Entrevue avec Danielle Fichaud pour «Les laissés pour conte» du 17 au 21 février 2016 – Bible urbaine

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Entrevue avec Danielle Fichaud pour «Les laissés pour conte» du 17 au 21 février 2016

Entrevue avec Danielle Fichaud pour «Les laissés pour conte» du 17 au 21 février 2016

Des montagnes russes d’émotions

Publié le 8 février 2016 par Éric Dumais

Crédit photo : Marili Levac

Durant cinq jours, du 17 au 21 février prochains, le Théâtre La Chapelle accueillera six comédiens pour un évènement théâtral de contes urbains qui célèbrera sa 4e édition cette année. D’après une seconde mise en scène de Patrick Renaud, Les laissés pour conte promet des montagnes russes d’émotions au public présent. Bible urbaine s’est entretenu avec Danielle Fichaud, qui a accumulé jusqu’ici 40 ans de métier, pour croquer à vif quelques détails sur sa démarche artistique et son texte dramatique J’aurais donc dû.

«L’ignorance, je trouve que c’est un fléau. Je trouve que c’est sincèrement le pire sur la Terre. On ne se connaît pas les uns les autres et on se permet de se taper dessus. Et en plus on se permet de juger. C’est aussi pire que le sexisme et le racisme».

Mme Fichaud, rejointe au bout du fil, n’a pas perdu une seule seconde pour manifester son énervement quant à la question de l’ignorance, thématique centrale autour de l’évènement annuel. L’ignorance, pour elle, n’est pas qu’un thème imposé à la manière d’un roman de Victor Hugo au cégep; l’actrice et enseignante de métier l’a rencontrée il y a longtemps déjà, à cette époque où la génération future commençait à saisir les choses de la vie. «Je trouve que, nous autres, les baby-boomers, on a trop voulu jouer aux winners. On s’est tellement vantés d’être une génération de gagnants, de travaillants, de connaissants, qu’on a caché plein d’affaires à nos enfants dont on n’est pas trop fiers. Elle vient entre autres de là, l’ignorance».

C’est en quelque sorte le sentiment qui tiraille viscéralement Johanne, ce personnage fictif qui sert de voix narrative à ce J’aurais donc dû qu’elle défendra et interprétera, seule sur scène, avec l’assurance et l’expérience qu’on lui connaît. Car ce qu’elle a cherché à transmettre au public, dans ce premier texte dramatique jamais écrit, c’est le bouleversement d’une mère qui s’accuse de ne pas avoir su protéger sa fille contre la menace que peuvent être les hommes. «Johanne est révoltée devant l’impuissance d’une mère qui n’a pas su mettre en garde sa fille, qui s’est fait battre par son violent de mari, ce qui génère en elle une plus grande colère. Je pense que ça faisait un moment que j’accumulais les montées de lait» (rires).

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Johanne est en quelque sorte cet écho à l’éducation féministe qu’a reçue Danielle Fichaud à cette époque où les femmes se sont battues pour être respectées, contrairement à aujourd’hui, alors que bon nombre d’entre elles accusent le coup en silence. Des années plus tard, celle qui enseigne la formation d’acteurs aux Ateliers Danielle Fichaud la rencontre régulièrement, cette même ignorance, s’insinuant insidieusement dans les salles de cours, où elle doit parfois expliquer les grandes lignes du féminisme ou de l’Histoire à ces jeunes qui ignorent ces choses pourtant fondamentales. «Parlant de séparatisme, on n’a jamais dit aux jeunes pourquoi on voulait se séparer. Même affaire pour la question du féminisme. On ne leur a jamais dit que, nous autres, il fallait se battre pour être respectées. On part de loin et c’est malheureux, parce que la nouvelle génération prend ça pour acquis…»

Danielle Fichaud est loin d’être la seule à avoir été happée par l’ignorance, car cinq autres acteurs prendront eux aussi la parole pour s’exprimer librement sur la question, à tour de rôle, dans cette série de stand-up dramatiques de 90 minutes. Alexandre Dubois (Conseil d’ami), Jani Pronovost (Le mal des transports), Audrey Rancourt-Lessard (La grossesse), Brigitte Soucy (La part d’ombre) et Alphé Gagné (Rose Nanane) promettent de vous faire vivre des montagnes russes d’émotions ces cinq soirs-là. Pour sa part, Mme Fichaud nous confie que le public va «assurément se poser des questions, ou carrément dire que c’t’une vieille folle, elle!» (rires).

«On rit, on est touchés, on est conscientisés… Soyez-y!»

L’évènement annuel théâtral de contes urbains «Les laissés pour conte» sera présenté du 17 au 21 février (20h du mercredi au samedi et 15h le dimanche) avec une supplémentaire le samedi 20 février à 15h au Théâtre La Chapelle (3700, St-Dominique).

Achetez vos billets en ligne en consultant le site officiel au www.lachapelle.org.

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