«m b v», le nouvel album de My Bloody Valentine – Bible urbaine

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«m b v», le nouvel album de My Bloody Valentine

«m b v», le nouvel album de My Bloody Valentine

Combler les attentes

Publié le 14 février 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.mybloodyvalentine.org

Il aura fallu attendre vingt-deux ans pour que Kevin Shields et son groupe, My Bloody Valentine, offrent une suite à l’exceptionnel Loveless, paru en 1991. Il est assez absurde de constater qu’à la sortie de leur dernier album, le grunge commençait à peine à prendre son envol dans le monde musical. Plusieurs générations plus tard, My Bloody Valentine revient avec son troisième disque, simplement intitulé m b v.

Tout d’abord, revenons un peu à Loveless. Considéré à la fois comme un album révolutionnaire et un chef d’œuvre au niveau sonore, l’album est rapidement devenu un incontournable durant les années 1990: il peut être classé parmi les grands albums de la décennie. Dû à son perfectionnisme légendaire, Shields avait su créer un album unique, avec un son combinant admirablement guitares tourbillonnantes et harmonies célestes. Un mélange parfait entre le beau et le laid, où les instruments se fondent les uns avec les autres. Comment suivre une telle réalisation? C’est ce qui a semblé obséder My Bloody Valentine pendant plus de vingt ans.

Il faut mettre une chose au clair: m b v n’est pas Loveless et n’aura jamais l’impact de ce dernier. Dans le genre, Loveless est un album inégalé. Cela représente d’ailleurs un avantage pour le groupe: il peut reprendre là où il a laissé en 1991, car personne n’a tenté de surpasser leurs exploits. Ainsi, les trois premières pièces du nouveau disque constituent une suite logique et ce n’est probablement pas un hasard si elles sont placées au tout début. «She Found Now» rappelle la fameuse «Sometimes» avec ses guitares calmes mais pesantes et son absence totale de percussions. «Only Tomorrow», une des meilleures chansons du disque, nage dans les mêmes eaux que Loveless et on y retrouve, avec grand plaisir, la voix distincte de Bilinda Butcher. On est donc en terrain connu, mais la transformation s’opère au fur et à mesure que l’album progresse.

m b v est un travail beaucoup plus dense et sombre que son prédécesseur, même si ce dernier était d’une complexité évidente. Ici, on retrouve moins de traces de chansons pop ou d’influences acid house, qui donnait un son un peu plus léger ou même décontracté au groupe. «Is This and Yes», avec ses claviers qui semblent provenir de l’espace ou d’un film de Kubrick, est une lente chanson atmosphérique qui déstabilise un peu l’auditeur et annonce clairement un changement dans le ton. «If I Am» est la chanson la plus conventionnelle et celle où la voix de Butcher semble être le plus à l’avant-plan. Il faut toutefois préciser que le terme «conventionnel» pour My Bloody Valentine ne représente en rien une chanson habituelle, les standards d’étrangeté du groupe étant relativement élevés.

Les trois dernières pièces représentent de loin les moments les plus intenses du disque, comme si une nouvelle direction était annoncée par le groupe. «In Another Way», avec ses rythmes électro inépuisables, fait sans doute référence à la collaboration de Kevin Shields avec le groupe Primal Scream sur la pièce «If They Move Kill’Em» de l’album XTRMNTR (2000). Les ressemblances sont notoires, mais Bilinda Butcher rend le tout beaucoup plus accessible. «Nothing Is» poursuit dans la même lignée, soit avec rythmes acharnés et dynamiques qui ne sont pourtant la marque de commerce de My Bloody Valentine. Finalement, «Wonder 2» conclut la très surprenante deuxième moitié de l’album en accélérant encore la cadence, tellement que l’on croirait entendre du drum n’ bass, mais à la sauce My Bloody Valentine.

En résumé, m b v est la preuve que Kevin Shields nous réserve encore des surprises à travers sa musique qui nous submerge et nous étonne de façon simultanée. Bien que ce dernier album soit le moins bon de leur trilogie (Isn’t Anything, paru en 1988, vaut vraiment le détour), m b v demeure un groupe dont les secrets ne sont pas prêts d’être déchiffrés. Même si Loveless sera toujours le point de référence dans la carrière de Shields, il peut désormais clamer haut et fort que d’autres avenues musicales peuvent être explorées. Et si m b v constitue un nouveau départ, le périple qui suit promet d’être fort intéressant.

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