ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Valérie Remise
L’immensité de l’espace a de tout temps frappé l’imaginaire des terriens, mais il est plutôt rare que ces thématiques, habituellement florissantes en littérature et au cinéma, soient privilégiées au théâtre. Marie-Claude Verdier, pour qui la science-fiction est «un conte au futur pour parler du présent», a accouché d’un texte où la technologie omniprésente n’éclipse absolument pas l’humanité des personnages.
Il y a un peu des théories de Ray Kurzweil dans ce futur où chaque humain produit des «fichiers mémoriels», fichiers qui sont uploadés vers des serveurs régis par le gouvernement. Lomond (David Boutin) est un seeker, un humain augmenté (muni d’un ou de plusieurs implants) capable de naviguer dans ces fichiers et d’en détecter les moindres nuances. Un genre de détective du futur, dont le travail est principalement cérébral.
Maussade, caractériel et fatigué, il subit des tests qui assureront les militaires qu’il est le bon candidat pour les aider à résoudre une énigme hors de l’ordinaire. Mais quand son ex-femme (Madeleine Péloquin) se révèle être derrière ce projet spécial, qui tourne autour d’un minéral inconnu ramené de Mars, lequel semble posséder une conscience, les choses se mettent alors à déraper.
Le charme discret de la mise en scène
Tout se joue ici dans la sobriété, alors qu’un équilibre qui tient de la sorcellerie s’opère entre les éclairages de Martin Labrecque, la scénographie de la respectée Odile Gamache et la musique d’Andréa Marsolais-Roy, le tout orchestré par une mise en scène minimaliste mais fort efficace de Justin Laramée. Le dépouillement de la scène et la ferveur des descriptions de Boutin déclenchent des visions évocatrices d’une planète colonisée chez les spectateurs et, sans aller jusqu’à les plonger dans une transe, font s’installer dans la salle une ambiance à couper au couteau.
Même sans être fervent d’anticipation et de technologies futuristes, il est facile de saisir les enjeux techniques exposés par le texte. Ce huis clos fluide et rafraîchissant est plutôt court, et on frôlerait probablement le cliché en disant qu’on en aurait pris davantage. Mais force est d’admettre que le rideau descend exactement au bon moment: la boucle est bouclée, quelques interrogations demeurent, et le drame nous habitera encore un peu, comme une ombre à laquelle il est difficile d’échapper.
Seeker est présenté au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 2 octobre.
La pièce «Seeker» en images
Par Valérie Remise
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de la rédaction