ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Josué Bertolino
Des chants, des vidéos YouTube et un brillant texte signé Olivier Sylvestre, tous les facteurs d’une pièce de théâtre réussie étaient rassemblés, mais cette tyrannie du bonheur, bien qu’abordée sous un angle intéressant et nouveau, aurait gagné à être fignolée plus efficacement. C’est que le public se perd dans cette surabondance d’éléments qui n’ont en commun qu’une critique des critères de performance face à cette capacité d’atteindre le bonheur.
On retrouve toutefois une grande quantité de moments forts, de la présence de nombreuses phrases à caractère motivant qui, de façon réaliste, n’aideraient jamais personne qui souffre, mais dont on se fait constamment bombarder. En gros, ce que la pièce aborde, c’est le constat de ce que l’on nous lance à la tête: «Ignore toute la marde et va au gym, prend un selfie, party, met du rouge à lèvres, bois du thé et consomme, tout ira mieux. Et si, même avec tout cela, tu te sens triste, tu n’as qu’à écouter une chanson des Beatles et choisir d’être heureux, parce que le bonheur, c’est un choix, et si tu n’es pas heureux, c’est que tu ne fais pas les efforts nécessaires.»
La pièce gagne également en sens grâce à la participation de dix non-acteurs du Centre de réadaptation en dépendances de Montréal, lesquels ont répondu à l’appel de l’auteure et metteure en scène Michelle Parent. Bien qu’ils n’incarnent pas leurs propres rôles – à l’exception des prénoms qui ont été conservés– leur présence ainsi que leurs échanges apportent une sensibilité et une prise de conscience différente que s’ils s’agissaient uniquement de comédiens d’expérience. On aurait toutefois apprécié, sans tomber dans l’art thérapeutique, en apprendre davantage sur eux, ce qui aurait eu un effet intéressant sur le tableau d’ensemble.
Leur présence permet toute de même de se questionner sur la nature du vrai bonheur, à savoir s’il représente l’image que l’on en a ou si, au contraire, rien d’autre que la consommation (quelconque) ne pourrait être à la hauteur de l’idée que l’on s’en fait.
La pièce «Les Bienheureux» est présentée au Théâtre Aux Écuries jusqu’au 23 janvier 2016.
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Par Josué Bertolino
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