ThéâtreEntrevues
Crédit photo : Charline Provost
C’est devant la salle de répétition, pendant qu’Emmanuel Schwartz, Anne-Marie Cadieux et leurs confrères répétaient la première pièce de la saison, Tartuffe, que notre visite du TNM a commencée. On ne souhaitait surtout pas déranger les comédiens au travail, mais on nous a expliqué, tout de même, que la vaste salle où tout le monde répète est «à peu près la grandeur de la scène, mais sans les dégagements des coulisses». Si cela peut sembler suffisant, Loui Mauffette nous avoue que ce ne serait pas un luxe que de retrouver les deux salles de répétition qu’ils avaient avant les rénovations de 1995, lorsque les bureaux administratifs du théâtre ainsi que tous les ateliers de costumes et de dessins, notamment, se retrouvaient dans de plus grands locaux à St-Henri.
Bien sûr, ils avaient plus d’espace pour répéter à St-Henri, avant 1995, mais le théâtre tombait en ruines et ses rénovations étaient plus que nécessaires, d’autant plus qu’elles ont permis de rapatrier les bureaux dans son enceinte. Loui Mauffette nous explique que le bâtiment qui accueille le TNM date de 1912, même si eux n’ont pas toujours habité ces locaux. «En 1951, ils ont ouvert le TNM au Gesù et ont été là pendant toutes les années 1950. Après ça, ils ont pris le théâtre qui s’appelait L’Orphéum, c’était sur Sainte-Catherine, pendant 4 ou 5 ans, je pense. Après ils ont été à la Place des Arts, là où est Duceppe; ça s’appelait, à l’époque, la salle Port-Royal. Puis, en 1972, le TNM a acheté; le Théâtre du Nouveau Monde s’est installé définitivement ici, dans le vieux théâtre qui était l’ancienne Comédie-Canadienne dirigée par Gratien Gélinas.»
On tombe dans la «vieille partie» en se dirigeant à l’étage, vers les bureaux qui sont plutôt ouverts et qui donnent un aspect de salle de rédaction. Aux côtés de la statue de Molière qui trône sur les bureaux – «c’est la star de la maison!» -, on rencontre le directeur de production ainsi que le directeur technique, qui jettent un œil à la télévision, qui diffuse ce qui se passe sur la scène et d’où, les soirs de représentation, ils peuvent suivre à distance le spectacle. Les bureaux sont anormalement vides durant notre visite, mais le TNM compte tout de même au moins 30 employés permanents – dans les bureaux, au service d’abonnement, à la billetterie, à la technique et à l’entretien -, sans compter les équipes de scène des différents spectacles ainsi que les ouvreurs, qui font grimper le nombre.
En se dirigeant vers les loges, Loui Mauffette se rappelle les loges d’antan, qui prenaient toute la place des coulisses de la scène; ça datait de l’ancien Gayety des années 1940, avant même la Comédie-Canadienne de Gratien Gélinas. «C’étaient des étages de loges, sur cinq étages. Il fallait tout démolir et ça m’a brisé le cœur, sauf qu’on a décidé, quand on a refait nos loges, de garder le principe que c’était sur des étages, pour retrouver un peu l’âme de l’ancien théâtre». Et, ce faisant, on a profité de l’espace commun sur deux étages pour afficher sur les murs, autour des loges, et dans la cage d’escalier, des photos de productions et des portraits de grands acteurs en action, dans des pièces marquantes pour l’histoire du TNM.
Ici, Pascale Montpetit et Anne-Marie Cadieux personnifiant les deux reines de Marie Stuart de Dacia Marani, dans une mise en scène de Brigitte Haentjens; là, David Boutin ou encore Sylvie Drapeau et Robert Lalonde dans La Locandiera de Goldoni. Jean-Pierre Ronfard, qui a aussi déjà été conseiller artistique au Théâtre du Nouveau Monde, occupe une place de choix avec son rôle dans Les Troyennes, pas très loin de Macha Limonchik, qui brillait dans Beaucoup de bruit pour rien, une pièce de Shakespeare. Sur le mur perpendiculaire, une affiche de L’hiver de force, une adaptation du roman de Réjean Ducharme, montée par Lorraine Pintal, et qui a été accueillie au Théâtre de L’Odéon, en 2002, «l’un des plus grands théâtres prestigieux de France, théâtre national à Paris»; bref, une fierté.
Les loges en elles-mêmes, qui peuvent accueillir au moins 18 personnes en haut et davantage encore dans les loges du bas, sont plutôt vides, puisqu’aucune production n’est en cours au moment de notre visite. Mais on ne manque pas de remarquer quelques chapeaux laissés là; des créations du regretté François Barbeau. «Par spectacle, il y a toujours un créateur en coiffure et perruques, et un créateur pour les maquillages. Ils sont là pendant les répétitions pour regarder, mais ils commencent vraiment leur travail une ou deux semaines avant la première. À ce moment-là, ils sont ici et habitent les loges. Normalement, ils quittent après la première représentation, à moins que ce soit un spectacle très complexe». C’est toutefois le créateur des costumes qui décide de tout le look des personnages, et c’est à partir de son imagination que les autres artisans travailleront.
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