«Super Collider» de Megadeth

Alors qu’on souhaitait un album trash métal digne de l’un des pionniers de ce genre musical, la formation a servi Super Collider, un festival de paroles fades et de riffs génériques qui flirtent avec le hard rock et le nu-métal. On est très loin de Rust In Peace (1990) et de Peace Sells… But Who’s Buying? (1986), alors qu’on se rapproche malheureusement de Risk (1999) et de The World Needs a Hero (2001), deux albums qui figurent parmi les moins bien reçus de la part des fans de la formation.

La chanson éponyme est désagréable à écouter: on sent un Mustaine à la voix épuisée, trente années à gueuler, ajoutées à ses usages excessifs de drogues et d’alcool, ne l’ont certainement pas aidé à préserver l’instrument vocal. Dans cette pièce, comparativement au reste de l’album, même les solos de Mustaine et de Broderick ne sont pas exceptionnels et ne rendent aucunement hommage aux talents de ces deux excellents guitaristes. De plus, les paroles du refrain sont tout sauf accrocheuses: «On the high road (on the high road) / I will take you higher (I will take you higher) / ’Til the world explodes (’til the world explodes) / Just like a super collider (super collider yeah)». Bref, le morceau est sans aucun doute le pire du disque proposé.

Sur ce quatorzième opus de Megadeth, paru sur Tradecraft, la nouvelle étiquette de Mustaine, on peut entendre David Draiman (Device, Disturbed) chanter «Dance In The Rain», en plus d’avoir participé à son écriture. Il a également prêté sa plume sur «Forget To Remember», pièce particulièrement touchante par ses paroles qui réfèrent à la sixième cause de mortalité aux États-Unis, la maladie d’Alzheimer: «If this is living, what the hell is living for? / You’ve boarded up your eyes, your mind has locked the door / I’m just a stranger now with an unfamiliar face / You can’t recall me at all».

Quant à elle, «Don’t Turn Your Back» débute de façon très intéressante par la présence de sonorités blues, pour ensuite se transformer en une intro métal tout aussi satisfaisante. La suite se gâche légèrement lorsqu’on aboutit à un refrain aux airs nu-metal, qui est décevant de la part de ce groupe légendaire: «And still we try to pretend / That you will be here in the end / The best advice that I can lend / Don’t ever turn your back on a friend». Heureusement, ce bémol est succédé par un solo de Broderick qui aide à faire apprécier la pièce. Celle-ci, ajoutée à «Kingmaker», figure parmi les seuls titres où on note quelques infimes sonorités trash métal, mais où les amateurs de ce genre musical ne seront toutefois pas rassasiés.

L’album se termine cependant sur une note plus positive avec la pièce «Cold Sweat», qui rappelle certains moments de l’album Rust In Peace paru en 1990. Par contre, il ne s’agit pas d’une pièce du groupe, mais bien d’une reprise du morceau de 1983 de la formation Thin Izzy.

Bref, les excellents solos accompagnés des harmonies des guitaristes, le talent d’Ellefson à la basse et la solidité du drum de Drover, ajoutés à quelques moments intéressants, ne suffisent pas à faire de cette quatorzième production un disque mémorable. Super Collider est l’un des opus qu’une bonne partie des fans préférerait ne jamais avoir entendu et qui ne fait définitivement pas honneur à la discographie d’un groupe pionnier du trash métal. Il s’agit d’un album qui décevra probablement plusieurs fidèles amateurs de Megadeth, mais qui, en revanche, pourrait plaire à certains fans de hard rock.

Pour les intéressés et les curieux, vous pourrez les voir en spectacle le 10 août prochain dans le cadre du festival Heavy MTL 2013 ainsi que le 11 août à Toronto. Ils préparent également une tournée américaine en plus de visiter l’ouest canadien. Visitez le site internet de la formation en cliquant ici afin d’obtenir plus de renseignements quant aux dates proposées et aux villes visitées.