«Féministe pour Homme», mon coup de cœur réflexif de l’année! – Bible urbaine

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«Féministe pour Homme», mon coup de cœur réflexif de l’année!

«Féministe pour Homme», mon coup de cœur réflexif de l’année!

Sophie Cadieux provoque, amuse et déstabilise à l’Usine C

Publié le 29 octobre 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : David Ospina

Du 27 au 31 octobre, la comédienne Sophie Cadieux s’approprie la scène de l’Usine C avec le spectacle «Féministe pour Homme», véritable plaidoyer aux accents humoristiques et burlesques. Ce «guide de survie pour tous(tes)», qui aborde sans détour le féminisme, ses vocations égalitaires et militantes pour les droits des femmes, m’a véritablement conquise. Soyez prêts: je vous partage ici un instant de vie pendant lequel j’ai vécu un véritable éventail d’émotions, du rire à la gêne, en passant par la révolte!

Secouer les puces, et avec brio s’il-vous-plaît!

Dans ce spectacle écrit par la Française Noémie de Lattre, adapté par Rébecca Déraspe et mis en scène par Alix Dufresne (#MerciLesFilles!), tous les sujets de l’heure sont abordés directement et sans filtre. En effet, patriarcat, conditionnement – «Le mot vainqueur n’existe qu’au masculin!», nous rappelle Sophie Cadieux –, éducation genrée, charge mentale, consentement et sexualité des femmes: tout y passe!

Pendant 1 h 30, Sophie Cadieux s’applique à faire la passe aux clichés et à donner des explications claires à des fins pédagogiques, tout en étant drôle et en ne se prenant pas au sérieux. Mention spéciale au passage sur l’éducation sexuelle et la masturbation féminine: avec ma meilleure amie qui m’accompagnait ce soir-là, on a eu plusieurs fous rires accompagnés de «secouages de puces».

Sur scène, la comédienne était survoltée et impertinente, ses répliques étaient envoyées telles une mitrailleuse qui viserait en plein dans le mille. Disons-le: il faut bien porter les culottes pour être capable d’aborder autant de sujets de front… toute seule sur scène, sans ses sœurs pour se donner de la constance!

Et vous, le saviez-vous?  

La plupart du temps, le spectacle a agi à titre de piqûre de rappel pour moi: les sujets évoqués m’avaient déjà traversé l’esprit et fait réagir plus d’une fois. Je ne vous parle pas des frissons que j’ai ressentis quand tous les doigts d’honneur se sont levés dans la salle pour dénoncer le recul de certains états américains sur le droit à l’avortement: depuis deux ans, dès que je pense à ça, je ressens quelque chose qui se situe entre la nausée et l’envie de révolte.

Toutefois, d’autres réalités dont j’ai pris conscience pour la première fois ce soir-là m’en ont fait tomber la mâchoire, notamment les violences obstétricales et gynécologiques faites aux femmes. Certaines, heureusement plus légères, m’ont quand même fait réagir quand je les ai intégrées: la règle grammaticale du masculin qui l’emporte sur le féminin n’a été initiée qu’à partir du XVIIsiècle (et non depuis la nuit des temps!), et le mot «autrice» n’est pas une nouveauté: il existait déjà au XIIsiècle (pardon?!)

Photo: David Ospina

Le combat est loin d’être terminé

À la fin, le spectacle s’est terminé en nous rappelant la précarité des droits acquis, les batailles pas encore gagnées et la nécessité de garder en tête ce que d’autres femmes ont fait pour nous (en plus du prix qu’elles ont parfois payé!) Bien sûr, Simone de Beauvoir a eu son instant de gloire (plus que mérité), puisqu’une citation forte de cette figure féministe a été partagée: 

«N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant.»

Mon mot de la fin? Au-delà des rires et du rappel d’inégalités et d’injustices dont j’avais déjà conscience, ce spectacle m’a fait réfléchir, car j’ai eu l’impression que l’approche sans filtre et «hyper intense» de la pièce allait peut-être perdre en efficacité dans la transmission de son message. En fait, j’avais l’impression que c’était trop in your face et direct, et donc que ça risquait de «choquer» ou de faire fuir ceux à qui les explications étaient destinées. Sauf que…

…J’ai réalisé qu’on ne devrait pas s’excuser de dire les choses telles qu’elles sont, avec la vigueur et la force qui nous caractérisent, simplement parce que, oh!, il faudrait se garder une petite gêne et bien rentrer dans les schémas éducatifs qu’on nous a montrés quand on était petites.

Et, quand j’ai compris ça, j’en ai conclu que le spectacle avait rempli sa mission à 100%!

Le spectacle Féministe pour Homme est présenté à l’Usine C jusqu’au 31 octobre, avant de partir en tournée partout au Québec à partir de l’automne 2022.

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