ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Yanick Macdonald
Lors de sa première lecture de Testament, le metteur en scène Éric Jean a tout de suite voulu l’adapter pour le théâtre. L’urgence de vivre et l’authenticité du texte de Gendreau l’ont toute de suite saisi. Avec le feu vert de l’auteure, Jean a monté une pièce touchante, saisissante et intense qui fera vivre mille émotions à ses spectateurs.
Mélangeant musique, projections et jeu, Testament nous transporte dans le monde éclaté de Vickie Gendreau. Sur scène, huit comédiens pour nous prendre par la main et nous amener avec eux là où les fennecs flirtent avec les poupées gonflables et les soirées à boire et à se compter nos vies.
La jeune Jade-Mariuka Robitaille est époustouflante dans le rôle de Vickie. Une interprétation sensible, juste et vraiment intense. Elle pleure, elle rit, elle chante, elle danse, Robitaille porte cette petite pièce d’une heure quinze sur ses frêles épaules et nous arrache le cœur à qui mieux mieux.
On retrouve aussi Marilyn Castonguay (L’affaire Dumont) ainsi que Dominique Pétin, Juliane Desrosiers-Lavoie, Simon Lacroix, Étienne Laforge, Hubert Lemire et Jean-Philippe Perras qui, à eux seuls, se divisent les amis, le frère et la mère de Vickie. Tour à tour ils nous partageront leurs souvenirs, ce qui donne lieu à des monologues et parfois des échanges très bien menés.
La musique a aussi une très grande importance dans la pièce, alors que plusieurs comédiens sont amenés à chanter durant la soirée. Jade-Mariuka Robitaille nous fait frissonner lors de son interprétation tout en douceur de «Rising» de Lhasa, une chanson qui prend tout son sens dans le contexte actuel.
De magnifiques animations, servant le jeu des comédiens, sont aussi ajoutées au fil de la pièce: une fille en tutu qui se laisse tomber au ralenti; une femme recevant une tonne de peinture rose sur la tête ou qui se peint le visage en noir; des ballons qui s’envolent vers le ciel ou les couloirs d’un hôpital…
L’amalgame des trois médias (chansons, jeu et projections) propose au spectateur une pleine aventure au cœur de Testament. L’adaptation théâtrale d’Éric Jean est sans faille et la juxtaposition de certains passages du livre sert très bien la pièce. La plume de l’auteure est forte et poétique et, sur scène, cette grande sensibilité transparaît dans toutes les bouches des comédiens.
L’urgence de vivre et l’intensité des écrits de Gendreau sont là, sans artifices, bruts et sans compromis. Un grand moment.
*Nous vous invitons à venir consulter notre critique du roman «Testament» de Vickie Gendreau juste ici: labibleurbaine.com/testament-de-vickie-gendreau.
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de la rédaction