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Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Vérité (https://www.facebook.com/veritemusic)
Ari Hicks ou l’art de casser la glace avec assurance
La Torontoise Ari Hicks était toute désignée pour ouvrir le bal avant l’arrivée sur scène de la très attendue Vérité.
Si les deux femmes ne sont pas tant complémentaires au niveau de leurs personnalités – Hicks dégage une force de caractère et une confiance inébranlables, et son aisance sur scène m’a stupéfié, et Vérité, quant à elle, semble au premier abord d’une nature plus discrète et introspective, même si elle demeure une artiste indépendante qui va au bout de ses convictions.
Cela ne les empêche pas de se rejoindre à travers l’écriture, car toutes deux explorent, à leur façon, l’univers complexe des émotions et des répercussions qui découlent en leur for intérieur.
Ainsi, dès mon arrivée dans la salle, j’ai été accueilli avec «Sad Ghost», qui figure sur son EP It’s Not That Deep: Chapter 1, où elle met en lumière cet engourdissement dans lequel on a trop tendance à s’enliser quand on prend trop les choses pour acquis. On a même eu droit à un solide mashup avec l’intemporelle «Sweet Dreams (Are Made of This)».
Après nous avoir servi à sa sauce la tragédie shakespearienne qu’est Roméo et Juliette («Romeo Dies»), s’être déhanchée avec grâce («Midas»), avoir partagé sa passion sans borne pour les thèmes d’Halloween («I Put a Spell On You»), elle a fait ses au revoir avec «Kiss Me, Kill Me», sa chanson la plus écoutée sur Spotify, avec près de trois millions d’écoutes.
Ari Hicks était peut-être seule sur scène à chanter par-dessus une bande-son, mais je dois admettre que son énergie et son pouvoir d’attraction étaient suffisants pour m’ensorceler.
«You Want to Cry With Me?»
Ça, c’est la phrase qu’a lancée Vérité avec un sourire dans la voix arrivée au mi-concert, tout juste avant de chanter l’exquise «Cry cry cry». Mais les spectateurs, plutôt que de verser un torrent de larmes, l’ont au contraire accompagnée au chant, surtout que c’est l’une des chansons phares de son plus récent album, qui prête d’ailleurs son nom à sa tournée, Love You Forever.
Était-ce l’effet de la mini tempête de neige? Du samedi soir où l’offre culturelle montréalaise ne manque pas? Autour de moi, il devait y avoir grosso modo 75 spectateurs à tout casser, et ce n’était pas plus mal, dans un sens puisque, ensemble, on s’est créé une bulle intimiste pour entrer en communion avec celle qui s’est ouverte à nous à travers cet album sensible, où elle explore l’amour (trop) passionnel avec l’être cher.
Même si la mise en scène était ultra simpliste, j’ai bien aimé ces lampes sur pied qui créaient une forme pyramidale autour de Vérité et qui lui donnait un air de divinité, rehaussant sa chevelure blonde et son air mélancolique qui lui sied si bien.
Après un jam improvisé entre son guitariste qui maniait l’archet façon Jónsi et son batteur, qui semblait déjà bien fébrile à l’Idée de battre la mesure, Vérité a fait une entrée sur scène avec le sérieux qu’on lui connaît, toujours avec cette aura qui la rend si mystérieuse. C’est la pièce inaugurale «Are We Done Yet» qui a brisé la glace.
L’enrobage pop-rock de ses chansons ne s’est pas fait attendre bien longtemps: l’interprétation d’«I Would Leave You», rythmée par une guitare électrique bien mordante, a aussitôt donné l’envie au public de se déhancher. C’est lors de la finale qu’on a eu droit à un «Hey Montreal, how are you doing?» d’une Vérité qui n’allait toutefois pas s’ouvrir tout de suite.
Pour moi, Vérité elle se compare à une fleur; elle a besoin de temps pour s’accommoder avant de se sentir en confiance et de s’ouvrir à l’autre.
Après avoir offert d’un souffle «Ocean», «Save Up», «Phase Me Out» et l’ultra groovy «Good for it», Vérité a eu droit à une exclamation d’une de ses fans, «I love you», ce à quoi elle a rétorqué du tac au tac «I love you too!»
Tout cet amour lui a donné l’élan nécessaire pour enchaîner avec «Somebody Else», sa chanson la plus populaire sur Spotify avec près de 134 millions d’écoutes, et avec raison, car l’instrumentation pop-électro et sa ligne vocale accrocheuse sont la recette parfaite d’un bon ver d’oreille.
Plus la soirée avançait et plus Vérité a dévoilé un pan d’elle-même qui la rendait moins rigide et plus légère, mais toujours avec ce versant plus dark qui la rend plus difficile d’accès au premier abord. À un moment, elle semblait très concentrée sur ses programmations, et elle s’est exclamée «I have to fix something; I’m not texting my mom. She’s not dead, she’s not here».
Histoire de pousser le concept de son nouvel album, où la thématique de l’amour passionnel vire à l’obsession et où l’expression «à la vie à la mort» prend tout son sens, Vérité a fait monter sur scène une spectatrice, l’invitant à s’asseoir sur une chaise. Avant de lui dédier «Love You Forever», elle l’a ligotée, comme sur sa pochette d’album, pour lui donner des airs de cet amant qu’elle aime tellement qu’elle souhaite voir mort.
«The next part is so pretty», a-t-elle lancé par la suite, et elle ne s’est pas trompée, puisque «Temporary» a été l’un des moments forts de la soirée, suivie de «Gone» avec son groove de basse, «I Would Leave You», une charmante ballade jouée de pair avec son guitariste et complice de longue date Matthew.
Pour la suite, elle a confié que les rappels la rendaient anxieuse, donc les chansons qui allaient conclure son set seraient les dernières avant sa sortie de scène. C’est ainsi qu’on a eu droit à «I Thought I Was Waiting» et «By Now» comme point final à cette belle soirée qui a passé en un clin d’œil.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Are We Done Yet?
2. I Would Leave You
3. Ocean
4. Save Up
5. Phase Me Out
6. Good For It
7. Cry cry cry
8. Somebody Else
9. Think of Me
10. Underdressed
11. Need Nothing
12. Floor
13. Younger Women
14. Love You Forever
15. Temporary
16. Gone
17. I Would Leave You
18. I Thought I Was Waiting
19. By Now