Théâtre
Crédit photo : Espace Libre
Mais «récit» est peut-être un terme un peu fort. À vrai dire, avant qu’il ne soit mis en spectacle, une décennie plus tard, Album de finissants fut décrit par les éditeurs et les critiques sous les termes de «livre» ou «œuvre de fiction», à cause de son caractère inclassable. Et encore, pour ce qui est de la fiction, lorsque l’œuvre fut montée sur scène pour la première fois, par Michelle Parent, du Pirata Théâtre et Anne Sophie Rouleau, de Matériaux composites, elle s’est voulue une création criante de réalité. Et pour cause: ces deux compagnies, aux missions inclusives et aux styles polymorphes et éclatés, avaient alors trouvé leurs personnages directement sur les bancs des écoles secondaires de Montréal et des alentours.
Ces jeunes participants ne devaient pas tant s’y plier à l’évolution d’un scénario conventionnel que de se faire les échos de voix composites d’un chœur scénique. Une démonstration de rage bien dosée, pour rejoindre sa cible? Il semblerait que l’équipe théâtrale ait passé le test haut la main, en mars 2014, par ses prestations sur les planches de la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, où tant d’adolescents sont initiés (de gré ou de force) au théâtre, la pièce allant jusqu’à se mériter le prix de la section Révélations, du Gala des Cochons d’or.
Deux ans plus tard, les coproductrices s’offrent une reprise, sur la scène de L’Espace Libre, mais en renouvelant son chœur avec une mouture de finissants provenant, cette fois, directement des écoles du Centre-Sud. L’initiative correspond bien à la tendance de ce théâtre d’approcher et de redonner parole et fierté aux gens du coin, comme il l’avait fait avec Pôle Sud, documentaires scéniques, ce printemps. La réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette avait alors convaincu quelques citoyens de venir sur scène pour y partager leur histoire, qui avait été mise en scène par Émile Proulx-Cloutier.
Il s’agissait alors d’une entrée en force dans la série de leurs Spectacles de quartier, dont Album de finissants prend le relais.