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Crédit photo : Mathieu Pothier
C’était mon troisième concert de BANKS hier soir, donc vous vous doutez bien que j’avais déjà en tête une idée assez précise des énergies et ambiances qu’elle nous partagerait ce soir-là. Et les trucs et astuces du métier m’ont même permis de mettre la main sur la setlist complète avant le spectacle pour achever d’assouvir ma curiosité.
Et malgré ce sentiment de familiarité et de déjà-vu, l’auteure-compositrice de Los Angeles m’a permis, de même qu’à ses fans, de vivre une sacrée belle soirée en sa compagnie.
À la différence des deux précédentes tournées, respectivement pour ses albums Goddess et The Altar, l’artiste et son équipe ont opté pour la tournée III pour des jeux de lumière dynamiques qui comblent une scénographie minimaliste au possible. En fait, il n’y avait rien de visuellement attrayant pour nos pupilles, sauf évidemment une série de chorégraphies parfaitement exécutées, et au mouvement près, par BANKS et ses deux danseuses, qui avaient des allures de démons, de damnés, d’entités malveillantes, bref.
Après nous avoir présenté «Underdog», un titre que l’on connaît moins, puisqu’il est sorti indépendamment comme single à l’automne 2017, BANKS nous a rapidement fait comprendre, après l’exquise «Stroke», chanson phare de III, qu’elle allait nous faire nager en eaux troubles, d’un album à l’autre, enchaînant ses succès pour créer une suite cohérente et faire durer le plaisir.
Avec «Drowning» et «Waiting Game», pièces de 2014, le ton était donné, les dés étaient jetés, et la soirée était lancée.
Le rythme de croisière a seulement tangué à deux-trois reprises, et surtout lors de ses ballades plus introspectives, comme «Sawzall» et «Hawaiian Mazes», où elle parle d’amour aveugle et de déception amoureuse, thèmes récurrents dans son œuvre. Il faut dire que BANKS ne nous avait pas tellement habitués à des pièces plus R&B minimalistes dans l’âme, avec un chant susurré à la façon de Sabrina Claudio. Et hier, le rendu était moins renversant, surtout lors de ses montées émotives qui sonnaient trop fortes à nos oreilles.
Sauf qu’elle a sauvé la mise avec la tranquille mais rythmée «Alaska», qui ne m’avait pas vraiment interpellé sur l’album, mais je dois admettre que la version live nous la dévoilait dans une version plus magnétique.
Jillian Rose Banks nous avait préparé tout un programme pour nous emmener vers la grande finale: «Poltergeist», «Fuck With Myself», «Better» – un autre single de feu sorti indépendamment de ses albums, celui-là en 2015 – et bien sûr «Gemini Feed», «Godless», «The Fall» et «Gimme», son récent titre à succès.
Elle nous avait finalement réservé sa collaboration avec le chanteur synth-pop Francis and the Light pour le rappel, «Look What You’re doing to Me», qu’elle a certes bien interprétée, mais la voix enregistrée de Francis Starlite m’a rappelé que BANKS était adepte de la superposition de voix en concert. Et qu’elle ne chantait pas toutes ses chansons intégralement.
Qu’à cela ne tienne, elle se donne énormément pour nous offrir une série de chorégraphies tout au long de sa prestation, et c’est déjà bien qu’elle ait réussi à casser sa timidité d’antan, car je me souviens encore de sa première date au Théâtre Corona, où elle osait à peine bouger et parler à son public…
Lemin. et Kevin Garrett: un mot sur les invités spéciaux
Ceux qui, comme moi, sont arrivés au MTELUS tôt pour profiter du programme de soirée ont pu faire connaissance avec Lemin., une jeune auteure-compositrice torontoise qui a fait son apparition sur la scène en 2015.
Cette grande fan de Daft Punk et de Frank Ocean s’est trouvée une zone de confort à mi-chemin entre l’alt-pop et l’électro minimaliste. Son single «My Body» est génial, son univers est, en soi, intéressant comme playlist de fin de soirée, mais elle m’a royalement déçu avec sa finale «I smoke weed everyday and I play video games», qu’elle a répétée un nombre incalculable de fois et que j’ai trouvé plutôt bas de gamme.
Kevin Garrett, quant à lui, peut se vanter d’avoir livré une prestation d’une grande justesse aux côtés de ses deux musiciens tout aussi posés que lui et de nature calme.
Sa R&B minimaliste nous a permis de découvrir une voix douce et douillette qui se marie parfaitement à des arrangements planants et lisses. C’est peut-être d’ailleurs ce dernier adjectif qui pourrait éventuellement porter ombrage, car tout est très léché et je n’ai pas remarqué de titre plus fort qu’un autre. Coup de cœur pour «A Heart Like Yours» avec laquelle il a ouvert le bal, et «Little Bit of You» et «It don’t Bother Me At All».
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Till Now
2. Underdog
3. Stroke
4. Drowning
5. Waiting Game
6. Contaminated
7. Hawaiian Mazes
8. Alaska
9. Propangada
10. Poltergeist
11. Fuck With Myself
12. Sawzall
13. Better
14. Gemini Feed
15. Godless
16. The Fall
17. Gimme
Rappel
18. Look What You're Doing to Me (avec Francis and the Light)
19. Begin for Thread