«Le journal d’Anne Frank», dans une mise en scène de Lorraine Pintal, au Théâtre du Nouveau Monde

Le décor (Danièle Lévesque) à deux paliers sert bien le va-et-vient entre les deux périodes. En superposition, des photos d’archives et des projections vidéo créent des images fortes tout en évoquant le caractère documentaire du journal d’Anne Frank. Cette histoire est un fait vécu, avéré. En contrepartie, le jeu très théâtral de la troupe (mais homogène, à quelques détails près) maintient le spectateur dans la convention, à distance. Cette opposition entre réalité et théâtre, vie et représentation se déploie petit à petit pour installer non pas un antagonisme, mais un dialogue rythmé par la musique. La trame originale signée Jorane crée le pont de magnifique façon, entre autres par des accents parfois klezmer auxquels le violoncelle donne de la gravité.

Cette année marquera le 70^e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La commémorer au moyen d’une pièce comme Le journal d’Anne Frank est un bon choix. En fait, le souhait d’Otto Frank a été surpassé, car l’œuvre toujours vivante de sa fille invite à plonger au cœur de l’humanité davantage qu’au cœur de l’horreur. Sans oublier les atrocités, n’est-il pas préférable de se rappeler l’amour plus que la folie meurtrière, en somme ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise?

Le journal d’Anne Frank, adaptation d’Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène de Lorraine Pintal, est présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 13 février, puis en tournée un peu partout au Québec.