, pour un premier album d’une formation musicale, et c’est aussi l’un de leurs meilleurs.

Si les thèmes évoqués ici ressemblent de près à ceux évoqués dans l’univers des bands de rock, c’est l’angle particulier avec lequel Axl Rose les aborde qui fait toute la différence. Ce dernier ne glorifie pas le style de vie qui rime avec sexe, drogue et rock n’ roll, mais il en parle afin d’aborder ses propres peurs et sa colère, démontrant ainsi une sensibilité et une vulnérabilité plutôt rare dans le milieu.

Musicalement parlant, Guns N’ Roses offre beaucoup plus de variations que ses collègues de l’époque. On y entend des influences blues, punk et métal, dans leur son, et on ne peut nier qu’ils ont un certain talent pour la pop, comme la majorité des chansons sont fort accrocheuses.

Il suffit de penser à «Paradise City», «Sweet Child O’ Mine» et de la susmentionnée «Welcome to the Jungle», et également d’autres morceaux comme «It’s So Easy», «Mr. Brownstone» ou encore l’excellente «Rocket Queen», qui ne donnent pas leur place non plus.

Le 25 février 2022 paraîtra le EP Hard Skool, qui rassemblera les nouveaux enregistrements de Guns N’ Roses depuis 2008 en compagnie de Slash et Duff McKagan, absents depuis 1991. Est-ce qu’un album complet est en préparation? À suivre… Pour découvrir d’autres épopées musicales d’artistes de renom, c’est par ici.

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