«Le grand cahier» au Théâtre Quat'Sous – Bible urbaine

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«Le grand cahier» au Théâtre Quat’Sous

«Le grand cahier» au Théâtre Quat’Sous

Une tragédie du quotidien sur fond de guerre

Publié le 13 janvier 2012 par Éric Dumais

Crédit photo : Marie-Claude Hamel

Le groupe Bec-de-Lièvre, en codiffusion avec le Théâtre Quat’Sous, a présenté à guichet fermé jeudi soir la pièce Le grand cahier, premier volet d’une grande trilogie couronnée de succès, écrite par l’auteure suisse d’origine hongroise Agota Kristof en 1986.

Le grand cahier est la première production de la jeune compagnie prometteuse Bec-de-Lièvre, qui a déjà été présenté à guichet fermé en 2009 dans la salle intime du théâtre Prospero, puis au Théâtre Quat’Sous en 2010. Le succès aidant, la jeune production partira sur les routes de la province, notamment à St-Jean-sur-Richelieu, Sherbrooke, Montréal-Nord, Laval et Jonquière, après avoir donné dix représentations dans la grande métropole, et ce, du 12 au 21 janvier.

L’adaptation, signée Catherine Vidal,  avait déjà chaudement ébloui la critique par le passé, alors que les comédiens Renaud Lacelle-Bourdon et Olivier Morin revêtaient pour la toute première fois les vêtements dépenaillés de Klaus et Lucas, ces deux jeunes jumeaux seuls et abandonnés par leur mère en période de guerre. Et force est d’admettre que la production, jeudi soir, loin de s’être assagie suite au succès passé, s’est à nouveau donnée corps et âme pour faire revivre sur les planches du Théâtre Quat’Sous un drame ayant marqué plus d’une génération de lecteurs.

Un décor épuré mais efficace

La mise en scène, de prime abord, est d’une simplicité déconcertante: à l’arrière, on reconnaît les formes sinueuses d’une façade grise d’une vieille maison de campagne; une étagère en bois, à l’intérieur de laquelle sont rangées des patates blanches; ici et là, des morceaux de bois, des seaux d’eau et une corde, bref, le strict nécessaire pour mener pauvrement une vie campagnarde et sans le sou.

C’est décidément le caractère épuré de la mise en scène et des accessoires qui a donné le ton parfois humoristique et parfois dramatique à la pièce: d’une part, les deux comédiens interprètent tous les personnages de l’histoire; Klaus et Lukas, évidemment, mais aussi la grand-mère pédante, la repoussante Bec-de-Lièvre et sa vieille mère, le curé abuseur, ainsi que la mère et le père, l’une partie l’on ne sait où, l’autre parti combattre au front. Ainsi, chaque changement de personnage incite une nouvelle voix, tantôt grave et repoussante, tantôt aigüe et amplifiée, mais aussi une nouvelle posture, un tic ou un regard, et c’est grâce à cette relative simplicité que Renaud Lacelle-Bourdon et Olivier Morin ont séduit instantanément leur public. Ils ont prouvé, d’emblée, qu’ils étaient encore capables de jongler entre le sérieux et l’humour, qu’ils étaient polyvalents et qu’ils maîtrisaient avec brio les peaux qu’ils habitaient.

En somme, Catherine Vidal a été en mesure, grâce au talent exceptionnel de sa petite distribution, de redonner un souffle de vie à ce récit qui a été admiré et acclamé par le monde entier et qui a donné suite, quelques années plus tard, à deux autres histoires, «La preuve» et «Le troisième mensonge», parus entre 1988 et 1991.  Une histoire exceptionnelle devenue réalité grâce au jeune talent du groupe Bec-de-Lièvre. Chapeau!

«Le grand cahier»
Au Théâtre Quat’Sous jusqu’au 21 janvier
Pour plus d’information, visitez le www.quatsous.com.

 

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