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Au-delà de la pandémie, l’amour de la musique, du métier et du public
Depuis sa fondation en 1989, le NEM organise des événements où musiciennes et musiciens de la relève sont formés à l’interprétation de la musique nouvelle. Ces concerts sont aussi l’occasion de mettre en lumière le travail des jeunes compositrices et compositeurs du Québec et d’ailleurs.
Et ces dernières années, Normand Forget a été particulièrement marqué par l’amour présent au sein du NEM: celui de la musique, certes, mais aussi du métier et du public. «J’ai pu le constater encore davantage dans la dernière année», remarque-t-il. «Cet amour nous a gardé en vie et nous a permis de passer à travers la pandémie. Travailler ensemble aussi longtemps, autant avec les musiciens que les compositeurs, requiert une sorte d’amour profond. Et d’ailleurs, en général, nos interprètes restent longtemps. Ce n’est pas une amourette!», note-t-il avec une pointe de fierté.
Aussi, dans un contexte où tout change beaucoup et rapidement, le NEM s’est adapté avec une façon de penser la programmation en constante évolution. «Pour que les spectateurs puissent se sentir interpellés et avoir accès à celle-ci, il faut faire appel à leur intelligence. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de les questionner, tout en restant dans un environnement où ils se sentent en sécurité», explique notre interlocuteur. «En quelque sorte, il faut créer des montagnes russes pour une grande exaltation. Les émotions sont importantes et, en musique contemporaine, on ne passe pas nécessairement par là pour toucher le public. Alors, il faut sortir de la routine et se mettre en danger pour créer de la stimulation! Ça permet de rendre le tout très vivant.»
Honorer André Prévost et l’Université de Montréal
Dans cet Hommage à André Prévost, le NEM a voulu présenter une programmation adaptée à la réalité des défis de logistique et d’organisation liés à la situation sanitaire.
«On est en pandémie, alors faisons les choses en pandémie, pas comme si tout était normal!» – Normand Forget, directeur artistique du NEM
Pour rejoindre les spectateurs, l’ensemble a misé sur un moment de communion et de prise de recul sur ce qu’on vit présentement: «Ce qu’on offre au public, dans ce concert, c’est vraiment un moment de tendresse et de méditation. Par exemple, le concerto Menuhin: Présence, ultime œuvre d’André Prévost, sera jouée par le violoncelliste de renom Yegor Dyachkov, et c’est une grande réflexion sur la vie et l’amitié qui terminera le concert.»
D’ailleurs, selon le directeur artistique du NEM, cela s’accorde bien avec cette année pandémique hors du commun dans laquelle il a fallu avancer pas à pas, souvent à tâtons. «Cet événement nous donne l’occasion, peut-être, de s’arrêter et de penser à la dernière année qui vient de passer. On ne l’a pas forcément beaucoup fait, on a été nombreux à être dans l’action et à se demander comment on allait s’en sortir, comment on allait faire. Il a fallu courir pour trouver des solutions. On s’est peu assis pour y penser et pleurer un bon coup, alors qu’on avait le temps de le faire. Je veux qu’on ait ce moment où on peut se poser le temps d’un instant. Et c’est rare qu’on puisse offrir ça en musique contemporaine.»
En plus de l’œuvre d’André Prévost, des compositions de Claude Vivier, Joshua Bucchi, Jérôme Combier et Michel Longtin seront au programme. Notons que Michel Longtin a longtemps été professeur à la Faculté de musique de l’Université de Montréal en composition, en plus d’avoir été l’élève d’André Prévost. «J’ai été éberlué – et le mot est faible – quand j’ai reçu cette nouvelle création de Michel Longtin à l’automne dernier, parce que ça fait 15 ans qu’il ne fait plus du tout de musique! Et c’est aussi une belle façon pour nous de rendre hommage à la Faculté de musique, qui fête son 70e anniversaire cette année. On veut souligner la part importante de la Faculté dans l’émergence du NEM, et c’est un concert “tout Faculté de musique de l’UdeM”», conclut Normand Forget.