«The Future is Another Country»: un microcosme de la diversité culturelle et linguistique de Montréal – Bible urbaine

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«The Future is Another Country»: un microcosme de la diversité culturelle et linguistique de Montréal

«The Future is Another Country»: un microcosme de la diversité culturelle et linguistique de Montréal

Transcender la scène et les frontières

Publié le 27 septembre 2021 par Claire Groulx-Robert

Crédit photo : Tous droits réservés @ MAI

Le 15 septembre, le MAI (Montréal, arts interculturels) a lancé sa programmation 2021-2022 de belle façon avec le spectacle «backs boxes towels» de la chorégraphe montréalaise d'origine bulgare Maria Kefirova. C'est maintenant au tour de Manolis Antoniou de la compagnie Boulouki Theatre, avec qui j'ai eu la chance de m'entretenir, de vous présenter sa plus récente création, du 29 septembre au 9 octobre.

The Future is Another Country est un spectacle singulier et rassembleur qui s’extirpe du conventionnel pour faire miroiter la diversité et la pluriculturalité de la «polis» (cité, dans sa traduction française), dans une optique inclusive et accessible à tous. 

«Si un tel univers peut être imaginé, alors il peut exister.»

Comme son nom l’indique, la compagnie de Manolis Antoniou rend hommage aux Boulouki, des acteurs nomades qui arpentaient la Grèce en performant dans des cafés locaux (kafeio), écoles et places publiques.

En mémoire de ces artistes, la compagnie, au sein même de ses productions, se donne ainsi comme mission de créer des productions accessibles qui sortent des lieux traditionnels du théâtre.

«J’ai tendance à travailler dans des espaces qui maintiennent une connexion entre extérieurs et écosystèmes urbains grâce à l’architecture, permettant ainsi à celle-ci ainsi qu’au paysage citadin d’avoir un impact sur mon travail d’un point de vue dramaturgique. De la même façon, ces espaces m’ont permis de remettre en cause la relation préétablie entre la scène et les spectateurs.»

Un esprit de communion entre les nationalités

Boulouki Theatre joue beaucoup sur le concept quelque peu méconnu de la philoxénie, qui se traduit, en d’autres mots, par l’amour des étrangers et la pratique de l’hospitalité. En Grèce antique, les étrangers étaient toujours les bienvenus dans les maisonnées. Les hôtes leur offraient un toit, de la nourriture et parfois même des cadeaux. «La notion de philoxénie nous a donné l’idée d’offrir et de partager, de créer un espace commun où le public aurait un accès égal à la “scène” et dans lequel, entre autres, la nourriture serait offerte

C’est en fait le livre Lavapolis de l’auteur et cinéaste suisse Michael Schindhelm qui a allumé l’étincelle dans l’esprit de Manolis pour la création de son plus récent spectacle The Future is Another Country. L’ouvrage aborde le fonctionnement d’une petite société sur une île au sud-est de la Méditerranée où les citoyens, mis à part le fait d’exister, n’ont rien en commun.

«À partir de là, et avec les expériences de Marika, Louis, Sophie-Thérèse et Öykü, qui sont tous des nouveaux arrivants au Canada et à Tiohtiá:ke/Montréal, un dialogue sur la migration, le civisme, l’accessibilité, le langage et le vivre-ensemble est né

Un légume racine au cœur des échanges

La nourriture a toujours joué un rôle clé dans les productions de Boulouki Theatre, et The Future is Another Country amène ici l’aspect de convivialité et de repas à un tout autre niveau, puisqu’un repas est partagé avec les spectateurs.

«Quand le désir de partager la nourriture avec le public est apparu dans notre processus de création, la pomme de terre a dominé notre dramaturgie. Je viens de l’île de Naxos, en Grèce, laquelle est réputée pour ses patates. Nous avons réalisé que nous avions tous un rapport particulier à ce féculent, autant sur le plan personnel que collectif», m’a expliqué le dramaturge et producteur de 39 ans.

La troupe, constituée d’artistes de toutes les origines, avait trouvé un dénominateur commun qui se retrouvait dans chacun de leur bagage culturel. Autant sur le plan culinaire qu’économique, la pomme de terre est un aliment riche en histoire qui transcende les frontières et les cultures.

Il leur semblait donc tout naturel de l’intégrer à cette production où des gens issus de sociétés et de cultures différentes, n’ayant en apparence rien en commun, arrivent à vivre en harmonie. Un peu à l’image d’une Montréal interculturelle!

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Photo: Manolis Antoniou

Une performance multilingue pour une diversité linguistique

Boulouki Theatre veille à déconstruire les divisions culturelles de Montréal en travaillant avec des artistes qui reflètent bien la riche diversité de la métropole. C’est là l’essence même de The Future is Another Country.

«La performance s’est développée en harmonie avec ce que les acteurs ont à offrir. Nous sommes tous des polyglottes, et nous avons tous un accent. Dans notre travail, nous cherchons à habiter une “scène” qui est une réflexion de la polis dans laquelle nous vivons.»

Par ailleurs, la distribution se promet d’être une riche diversité linguistique! «Marika est Finlandaise, alors c’est normal qu’il y ait du finnois dans le spectacle; Louis vient de France, alors il parlera en français; Sophie-Thérèse parlera plusieurs langues; quant à moi, je suis Grec, alors oui, il y aura du grec aussi! Bien sûr, il y aura des moments d’hésitation, d’incompréhension, de confusion, car cela fait aussi partie du langage, et c’est aussi une partie inhérente de la polis de Tiohtiá:ke/Montréal

Créer un microcosme de notre métropole

La troupe montréalaise souhaite amener le monde extérieur à l’intérieur. C’est pourquoi ils se donnent comme défi de jouer dans des espaces parfois dépourvus de scène. Le spectateur devient alors acteur, ce qui va de pair avec leur optique d’accessibilité et d’inclusivité: nous sommes en réalité tous acteurs du monde dans lequel nous vivons.

The Future is Another Country promet donc un reflet réaliste de la diversité culturelle de Montréal qui met en lumière la capacité de l’humain de vivre en harmonie avec des étrangers, malgré les différences culturelles et linguistiques qui coexistent.

Décidément, cette création aura de quoi satisfaire les gens — et les estomacs — de tous les horizons! «Il y aura même de l’alcool!», a blagué Manolis en guise de mot de la fin.

Toutes les représentations affichent déjà complet, mais restez à l’affût au cas où des billets se libéreraient par hasard! Visitez le site internet du MAI pour en savoir plus.

*Cet article a été produit en collaboration avec le MAI – Montréal, arts interculturels.

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