ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Maxime Robert-Lachaine
Voilà la prémisse de cet exercice de style exubérant d’Angela Konrad, qui nous parle de foi contemporaine avec une distance ironique. Adaptation québécoise d’un texte du dramaturge Argentin Rodrigo García, traduit par Christilla Vasserot, cette improbable fantaisie se tient très loin du fanatisme religieux et utilise l’iconographie chrétienne pour aborder des sujets contemporains.
L’homme, interprété par Samuel Côté, est une figure christique prenant des poses nonchalantes en mangeant des chips, visiblement peu atteint par la souffrance de ses blessures, déclamant ses phrases-chocs d’un ton presque blasé. Il reproduit périodiquement les poses adoptées par Jésus sur des tableaux de la renaissance qui sont projetés sur un écran géant derrière lui.
Les trois immenses actrices qui l’accompagnent sur scène apportent toutes des qualités différentes à leurs personnages, qui semblent particulièrement leur ressembler; Dominique Quesnel est une force tranquille, Lise Roy est sage et austère, et Sylvie Drapeau est la plus sensible du lot. Elles incarnent peut-être des anges, ou peut-être des spectres qui accompagnent l’accidenté dans ses derniers instants – nous ne le saurons jamais.
La scénographie – aussi signée par Konrad – semble vouloir diviser la terre, représentée par une tranchée pleine d’ordures, du purgatoire. La «salle d’attente des cieux» est un endroit relativement confortable où les jours tranquilles se succèdent et où les discussions philosophiques s’étirent. Il y a dans les envolées verbales des clins d’œil assez comiques au monde moderne, mais cette charge passionnée contre l’alimentation biologique nous a laissés un peu perplexes…
Un peu en retrait, à gauche de la scène, un piano à queue se dresse, majestueux, et la toute première personne à entrer sur scène est le musicien David Jalbert, qui y prend place pour interpréter Les sept dernières paroles du Christ de Haydn. Il demeurera à sa place pendant toute la durée de la pièce, reprenant de façon passagère sa performance, animant autant le prologue et les interludes que la conclusion.
Ce recours à de longs segments musicaux est un processus récurrent de la metteure en scène, et bien qu’il ajoute cette fois-ci de la majesté à l’expérience, on sent nettement que le texte seul n’aurait peut-être pas été suffisant pour que l’œuvre soit complète.
«Golgotha Picnic» à l'Usine C en 16 photos
Par Maxime Robert-Lachaine
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