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Crédit photo : Ema Riot (BLVCKGOLD)
C’est avec les pieds un brin endoloris et les chevilles enflées que je suis revenu sur l’Esplanade du Parc olympique dimanche en milieu d’après-midi, pile pour le début de la prestation de Vulgaires Machins, qui a malheureusement dû être écourtée en raison de l’orage qui passait non loin de là.
Oui, on a reçu de la pluie sur la tête, mais on était loin d’un déluge. Et surtout, on a eu plus de chance que les Torontois le week-end dernier (signe qu’il faut toujours se consoler)!
Fun fact: juste avant qu’un technicien de l’organisation du festival vienne nous annoncer la (bonne) nouvelle de la reprise du festival, un petit garçon, qui portait une casquette multicolore surmontée d’une hélice au sommet, comme son papa, s’est exclamé, l’air un brin énervé: «Bouh! Heille, on a payé pour être ici nous!» Ça commence jeune, l’esprit de révolte!
Lorsque les organisateurs ont jugé qu’il n’y avait plus de risques pour la sécurité de tous, Guillaume Beauregard, Marie-Ève Roy, Maxime Beauregard et Patrick Landry ont fait leur entrée sur scène. «The show must go on», comme le chantait Queen, et les spectateurs n’étaient pas fâchés d’en venir enfin à bout de la longue attente.
Vulgaires Machins: des punkers qui ont toujours autant la rage
Maudite météo! Est-ce à cause du set écourté qu’on n’a pas eu droit à «Compter les corps»? Sûrement, quoiqu’ils sont les seuls à détenir la vérité! Reste que Vulgaires Machins a démarré en trombe avec «Être un comme», qui figure sur l’album homonyme cité ci-haut, avant d’enchaîner avec «Liberté», pièce de 2022, puis «Triple meurtre et suicide ratés», que la foule a chanté de bon cœur.
Le quatuor est très solide sur scène, mais la basse de Maxime Beauregard, et ce n’est pas de sa faute, le pauvre, était tellement forte, qu’elle enterrait pratiquement les deux guitares de Guillaume et de Marie-Ève; faut le faire quand même! Mais il a tout un doigté, et pour nous secouer la cage thoracique avec rythme, il l’a l’affaire.
La pièce «Puits sans fond», avec ses paroles fortes qui dénoncent la façon dont les médias de masse ont la fâcheuse habitude de masquer les «vrais problèmes» par des titres d’articles sensationnalistes, est un hymne aujourd’hui, et la foule l’a d’ailleurs chanté haut et fort: «Je suis abonné au Journal de Montréal / Je suis comme un puits sans fond!»
C’est avec l’énergique «La chasse est ouverte» que le groupe a clôturé sa prestation en nous adressant un au revoir qu’on aurait espéré pour plus tard. Mais Dame nature en avait décidé autrement.
Good Riddance: les Californiens n’ont rien perdu de leur verve
Quelle excellente idée que ce festival Punk in Drublic, plus j’y pense!
Ça m’a permis d’enfin voir en live un groupe que je connais depuis 1995 avec l’album For God and Country et que je n’avais jamais eu la chance de voir en concert jusqu’à présent!
Les membres de Good Riddance – Russ Rankin, Luke Pabich, Chuck Platt et Sean Sellers –, originaires de Santa Cruz, en Californie, sont des amis de longue date de Fat Mike, pour avoir signé sept albums studio sur son populaire label Fat Wreck Chords. Bien visible avec son mohawk vert, le leader de NOFX, aussi aperçu aux côtés d’El Hefe lors du concert de The Interrupters hier, est venu voir de près l’un de ses groupes favoris.
Les Californiens, qui sont toujours aussi fortement engagés socialement et politiquement, en plus d’être actifs depuis 1986 (avec un hiatus de cinq ans de 2007 à 2012), ont offert, en moins d’une quinzaine de chansons, un excellent tour d’horizon de leur carrière: «Weight of the World», «Shadows of Defeat», «Salt», «Mother Superior» et «Fertile Fields», entre autres, ont rythmé cette fin d’après-midi avant que Descendents se charge de prendre la relève.
NOFX: l’heure des (vrais) adieux a sonné!
Toute bonne chose a une fin, hélas, même la formation NOFX – qu’on aurait pourtant espéré immortelle. Certes, les gars sont moins vieux que les Rolling Stones, Metallica ou encore KISS, mais voilà, ils ont préféré se retirer dignement alors qu’ils sont toujours en assez bonne forme, et c’est correct dans un sens de vouloir souffler sur 40 chandelles sans devoir en rajouter une de plus!
Et qu’on se l’avoue: les albums sortis depuis Wolves in Wolves’ Clothing – Coaster, (2009), Self Entitiled (2012), First Ditch Effort (2016), Single Album (2021), Double Album (2022) et le petit dernier, Half Album (2024), ne passeront tous pas à l’Histoire, ni leurs paroles d’ailleurs: «I’m a rat in a trap and I’m happy about that».
Ce n’est pas pour rien que la grande majorité des nouvelles pièces ont été écartées de cette tournée d’adieu, car il faut le dire, l’âge d’or de NOFX c’est surtout à partir de 1992 avec l’album White Trash, Two Heebs and a Bean. Jouée tout de suite après «Dinosaurs Will Die», en ouverture, l’exquise «Stickin’ in My Eye» a par ailleurs ravi les fidèles de la formation, et plus tard, c’est «Liza and Louise» qui allait prendre par surprise les nostalgiques.
Parmi les pièces maîtresses du dimanche, «Murder the Government», chantée avec vigueur par une foule déjà en délire, «The Brews», jouée juste après, «Oi-oi»!, chantaient les spectateurs, «Falling in Love, une pièce moins populaire selon Fat Mike, mais néanmoins excellente, «Kids of the K-Hole», «Don’t Call Me White», «It’s My Job to Keep Punk Rock Elite», «180 Degrees», et tellement plus.
NOFX a écrit tellement de chansons, parmi lesquelles il y a tellement de hits, que c’est difficile d’en choisir quelques-unes parmi ce lot d’excellence!
«Thank you. Merci beaucoup. We will miss you so much», s’est exclamé Fat Mike, le poing sur le cœur, ému de devoir faire ses adieux définitifs à Montréal, une ville où NOFX a cumulé tellement de bons souvenirs, y compris à l’époque des Foufs!
Après les grosses émotions, c’était l’heure du morceau tant attendu: «The Decline», l’une des raisons pour lesquelles il fallait aussi être là le dimanche! Quel moment épique! 18 minutes de pure énergie punk rock.
C’est par la suite une finale festive, en mode comédie musicale improvisée, que les gars nous ont réservée un peu avant 23 h, histoire que chacun reparte à la maison avec le sourire aux lèvres. Fat Mike, accompagné «dans le même délire» par ses comparses, ainsi que des complices sur scène, a fait le clown aux côtés de son précieux ami Bob et de Karina Denike, sublime vois punk qui les accompagnait les deux soirs au chant et au clavier.
Sous l’air de la pièce «Everyone’s a Little Bit Racist», ils ont chanté, dansé, sauté, bref, ils ont fait les fous et c’était beau à voir.
Parce que c’est ça, NOFX. De solides musiciens qui n’en ont rien à faire des conventions et qui ont juste envie d’en faire qu’à leur tête. Comme lorsque Fat Mike s’est assuré que la caméra était bel et bien braquée sur lui et qu’il a levé son t-shirt pour montrer la longueur de son téton en gros plan sur deux gigantesques écrans en haute définition. Wow.
Pour ça, et pour bien d’autres choses, ils vont cruellement me manquer. RIP NOFX (mais pas dans mon cœur!)