LittératureDans la peau de
Crédit photo : Dominique Lafond
Josée, tu es journaliste depuis 30 ans au Devoir et tu as déjà publié des essais, des recueils de chroniques, ou encore des guides gourmands. On est curieux: d’où t’est venue la passion pour l’écriture et comment l’as-tu entretenue au fil des ans?
«J’ai appris à écrire en écoutant de la chanson française dès l’adolescence, en apprenant cette poésie par cœur et en lisant beaucoup. Cela m’a rendue sensible à l’euphonie des textes. L’écriture a évolué, s’est enrichie et dépouillée tout à la fois, et s’accompagne d’une bonne dose de solitude. Pour écrire, il faut créer le contexte, entretenir une discipline et vivre comme une moniale (presque…)»
Tu sembles être allumée par des sujets aussi variés que la société, la philosophie, l’amour, la santé, l’éducation, l’écologie et même les «excentriques inspirants». Qu’est-ce qui fait de toi une femme aussi sensible à son environnement et toujours prête à découvrir de nouvelles choses?
«Je traite d’environnement depuis plus de 20 ans dans mes chroniques. Je parlais des simplicitaires (adeptes de la simplicité volontaire, rebaptisés frugalistes) avant que ce mouvement ne devienne tendance. J’ai toujours éprouvé une curiosité envers les originaux et marginaux. Excentrique veut dire en dehors du centre. J’en ai fait mon fonds de commerce.»
«Il me semble nécessaire de multiplier les voix et d’offrir à de parfaits inconnus la possibilité de partager leur regard et leur sensibilité. Comme disait Gilles Vigneault, il n’y a que les fous et les poètes qui font avancer le monde. Bien sûr, il y a beau fou et fou à lier. Je ne donnerai pas de noms…»
Ton livre Mon (jeune) amant français, paru le 23 septembre dernier aux Éditions Druide, est ta première œuvre de fiction. Qu’est-ce qui t’a donné envie de sortir des sentiers battus et d’explorer un genre littéraire différent de tous ceux avec lesquels tu t’étais familiarisée auparavant?
Dans ce roman, le monde de Jeanne s’écroule lorsque son mari médecin, avec qui elle a été en relation durant quinze ans, la laisse subitement pour une jeune résidente. Jeanne va apprendre à renouer avec le désir, le lâcher-prise et la «petite étincelle» qu’elle connaîtra dans ses cours de swing, où elle rencontrera un jeune expatrié français de 30 ans… avec qui le courant passe. Qu’est-ce qui t’a inspiré cette histoire, et en quoi, selon toi, celle-ci est une représentation sociale des relations modernes?
Allez, sortons du cadre et faisons comme si tout était possible, y compris se téléporter ou utiliser une machine à remonter le temps! Dans ce cas, quel.le auteur.trice romantique aimerais-tu inviter pour un souper animé, et de quoi parleriez-vous ensemble, tout au long de la soirée?
«Colette, assurément. Je suis une «fille de Colette» qui a eu, elle aussi, un mari plus jeune qu’elle. Elle fut une grande influence pour moi. Elle fut à la fois romancière et chroniqueuse, amoureuse, mère, gourmande, amante de la nature, comédienne, débroussailleuse, originale et crâne.»
«J’inviterais Colette à ma table pour un repas exquis et nous discuterions véganisme (elle était folle des animaux et des chats, comme moi), de l’amour, du patriarcat, du mouvement #metoo, de la nature dont ses livres sont empreints, de l’amour des mots, du goût de la pêche aoûtée, de l’érotisme, du croisement entre réel et fiction, de l’avenir du journalisme, de féminisme, de notre planète si malmenée, du féminin sacré et de la nécessité de prendre notre place dans cet avenir plombé. Et j’en profiterais pour lui demander des conseils d’écriture, car plus j’écris et moins je sais.»
Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.