Entrevue avec Sébastien Dodge pour «Televizione» au Quat’Sous du 11 au 28 avril 2016

«Avec Televizione, on poursuit en quelque sorte la réflexion de Suprême Deluxe, où l’on avait présenté, en 2008, un décor post-apocalyptique sur la télévision et la propagande impérialiste. Dix ans plus tard, on rend cette vision plus efficace encore, en parlant de la culture de masse et de la propagande technologique, avec cette fois un décor campé à Rome et en Éthiopie», a déclaré au bout du fil Sébastien Dodge, idéateur de cette pièce qu’il a pensée, écrite et montée aux côtés de son acolyte David-Alexandre Després, auquel s’ajoutent Louis-Olivier Mauffette, Mathieu Gosselin et Marie-Ève Trudel.

Celui qui avait également signé la mise en scène de Damnatio Memoriae au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, en 2014, réfléchissait déjà, l’année précédente, à l’aspect superficiel et mensonger que met de l’avant l’univers du spectacle télévisuel et des talk-shows; un univers où la vérité est reléguée au second plan devant une représentation faite de mensonges et d’apparences. «On vit la dégénérescence de la télévision; le langage s’étiole, la réflexion s’accélère, on retrouve de moins en moins d’entrevues de fond et d’enjeux importants, on tend, bref, vers l’offensif, le clinquant, le vide… On vit une grande farce italienne», poursuit un Sébastien Dodge philosophe.

Et c’est entre autres la raison pour laquelle l’auteur, metteur en scène et comédien a emprunté les codes et archétypes de la commedia dell’arte pour asseoir l’histoire de Televizione et ainsi offrir au spectateur un théâtre à la fois comique et burlesque, en confrontation directe avec un théâtre très «archétypé». Au cœur de cette satire télévisuelle, qui met en scène la gloire passée de l’Italie et la conquête de l’Éthiopie par le capitaine Mike, Dodge tend à présenter «une métaphore du grand capitalisme occidental, une dénonciation du néo-impérialisme et du colonialisme d’aujourd’hui». Un spectacle qui suscite assurément la réflexion, mais qui offre aussi et surtout 85 minutes de pur divertissement.

Sur scène, les spectateurs pourront y rencontrer les comédiens Louis-Olivier Mauffette dans le rôle du capitaine Mike («fier héros qui représente le monde occidental ayant vaincu le fascisme»), David-Alexandre Després interprétant Arlequin («la figure de l’art engagé vs la culture de masse»), Mathieu Gosselin jouant le producteur Benito («un homme un peu véreux, le chef capitaliste, le cerveau de l’opération»), puis Marie-Ève Trudel interprétant Colombine («une artiste de rue qui va faire des pieds et des mains pour devenir une star»).

Voilà certainement une distribution hautement colorée qui risque de provoquer, dans le détour, des éclats de rire et surtout un lot d’interprétations et de réflexions qui permettront aux spectateurs de poursuivre leur réflexion sur l’outil qu’est devenue la télévision ou encore la publicité de nos jours.

Le livre «Televizione» de Sébastien Dodge est disponible aux formats papier (14,95 $) et numérique (10,99 $) chez L’instant même, dans la collection «L’instant scène», depuis le 30 mars dernier. Pour acheter vos billets pour le spectacle au Quat’sous, consultez le www.quatsous.com/televizione.