«Le miel est plus doux que le sang» de Catherine Vidal au Théâtre Denise-Pelletier – Bible urbaine

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«Le miel est plus doux que le sang» de Catherine Vidal au Théâtre Denise-Pelletier

«Le miel est plus doux que le sang» de Catherine Vidal au Théâtre Denise-Pelletier

Gestation et éclosion du génie

Publié le 9 février 2016 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Gunther Gamper

Il est difficile de croire que cette histoire est vraie, et pourtant... Dans une résidence étudiante de Madrid, en 1922, trois grands esprits se rencontraient: Dalí, Buñuel et Garcia Lorca. Probablement les artistes espagnols les plus célébrés du 20e siècle dans leurs disciplines respectives, l’illustre trio allait, pendant les quelques années passées à étudier ensemble, développer une amitié durable et légendaire – et même, dans le cas de Dalí et Garcia Lorca, des sentiments un peu plus prononcés que de l’amitié.

Est-ce que Lolita, la chanteuse de cabaret aux idées sulfureuses qui «les guide sur le chemin de l’imprudence et de l’insoumission» a réellement existé? Ça nous paraît peu probable, mais le personnage, interprété par Isabelle Blais, est un peu le fil conducteur de la pièce. On aurait pu se passer des (heureusement très courts) interludes musicaux, mais l’énergie et la fougue de cette Lolita, féministe avant son temps et révolutionnaire organisant moult manifestations, sont des diversions fort appréciées dans cet univers autrement très masculin – malgré quelques orientations sexuelles plutôt floues – de notre trio de génies.

Les transitions temporelles de Catherine Vidal, qui signe ici une mise en scène très physique, sont fort inventives – l’éclairage et la musique, couplés aux mouvements inattendus des acteurs, nous avisent ici qu’une nuit s’est écoulée, et là que quelques semaines se sont écoulées. Le décor reste d’ailleurs le même tout au long de la pièce, nous présentant l’intérieur d’un opulent cabaret dans lequel trône un énorme éléphant.

Les courtes apparitions de Salvador Dalí, pendant le premier acte, sont aussi surréalistes que beaucoup de ses toiles, et le spectateur doit attendre un certain temps avant qu’il ne prenne part plus activement aux échanges en cours. La pièce, grâce à son apport, gagne un certain dynamisme – Simon Lacroix, qui l’interprète, est grand et élancé, et il a l’air de ressentir un grand malaise social, avant de finalement apprivoiser ses nouveaux amis.

François Bernier campe un Buñuel macho et dragueur, ce qui sied parfaitement au personnage, et le Garcia Lorca maniéré et dandy qu’incarne Renaud Lacelle-Bourdon est tout à fait dans le ton. On effleure cependant un peu trop brièvement le poids culturel énorme qu’allaient plus tard «peser» les trois hommes, et comme la pièce dure presque deux heures, ça nous semble un choix éditorial curieux. Il est aussi étrange que la relation affective entre Dalí et Garcia Lorca ne soit pas plus précisée, alors que l’homosexualité du poète est mise en évidence plusieurs fois…

La production demeure agréable et impressionnante par son ambition, sans toutefois parvenir à tenir toutes ses promesses.

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Par Gunther Gamper

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