ThéâtreCritiques de théâtre
«Débris», d’après une mise en scène de Claude Desrosiers, au Théâtre La Licorne
Trop de fragments pour reconstituer
Crédit photo : Suzane O'Neill
Le personnage de Daniel est tourmenté, il vit mal avec l’idée que s’il avait été assis, un peu plus à gauche ou même penché pour chercher quelque chose, il n’aurait pas survécu, comme tous les autres. Pourquoi lui s’en est-il sorti, avec quelques bleus seulement? Lui qui doit préparer une exposition de nouvelles toiles n’est plus inspiré pour créer, il ne fait que penser aux autres, ceux qui sont morts dans l’accident, un peu à sa place. Et L.J., qui par la force des choses est devenue son amie, qui semble s’en sortir si bien et réussir à profiter de la vie, malgré son handicap. Les réflexions de Daniel, les interactions et discussions entre ces deux survivants, les angoisses et l’incapacité de retourner à une vie normale auraient pu donner lieu à une pièce d’une grande profondeur, avec de belles réflexions sur la vie, sur la mort, sur le destin, même. Mais l’auteure, Ursula Rani Sarma, a décidé d’y insuffler beaucoup d’humour et d’y incorporer des personnages secondaires servant de comic relief…peut-être un peu trop.
Si le personnage de L.J. sent que Daniel ne lui parle pas assez, qu’il vit les choses seul de son côté, c’est aussi le sentiment que le spectateur a. Car entre toutes ces scènes où la sœur de Daniel développe une relation malsaine avec l’arrogant Karl (Mathieu Quesnel, efficace) et caresse son rêve de devenir chanteuse, et celles où Daniel se confie à un psychologue qui n’a d’écoute que pour lui-même, Daniel ne semble pas évoluer dans son syndrome de stress post-traumatique. Il est au même niveau du début à la fin, sans que l’on ne sache effectivement ce qui se passe à l’intérieur de lui, et on a plutôt l’impression de passer à côté de ça, du vrai sujet – ses sentiments, ses peurs – en étant autant témoin des destins plus ou moins futiles des autres.
Ministre de la défense du théâtre
Bachelière en journalisme, Alice aime l’idée de réunir ses deux plus grandes passions: la culture et le fait d’avoir la chance de s’exprimer.
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