MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Warner Music Group
Il y a 10 ans, Lhasa nous léguait son chant du cygne: son troisième et ultime album, sobrement intitulé Lhasa. Une pépite cachée, conçue par une belle âme musicale qu’il fait bon de retrouver (surtout par ce temps glacial.)
Et le plus beau dans tout cela, c’est que son œuvre, de même que sa voix inimitable, perdurera à jamais.
Un album céleste et sans filet
Après avoir chanté en anglais, en français, en espagnol et avoir tourné un peu partout sur le globe, la chanteuse aux influences musicales métissées a entamé, en 2008, une transformation musicale pour le moins incontournable. À l’époque, elle était malade, et elle avait subi de nombreuses extinctions de voix. Un retour à un son plus naturel semblait inévitable.
Résultat: un album 100% en anglais (sa langue maternelle), qui porte son nom et qui la présente sous son jour le plus clair. Exit les sonorités latines et la musique du monde, Lhasa renouait avec ses racines américaines.
La voix de Lhasa s’est également transformée tout au long de son processus créatif: elle nous dévoilait sur ce dernier album un registre beaucoup moins grave, rauque et «transperçant» que sur ses opus précédents, La Llora et The Living Road. Un changement de cap un peu déroutant mais ô combien intéressant!
Et ça nous happe en plein visage dès les premières notes de harpe et de pedal steel de la pièce «Is Anything Wrong» en ouverture: un son dépouillé et acoustique aux racines blues, folk et country, qui témoigne bien de son riche héritage culturel.
Une quête identitaire
Se recentrer sur soi et cesser de vouloir plaire aux autres: voilà le chemin de croix que semble avoir traversé l’artiste entre les six années qui séparent cet album du précédent, The Living Road.
La redite, Lhasa de Sela ne connaît pas! Avant de quitter ce monde, elle souhaitait nous présenter une nouvelle parcelle d’elle-même. Tantôt seule au piano, sur «I’m Going In», tantôt très sombre, accompagnée d’une guitare blues, sur «1001 Nights», l’artiste nous offrait certains de ses morceaux les plus authentiques.
«I got caught in a storm / And carried away / I got turned, turned away», chante Lhasa sur la sublime «Rising». Était-ce une manière pour elle de nous décrire la quête identitaire qu’elle semblait traverser à ce moment-là?
Chose certaine, cette évolution marquée, aux antipodes de La Llora, son album le plus vendu à ce jour, nous démontrait une artiste courageuse et affirmée, en pleine ébullition créative. Et sa mort, dans la fleur de l’âge, n’effacera jamais ce voyage créatif exceptionnel.
À cheval entre l’ombre et la lumière, les douze pièces de ce Lhasa nous hantent encore 10 ans plus tard. Mille mercis, Lhasa.