«Dans la peau de...» Solène Paré, artiste en résidence à ESPACE GO – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Solène Paré, artiste en résidence à ESPACE GO

«Dans la peau de…» Solène Paré, artiste en résidence à ESPACE GO

Un amour pour le théâtre qui s'adresse aux sens

Publié le 15 mars 2019 par Éric Dumais

Crédit photo : Photo à la une: Antonin Gougeon

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé Solène Paré, artiste en résidence à ESPACE GO, qui lèvera bientôt le voile sur son adaptation d'un texte d'Heiner Müller avec la pièce Quartett.

Solène, durant tes études à l’UQAM et par la suite à l’École nationale de théâtre du Canada, tu as placé, dans ta ligne de mire, les œuvres hybrides contemporaines et le choc provoqué par la place des arts plastiques au centre de tes expérimentations. Peux-tu nous expliquer pourquoi? Et surtout, on aimerait ça que tu nous confies comment est né ton amour pour le théâtre!

«J’ai eu la chance d’avoir une mère mordue des arts. Très jeune, j’allais voir des expositions, des installations, des concerts et des pièces de théâtre. J’aime dire que j’étais exposée à des œuvres avant d’être tout à fait «à l’échelle» pour les recevoir. Au théâtre, l’intensité du son me prenait au corps, les enjeux des tragédies m’effrayaient et me fascinaient à la fois. J’avais souvent à trouver en moi le chemin pour me défaire d’une œuvre, cela pouvait prendre des jours.»

«Le théâtre que j’ai appris à aimer s’adresse aux sens. Par mes mises en scène, j’essaie de retrouver la qualité de réception que j’avais à l’époque, alors qu’il m’arrivait souvent de tanguer entre effroi et attraction, de me sentir dépassée par le monde qui vibrait derrière le texte. Travailler la dimension plastique du théâtre est pour moi une façon d’y parvenir.»

Tu sembles avoir eu un parcours très formateur durant ton aventure à l’ÉNT durant laquelle tu auras travaillé, entre autres, un texte personnel, U-V (2014), de même que Quartett l’année suivante, un texte d’Heiner Müller, en plus d’avoir bénéficié des bons soins de Sébastien David et d’Alice Ronfard, des gens de métier. Et la passion pour la mise en scène… elle t’est venue comment?

«Mon attirance pour la mise en scène découle directement de mon plaisir de spectatrice. Un jour, j’en ai voulu plus. J’ai fait ce choix très rapidement dans mon parcours académique. Je me sens reconnaissante face aux femmes metteures en scène qui m’ont fait sentir que c’était chose possible: Angela Konrad, Alice Ronfard, Brigitte Haentjens, Marie Brassard, Catherine Vidal… C’est grâce à elles, je le sais, si j’évolue avec autant d’aisance aujourd’hui dans le milieu théâtral.»

Photo: Audrey Beaule

Pour la saison 2018-2019 d’ESPACE GO, tu as succédé à la comédienne Evelyne de la Chenelière, qui elle-même succédait à Sophie Cadieux, la première artiste en résidence invitée par Ginette Noiseux, directrice artistique du théâtre. À l’origine, comment as-tu accueilli cette proposition? Résume-nous les grandes lignes de ton quotidien comme artiste en résidence.

«Bien que Ginette et moi nourrissions un dialogue artistique depuis ma dernière année d’école, ça m’a pris beaucoup de temps avant de réaliser la nouvelle. Je me sens choyée de succéder à deux artistes de grand talent, d’avoir le temps et l’espace pour affermir ma posture d’artiste féministe.»

«Cette semaine, je planche sur Quartett. Je planifie tranquillement ma prochaine année à Go tout en siégeant sur le comité directeur de son chantier féministe qui aura lieu en avril prochain.»

En 2015, comme on le disait précédemment, tu as stimulé tes neurones en imaginant la mise en scène de la pièce Quartett, qui sera à nouveau présentée sur scène, mais cette fois devant le public d’ESPACE GO, du 19 mars au 6 avril. Si tu avais à nous résumer les grandes lignes, sans nous vendre le punch bien sûr, comment t’y prendrais-tu pour nous titiller juste un peu la curiosité?

«Quartett, c’est l’histoire de deux personnages issus d’une élite qui s’amusent à rejouer ensemble les abus sexuels qu’ils ont commis. Les faisant voyager entre extase et appel du vide, ce jeu de rôle révélera des parts cachées d’eux-mêmes.»

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Photo: Ève Pressault dans «Quartett», présentée du 19 mars au 6 avril 2019

C’est le tandem Ève Pressault et Adrien Bletton qui foulera les planches prochainement pour se glisser dans la peau de la marquise de Merteuil et du vicomte de Valmont, deux personnages aux vertus peu enviables et resplendissantes, rendus célèbres par Choderlos de Laclos dans Les liaisons dangereuses. Comment as-tu abordé l’adaptation d’Heiner Müller avec ton chapeau de metteure en scène?

«En cette ère du selfie, alors que les exemples d’abus de pouvoir s’accumulent dans l’actualité récente, je souhaitais présenter Merteuil et Valmont comme deux êtres «plein d’eux-mêmes», en constante représentation. Ève et Adrien incarnent donc des personnages qui cherchent constamment le regard de l’autre, qui se filment et se traquent sans arrêt. La violence des élites ne datant pas d’hier, quelques clins d’œil à l’histoire de l’art ponctuent la pièce.»

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*Cet article a été produit en collaboration avec ESPACE GO.

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