«Voisiquement-moi» de Julien Lacroix à Zoofest 2016

Introduit sur scène par une vidéo rappelant les célèbres musicographies de MusiMax, photos et vidéos d’enfance incluses, Julien Lacroix commence son spectacle avec une longue discussion avec quelques membres du public. Si habituellement ce genre de «numéro» est toujours trop long et plutôt ennuyant pour le reste du public qui n’entend rien, il faut dire que le contexte de Zoofest et du petit Studio Hydro-Québec du Monument-National se prête plus à la chose que le Théâtre Saint-Denis, mettons. Ici, Lacroix était si à l’aise qu’on aurait dit ces interventions écrites et arrangées avec le fameux gars des vues. Peut-être que ça l’était et que nous avons été dupés? Qui sait!

Il est tout de même relativement rapidement passé à autre chose, racontant qu’il vient d’apprendre qu’un de ses amis a un cancer, et qu’il va bientôt organiser un spectacle-bénéfice pour amasser des fonds pour «… que j’aille dans le Sud! Hey c’est stressant tout ça. Sa mère, pis toute. J’ai besoin de vacances!» C’est exactement le genre d’humour de Julien Lacroix. Définitivement pas politiquement correct, mais des fois ça fait du bien d’entendre ça.

À propos de son négativisme, il dira: «J’essaie d’être plus positif, de voir le bon côté des choses. Comme quand j’attends l’autobus. T’sais des fois je me dis voyons esti il arrive pas l’autobus tabar… mais là, j’essaie de me dire: c’est pas si pire. Dans certains pays, ils explosent les autobus». Et à propos du préjugé comme quoi les Noirs sont paresseux: «Je comprends d’où ça vient dans le fond. Parce que c’est vrai que les Noirs ont eu des leaders politiques paresseux. Martin Luther King. I have a dream, I have a dream. Ben arrête de dormir pis réveille-toi. Barack Obama. Yes we can, yes we can. C’est ben beau le week-end Barack, mais toute la semaine faut travailler!»

Parlant de préjugés et de non politiquement correct: son numéro final sur l’attitude des pauvres d’Hochelaga est excellent. Trop long à raconter, et on ne voudrait pas voler tous les punchs, mais ça vaut la peine de mettre notre petit air offusqué de côté pour quelques minutes et d’apprécier franchement tout ce qui est dit, avec humour rappelons-le. D’ailleurs, ce numéro (où était-ce le spectacle en entier?) lui a valu une ovation immédiate.

C’est rare que ça arrive, mais les numéros étaient presque tous aussi bons l’un que l’autre! C’est donc difficile de choisir les meilleurs, mais il faut tout de même mentionner la présence de Gabriel D’Almeida Freitas dans le rôle de l’animateur qui pose des questions trop personnelles dans un numéro de faux talk-show où Julien Lacroix joue une vedette étalant sans gêne sa fausse modestie avant de se lancer dans une interprétation sentie d’une chanson dont le titre doit être «L’amour existe-elle?»!

Julien Lacroix ne semble avoir aucun tabou dans ce spectacle, flirtant à plusieurs reprises tant avec l’absurde qu’avec l’humour plus trash. Il gagnerait à assumer plus certaines fins de phrases et de numéros, mais on lui pardonne facilement. Il n’a que 23 ans et n’en est encore qu’à ses premières années dans le métier, bien qu’il anime déjà régulièrement des soirées d’humour dans des bars et que le Zoofest lui ait confié l’animation du Gala de l’absurde. Il a tout de même encore le temps de s’améliorer, s’il était déjà parfait, on finirait par se tanner trop vite!