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Deuxième album pour Kevin Parker et sa troupe de rockeurs de l’espace, Lonerism poursuit l’élan psychédélique entamé sur Innerspeaker en 2010. Fermement ancré dans la période expérimentale du Fab Four et l’ère Syd Barrett de Pink Floyd, ce nouveau disque est une lettre d’amour à la pop hallucinogène de la fin des années 1960.
Fidèle à ses habitudes, le groupe nous propose une série de chansons aux grooves élastiques qui dépassent souvent la marque des cinq minutes. L’album invite l’auditeur à lâcher prise et à s’abandonner dans les claviers cosmiques et les mélodies vocales sublimes de Parker. Comme pour Innerspeaker, Dave Fridmann (The Flaming Lips, MGMT), réalisateur fétiche pour tous les groupes psych-pop modernes, signe le mix final et amène une touche de cohésion au nirvana musical de Tame Impala.
«Elephant», premier single tiré de l’album, est résolument plus rock que les morceaux qui l’entourent. Avec ses airs de Kasabian sur l’acide, la pièce débute sur une ligne de guitare robuste avant d’aboutir à un jam de synthétiseurs complètement éclaté. «Feels Like We Only Go Backwards», de loin la meilleure chanson de Lonerism, mise plutôt sur l’aisance mélodique de Kevin Parker. Décrit par certains journalistes excitables comme la réincarnation de John Lennon, le chanteur a une capacité indéniable à livrer des refrains magistraux.
Du haut de ses six minutes, «Apocalypse Dreams» met en lumière le côté rock progressif du quatuor australien. Flanqué de nombreux changements de tempos et de paroles optimistes à souhait («This could be the day that we push through, it could be the day that all our dreams come true»), la chanson fait écho à The Soft Bulletin, chef d’oeuvre des Flaming Lips paru en 1999. C’est une des nombreuses pièces du disque à utiliser la réalisation comme un instrument supplémentaire. On retrouve des techniques semblables sur «Be Above It», où des échantillons de voix viennent bonifier le rythme de la batterie.
L’album se termine de façon mémorable avec «Sun’s Coming Up», une pièce au piano qui démarre tout en légèreté avant de prendre une tournure beaucoup plus mélancolique. Parker nous laisse ensuite sur un enregistrement maison de guitares fantasmatiques trempées dans les effets de delay. C’est une fin sereine et apaisante qui permet à l’auditeur de revenir tranquillement à la réalité après cette longue excursion spatio-temporelle.
Lonerism vient confirmer le statut de Tame Impala comme un des groupes importants du renouveau psychédélique. Espérons que le succès potentiel de «Feels Like We Only Go Backwards» puisse les catapulter aux mêmes rangs que MGMT, leurs collègues de tournée.
Appréciation: ***½
Crédit photo: www.tameimpala.com
Écrit par: Louis-Jean Trudeau