«Tomato Blues & Philippe Noireaut» des Productions Fila 13: un spectacle des plus festifs mêlant danse et chansons

C’est un accueil chaleureux que nous réservent Philippe Noireaut et Lina Cruz, lors de l’entrevue: tout de suite, la complicité entre ces vieux compères est palpable.

En effet, le musicien et la chorégraphe se connaissent et travaillent ensemble depuis une vingtaine d’années, comme le raconte Lina Cruz: «La compagnie que j’ai fondée en 2003 a la vision de travailler le plus souvent possible avec de la musique live sur scène, et la voix, le chant et la chanson ont commencé à s’intégrer de plus en plus à travers les spectacles. C’est ainsi que Philippe a été amené à travailler de plus en plus souvent avec nous en tant que chanteur et performeur. Cela fait déjà vingt ans que l’on collabore, et l’interaction entre nos univers s’est beaucoup approfondie.»

Lina Cruz. Photo: Tous droits réservés

«On fête chacun nos 50 ans de vie professionnelle cette année, dans nos carrières respectives. Je suis musicien de jazz à l’origine, devenu compositeur puis auteur-compositeur-interprète. J’ai fait de la musique pour le théâtre et le cinéma, entre autres. Dès notre rencontre, Lina et moi avons collaboré à divers égards, d’abord comme compositeur, mais ensuite sur scène. Tous les interprètes en danse de la compagnie, selon leurs capacités, collaborent aux voix, à la musique, au chant», renchérit Philippe Noireaut.

«Nous avons des publics conjoints qui peuvent s’entremêler, mais on a aussi chacun de notre côté des publics très différents. Avec Tomato Blues & Philippe Noireaut, c’est la première fois qu’on tente de les réunir tous.» – Philippe Noireaut

Si Lina Cruz aime aujourd’hui mélanger la chanson et la voix à la danse, c’est un processus qui n’a pas toujours été présent dans sa pratique artistique: «Progressivement, à force de travailler la danse, on développe un tel lien avec le corps et ses possibilités. J’ai toujours résisté au fait de travailler la voix simplement pour explorer le corps et le développer le plus possible; je parle ici des possibilités des mouvements, le vocabulaire physique, si vous voulez. Puis, j’ai fini par sentir le besoin d’explorer le son, les voix, d’intégrer des artistes comme Philippe et des chanteurs lyriques, d’avoir une voix qui s’intègre à la proposition d’une chorégraphie», explique-t-elle.

Philippe Noireaut. Photo: Tous droits réservés

Dans Tomato Blues & Philippe Noireaut, la démarche est toutefois différente: «Ici, dans ce spectacle, la chanson n’est pas là pour servir la chorégraphie: la chanson et la danse ont chacune leur propre univers. Par contre, pour certaines chansons, les danseurs vont participer. J’ai toujours voulu faire un spectacle où la danse serait séparée de la chanson, afin de rejoindre des publics plus élargis», poursuit Lina Cruz.

Un programme en deux parties

Le spectacle s’ouvre sur un solo de danse contemporaine, interprété par Geneviève Robitaille, d’une durée de 27 minutes. Cette performance, durant laquelle la danseuse chantera également en anglais, est à la frontière entre la danse et le théâtre musical: «Dans cette partie du spectacle, il y a un propos politique assez précis que l’on ne peut dévoiler pour l’instant, car son effet sera plus puissant pour les spectateurs s’ils le découvrent uniquement sur scène.»

«Tout ce que je peux vous dire, c’est que le personnage, comme en général dans les œuvres de Lina, est un humain dont les contours ne sont pas définis», dévoile Philippe Noireaut.

Ce solo sera suivi, après entracte, d’un volet francophone avec Philippe Noireaut, auquel prendront part Geneviève Robitaille et le danseur Antoine Turmine: un récital composé uniquement de piano et voix, avec quelques recours à l’orchestration, et qui demeure toujours dans l’esprit du cabaret. «Les thèmes de mes chansons rejoignent tout à fait le texte que Lina a écrit pour la première partie. Il y a tout à fait un univers commun, à la fois poétique, littéraire et politique», ajoute l’auteur-compositeur-interprète.

Photo: Andrew Balfour

«C’est un spectacle célébratoire. Mettre la chanson et la danse dans ce contexte-là, de cette manière particulière qui est très directe et franche, procure beaucoup de liberté créatrice, et ça donne une grande diversité de proposition. Le tout demeure dans la simplicité, sans prétention, mais non exempt de profondeur et de complexité.» – Lina Cruz

Tomato Blues & Philippe Noireaut se veut aussi une œuvre accessible, afin d’éveiller l’intérêt de ceux pour qui la danse et les récitals comme celui de Philippe Noireaut sont des arts obscurs: «Ce serait super si les gens qui ne connaissent pas la danse contemporaine et qui venaient surtout pour la chanson en ressortent avec un sourire, en ayant découvert qu’ils aiment aussi la danse finalement, et vice-versa! Je souhaite que les gens qui n’ont jamais été exposés à la danse ou aux récitals de chansons découvrent que ça leur est tout à fait accessible, et qu’on n’a pas besoin de connaître ces arts pour les apprécier», conclut Lina Cruz.

En somme, c’est une production qui a tout pour éveiller les sens des spectateurs, avec un mélange des plus éclectiques et explosifs de danse, chanson, théâtre musical, bilinguisme, poèmes, briques, tomates et encore tant d’autres éléments inusités: c’est la promesse d’une belle gamme d’émotions à traverser, d’un bout à l’autre de la soirée!

Le spectacle Tomato Blues & Philippe Noireaut sera présenté au Théâtre MainLine du 14 au 16 septembre 2023. Pour vous procurer vos billets au coût unique de 25 $ en quelques clics, rendez-vous ici.

*Cet article a été écrit en collaboration avec les Productions Fila 13.