SortiesDanse
Crédit photo : Sandra Lynn Bélanger
Hommage à une bête de scène
Au départ, la lumière ne révèle que la silhouette de l’interprète s’ondulant doucement, minutieusement, orientant rapidement l’attention du spectateur sur la précision du geste. Lorsque la scène s’illumine davantage, on remarque un haut blanc, des chaussettes scintillantes et des pantalons noirs bordés d’un brillant ruban faisant un clin d’œil à l’esthétique vestimentaire du chanteur.
Mougeolle débute son solo avec une longue section dansée rappelant le bouger de son idole d’enfance. De façon personnalisée, elle met en scène les mouvements du mythique chanteur, allant des coups de bassin au fameux moonwalk. Les variations rythmiques et dynamiques de la soliste déjouent le regard et les capacités techniques de cette dernière nous emportent dans cette intime exploration.
Les costumes et la conception sonore, conçus par Mathieu et Camille Mougeolle, frère et sœur de Marie Mougeolle, contribuent à la cohérence de l’œuvre et à sa finesse esthétique. Toutefois, après la première section dansée de l’interprète-créatrice, on voyage vers un tableau plus théâtral: de légers cris, de lourdes respirations et un visage plus expressif entament cette nouvelle partie.
L’interprète ouvre les rideaux en bordure de scène; le concepteur sonore se joint alors à elle sur scène quelques minutes, et il s’ensuit un déplacement cyclique de la danseuse sur scène; cet enchaînement chargé scinde le rythme installé jusqu’alors. On sent aussi la présence d’éléments symboliques dans certains gestes, mais les déchiffrer n’est pas forcément à la portée de tous, ce qui finit par susciter quelques questions en fin de spectacle.
Déconstruire Noël
Puis, un univers intriguant attend le public dans Dousse nuit, holey night. Sur scène, on peut voir un homme mi-sapin, mi-humain, une tablée de Noël comportant une immense dinde, ainsi que l’installation du concepteur sonore où se juchent des casse-noisettes et des lumières de Noël.
Chacun leur tour, les interprètes prennent la scène et vivent leur moment de folie dans un bouger théâtral et inusité. On se retrouve dans une œuvre plus expressive et comique que dansée. Certes, Dousse nuit, holey night comprend du mouvement, mais la danse n’est pas centrale dans cette proposition; les objets et les costumes prennent davantage d’importance quand vient de temps de transformer le corps des interprètes.
L’œuvre dénature les objets et fait rire avec sa touche d’absurdité. On se moque de la nuit de Noël en s’attaquant à certains de ses emblèmes, mais on reste toutefois dans un registre de blagues qui aurait pu aller plus loin. Lorsque l’effet de surprise de certains gags arrive à sa fin, il est dommage de constater que le développement de ceux-ci se fait court. Lorsque la lumière s’éteint, une impression de faim persiste, comme si la table venait d’être mise et qu’on nous enlevait le repas.
En conclusion
Dans l’ensemble, le programme double proposé par Tangente offre des œuvres complémentaires. Quand je serai grande, je serai (guitariste de) Michael Jackson est une création sensible et minimaliste, où le corps dansant est intimement lié au propos. D’un autre côté, Dousse nuit, holey night est une proposition éclatée dans laquelle on retrouve un corps métamorphosé, même parodié, où l’humour est mis de l’avant.
Ainsi, deux univers se côtoient et peuvent charmer le public à leur manière.
Marie Mougeolle + Audrée Lewka et les Lewski en images
Par Sandra Lynn Bélanger, Frédéric Chais et Denis Martin
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de la rédaction