SortiesFestivals
Crédit photo : Ema Riot (BLVCKGOLD)
Parce qu’il faut de tout pour faire un monde
Cela dit, je vais être franc avec vous: il n’y avait pas que des Calinours pour autant. Comme dans tout bon concert punk qui se respecte, il y avait une horde de gens saouls, avec des lunettes à une branche sur la figure et une casquette croche sur la tête – pas mise de côté, juste croche – des yeux vitreux, des corps suants, des criards, que dis-je, des gueulards, des «bousculeurs», bref, j’ai été en immersion dans une jungle peuplée d’espèces exotiques de toutes sortes, avec ses multiples qualités et ses cruelles imperfections.
À côté de ça, j’ai aussi côtoyé des festivaliers qui me ressemblent davantage, des homo sapiens bien élevés venus, comme moi, dans l’espoir de vivre des moments mémorables en compagnie de leurs bands préférés.
Né la même année que celle où NOFX a vu le jour – si vous êtes douées en calcul vous arriverez à 1983! – il m’était impensable de passer dix longues heures debout à regarder des prestations défiler les unes après les autres, de 13 h à 23 h. Je suis donc arrivé plus tard, car malheureusement, il faut parfois faire des choix dans la vie, ce qui a fait en sorte que j’ai dû rater plusieurs des groupes programmés en début de journée.
Real Mckenzies: fiers comme des coqs
Je suis donc arrivé en milieu d’après-midi samedi au moment où les Real Mckenzies faisaient leur entrée sur scène, sous les applaudissements d’une foule déjà dynamique. Fiers comme des coqs, vêtus de kilts écossais colorés, d’une cornemuse pour l’un – dont le sac rappelait le pis d’une vache! – les gars ont délivré leur musique punk aux accents celtiques bien reconnaissables.
C’était une totale découverte pour moi, qui ne les avais jamais entendus ni vus en live, et je dois avouer que l’énergie de ces Canadiens, originaires de Vancouver, parmi lesquels Paul Mckenzie est le seul membre fondateur à être toujours actif (depuis 1992), était chargée à bloc ce jour-là.
D’ailleurs, on n’a pas trop envie de lui chercher noise à ce pilier. C’est peut-être en raison de l’imposant serpent qu’il s’est tatoué sur le ventre aussi!
The Interrupters: un charisme contagieux
La formation la mieux désignée pour précéder l’arrivée de NOFX – désolé à l’avance, Circle Jerks et Go Defendants! – c’était clairement The Interrupters, un quintette de musique ska punk originaire de Los Angeles. Ils ont offert un concert rodé au quart de tour, dans une humeur festive et cordiale, alors que le soleil s’en allait tranquillement dans les bras de Morphée.
Mention spéciale à Aimee Interrupter, la chanteuse du groupe, et à Kevin Bivona, proche collaborateur de Rancid et The Transplants, qui ont réellement l’étoffe pour dynamiser une soirée à eux deux.
Parmi les moments clés du spectacle, les succès «Gave You Everything», une pièce de 2018 que la foule a chantés en chœur, «Jenny Drinks», «She Got Arrested» et, bien sûr, «She’s Kerosene», la cerise sur le sunday pour les au revoir.
NOFX: des vétérans toujours aussi solides
Les vedettes du samedi, c’était bien évidemment NOFX, pour qui l’ensemble des festivaliers s’était déplacé sur l’Esplanade du Parc olympique. Et le moment était d’autant plus spécial que chacun savait que c’était probablement la dernière fois qu’il ou elle verrait la bande, composée de Fat Mike (chant, basse), El Hefe (guitare, chant), Eric Melvin (guitare, chant) et Erik «Smelly» Sandin (batterie) sur scène.
Évidemment, il y a eu des cris de joie, des coulées de larmes, des fous rires, des bras levés hauts dans les airs, car c’était un grand moment de punk rock qu’on allait vivre en communion: deux concerts de NOFX de près de deux heures chacun, avec un programme chargé de 40 chansons différentes, ainsi qu’un lot de blagues salaces qu’il faut évidemment prendre avec une bonne dose d’autodérision lorsqu’on connaît le potentiel du groupe à flirter avec la controverse.
L’un des moments marquants du samedi soir, c’est clairement lorsque Fat Mike s’est exclamé: «This thing is so ridiculous! It’s like the Simple Plan of Quebec!», en admirant la tour du Stade olympique dressée fièrement devant lui. Ça y est, le ton était donné, la soirée pouvait démarrer. Et avec force en plus: ils ont lancé le bal avec «60%», suivie de «Seeing Double at the Triple Rock», toutes deux tirées de Wolves in Wolves’ Clothing, pour ensuite enchaîner avec un bloc mémorable composé de «Leave it Alone», «Bob», «Perfect Government» et «All Outta Angst».
Il n’en fallait pas plus pour que les festivaliers se bousculent, se lancent à corps perdu dans un trash ou dans les airs en body surfing.
Les gars ont par la suite offert un excellent cover façon reggae («une chanson de Noirs chantée par des Blancs!», comme l’a si bien dit Fat Mike!) de «Radio», succès de leurs compères de Rancid, une version chantée avec doigté par El Hefe. Plus tard dans la soirée, les hits «Lori Meyers», «Herojuana», «Franco Un-American» et «Linoleum», l’une des plus aimées et acclamées, a achevé de faire grimper le mercure sur l’Esplanade.
Après une trentaine de chansons, Fat Mike et ses comparses nous réservaient d’autres surprises: «Champs Elysees», «Kill All the White Man» et «Theme From a NOFX Song», entre autres.
Or, pas de «The Decline», signe qu’il réservait leur pièce de résistance d’un peu plus de 18 minutes pour le véritable concert d’adieu qui avait lieu le lendemain.
D’ailleurs, pour lire notre compte-rendu de la journée du dimanche, tournez la page!