Théâtre
Crédit photo : Camille Gladu-Drouin
Anne-Marie Guilmaine et Anne-Marie Ouellet, c’est un immense plaisir de vous recevoir… en même temps! Chacune votre tour, pourriez-vous vous présenter et vous décrire en quelques mots, et nous dire d’où est née votre passion pour les arts vivants?
A-M. G.: «Je crée aux côtés de Claudine [Robillard] depuis près de vingt ans. On creuse un sillon esthétique en théâtre performatif, sans histoire linéaire et sans personnage. On se met constamment au défi; ce n’est pas de tout repos! Je crois que ma passion pour les arts vivants est née face à des spectacles dans lesquels le réel était mis sous la loupe. J’ai toujours eu du mal à accepter la réalité, mais quand les arts vivants mettent en scène des actions réelles (trembler pour de vrai, casser des choses, manger, manipuler des matières brutes), ils en extraient le potentiel poétique et me réconcilient en quelque sorte avec la réalité.»
A-M. O.: «J’habite à la campagne en Outaouais avec mon amoureux et nos deux filles. J’enseigne le théâtre à l’université et j’ai un fort rapport d’amour/haine avec cette discipline artistique. En tant que spectatrice et artiste, je suis sans cesse en quête de ce moment où ça s’ouvre, où j’ai l’impression que le paysage se déchire, comme si l’horizon que j’envisageais avant n’était qu’une toile peinte.»

«Paysages en filiation», à voir du 20 mars au 5 avril. Photo: Camille Gladu-Drouin
Si on a eu l’opportunité de vous réunir aujourd’hui, c’est qu’ensemble, dans la discrétion la plus totale – façon de parler! – vous avez travaillé, de concert avec Claudine Robillard et Émilie Martz-Kuhn, sur un projet commun qui verra le jour très prochainement entre les murs du Théâtre Aux Écuries: un micro-festival en arts vivants! Wow, wow. Co-commissarié par vous quatre, et coproduit par vos compagnies respectives, Système Kangourou et L’eau du bain, Filer doux sera présenté du 3 au 6 avril. D’où est venue l’idée de présenter un tel événement sur quatre jours et comment les pièces du casse-tête se sont mises en place?
A-M. O.: «Nous avions commencé à échanger, il y a longtemps, sur nos pratiques communes et nos intérêts autour des différentes façons de s’affilier. L’idée du micro-festival est venue des filles de Système Kangourou, qui nous ont invitées à présenter d’autres spectacles autour de la diffusion de leurs Paysages en filiation. À partir de là, nous avons exploré comment créer une petite constellation de pratiques qui, comme le titre du festival l’indique, trameraient de la douceur, du lien et de l’inattendu.»

«Faire la marguerite», à voir du 4 au 6 avril. Photo: Camille Gladu-Drouin
Vous le dites vous-mêmes, avec Filer doux, vous avez l’intention de tramer des formes artistiques dépareillées: «la petite sœur performative chatouille le grand spectacle ébouriffé; la cousine installative s’acoquine à la jasette philosophique». Votre objectif: «pister le doux dans toute sa puissance!» Parlez-nous des thématiques qui traversent de part en part cet événement, et donnez-nous donc un avant-goût des spectacles, performances théâtrales, installations sonores, ateliers, rencontres intimistes et activités gratuites qui attendent les mordus d’arts vivants dès le 3 avril.
A-M. G.: «Ce sont des propositions qui interrogent les différentes manières de faire famille: Comment peut-on élargir le concept de famille et y faire entrer d’autres modes de socialité (club de lecture, équipe de basket, cercle d’ami∙e∙s)? Comment pluraliser les espaces et les expériences intergénérationnels pour valoriser toute la force politique de ces échanges entre gens de tous âges? Comment injecter de la créativité dans nos relations?»
«Filer doux rassemble des initiatives artistiques qui s’intéressent à ce qu’on se transmet les un∙e∙s aux autres et à ce qu’on est capable de créer en commun.»

«L’histoire de comment je me suis séparée en deux», à voir du 4 au 6 avril. Photo: Camille Gladu-Drouin
Dans quel genre d’ambiance les spectateurs et spectatrices seront-ils∙elles plongé∙es tout au long de cet événement? Mettez-nous-en plein la vue pour nous mettre l’eau à la bouche!
A-M. G.: «On propose trois spectacles chaleureux et conviviaux avec Paysages en filiation, suite de tableaux vivants portés par six mères et dix enfants; Faire la marguerite, dans lequel une famille en imperméable nous accueille pour une insolite cérémonie; ou L’histoire de comment je me suis séparée en deux, récit de filiation intimiste et inventif.»
«Ce sont des spectacles qui s’écartent de la dramaturgie plus conventionnelle et qui empruntent des éléments à la performance, à l’art visuel, à l’esthétique relationnelle, ce qui en font des expériences uniques! D’autres activités gratuites sont à découvrir: l’installation visuelle et sonore Faire famille, un atelier de fabrication de cabanes (avec système de communication!), des discussions philo, un spectacle participatif…»
A-M. O.: «Nous avons le souhait que le Théâtre Aux Écuries au complet vibre sous le rire et les pas des familles qui l’habiteront, le temps d’un week-end.»

«Faire famille», à voir du 4 au 6 avril. Photo: Camille Gladu-Drouin
Et pour finir, avez-vous une suggestion pour nos lecteurs et lectrices: devraient-ils assister à au moins un spectacle, voire deux spectacles et plus – notre petit doigt nous dit qu’il y a un rabais de 15% sur le tarif régulier à l’achat d’au moins deux spectacles!), ou encore aller voir un maximum d’activités? Bref, en gros, la vraie question: est-ce qu’ils devront carrément poser quatre jours de congé et accorder un congé d’école à leurs enfants, tant qu’à y être?
A-M. O.: «Bien sûr, il faudrait tout vivre! Mais plusieurs activités affichent déjà complet!»
«Personnellement, je recommande la journée du samedi, qui permettra aux spectateurs∙trices de voir plusieurs spectacles, de manger de la soupe aux gourganes préparée par la mère de Claudine, tout en écoutant Barmaan nous jouer du piano, avant de finir par notre Salon ouvert: un happening scénique inclassable qui risque de nous surprendre tous∙tes!»