«Ma folle histoire»: les confessions chocs de Karl Hardy – Bible urbaine

LittératureRomans québécois

«Ma folle histoire»: les confessions chocs de Karl Hardy

«Ma folle histoire»: les confessions chocs de Karl Hardy

Publié le 5 octobre 2011 par Éric Dumais

Bientôt, Karl Hardy n’aura plus besoin de présentation. Son nom a énormément circulé ces derniers temps sur les réseaux sociaux et, que vous le connaissiez ou pas, il vous dit quand même quelque chose. Ancien VJ recherché à MusiquePlus, prochainement animateur à Call TV sur les ondes de V, Karl Hardy accumule les projets comme un Séraphin son or. Son premier roman, Ma folle histoire, sera disponible en magasin à compter du 24 octobre.

« J’ai toujours rêvé d’écrire un livre. L’écriture est un de mes plus grands fantasmes. J’ai toujours eu besoin de mettre sur papier mes idées. Jamais je n’avais pris réellement au sérieux le projet jusqu’à ce que je rencontre des gens qui m’ont convaincu que je devais partager ma folle histoire avec tout le monde. »

Le cri du cœur d’un homme aux abois

Le jeune auteur de 20 ans, natif de Québec, semble avoir levé depuis belle lurette le voile sur son homosexualité, l’intimidation en milieu scolaire et la violence qu’il a subis à l’école, puisqu’il présente enfin au grand public les péripéties qui ont marqué sa vie de jeune homosexuel, de l’enfance jusqu’à la fin de son adolescence. Les confessions énumérées dans son roman Ma folle histoire, qui faisaient naguère l’objet d’un journal intime publié en ligne, ont donc été rassemblées dans un seul et même ouvrage totalisant 255 pages.

Ma folle histoire n’est pas une œuvre fictionnelle à part entière. Karl Hardy a décidé de jouer cartes sur table et de romancer seulement certains passages, afin de conserver l’anonymat des personnes concernées. Son intention, à la base, était fort simpliste : il désirait révéler dans les moindres détails les actes odieux auxquels il a été confronté plus jeune : « J’ai trouvé à travers l’écriture une certaine thérapie de vie. Retourner dans mes souvenirs m’a guéri ». Véritable thérapie de vie sur papier, donc, le récit se lit comme un cœur à découvert. Le jeune auteur, avec la publication de ce livre-choc, a sans aucun doute appris à mieux saisir l’adulte qu’il est devenu aujourd’hui.

«Ma folle histoire» n’est pas une œuvre littéraire

Il est fort important de spécifier, par contre, que Ma folle histoire n’est pas un ouvrage à apprécier pour son style ou sa forme. La plume limpide de Karl Hardy possède plusieurs accents de naïveté et d’immaturité, l’empêchant malheureusement d’être dévoilé, pour l’instant du moins, en tant que jeune prodige de l’écriture. L’auteur manie bien la langue française, mais gagnerait davantage à améliorer son style lors d’une prochaine publication.

En effet, certains passages plus ou moins bien formulés alourdissent le processus de lecture, tout comme les métaphores employées plus ou moins à-propos, qui nous embêtent plus qu’elles nous font rêvasser. Par exemple, à un certain moment de l’histoire, Karl Hardy nous décrit à tort une sensation gustative vécue lors d’un acte sexuel : « Sa peau goûtait le miel, un peu comme le caramel ». Cette fausse interprétation de la réalité ne signifie rien en particulier, ne renvoie à aucune image, aucune émotion, aucune métaphore; ce n’est qu’incompréhension de la part du lecteur.

Si, lorsque vous lirez Ma folle histoire, vous gardez en tête que l’histoire représente le cri du cœur d’un jeune homme aux abois, à savoir un exutoire plutôt qu’une grande œuvre littéraire, vous apprécierez davantage le voyage cruel auquel Karl Hardy souhaite que vous preniez part.

Karl Hardy et Nelly Arcan

Au premier abord, le livre de Karl Hardy peut ressembler, si l’on se penche un peu plus sur l’aspect formel de l’œuvre, à Putain, le récit percutant de Nelly Arcan. Le style littéraire n’accote en aucun cas celui d’Arcan, qui possédait, à l’époque, une plume incisive et fondamentalement cruelle, mais les deux auteurs ont cependant vécu des atrocités qui devaient absolument voir le jour et qui traduisent, par le fait même, le mal-être qui les a habités pendant de longues années. Si la première est devenue une écrivaine de renom et que son écriture l’a sans doute aidé à mieux s’en sortir, mais pas assez pour rester en vie, on comprend avec le roman de Karl Hardy que son destin n’entrera pas dans la tragédie grecque.

Malgré les nombreuses contradictions de son être, son égo démesuré, sa haine profonde pour son père, son amour féroce et presque nocif pour sa Maman (qu’il affuble d’une lettre majuscule), sa solitude pesante et les nombreuses relations amicales qu’il a eues, Karl Hardy est un homme qui a plongé tête première auprès de ses démons intérieurs, les a combattus, a mieux compris leurs intentions et a réussi, malgré les commentaires négatifs qu’il a reçus de la part de son entourage et des médias, à devenir un homme meilleur et plus déterminé que jamais.

Jasmin Roy appuie la démarche de Karl Hardy

Le jeune auteur a même obtenu le support de vedettes québécoises telles que Jasmin Roy, lequel a pris soin d’épauler le jeune homme au moment de la publication de son livre. Si l’intimidation et la violence que Karl Hardy a vécues à l’école peuvent servir d’exemples aux jeunes d’aujourd’hui, il est clair que l’œuvre, malgré ses nombreuses imperfections et son style littéraire plus que pauvre, a parlé d’elle-même et a cheminé dans l’esprit de certains lecteurs.

Le roman Ma folle histoire, pour ceux qui ne peuvent attendre sa sortie prochaine en librairie, est déjà disponible au format électronique sur les sites d’Archambault et d’iTunes. Le jeune auteur de 20 ans travaille déjà sur l’écriture d’une deuxième livre, un recueil de nouvelles, qui sera inspiré des évènements du quotidien.

Appréciation générale: **

Crédit photo: Sébastien Constans

Écrit par: Éric Dumais

Vos commentaires

Revenir au début