Thin Blue Line au Bar Le Ritz PDB de Montréal – Bible urbaine

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Thin Blue Line au Bar Le Ritz PDB de Montréal

Thin Blue Line au Bar Le Ritz PDB de Montréal

Le lancement imparfait d'un album pourtant surprenant

Publié le 5 mai 2016 par Benjamin Le Bonniec

Crédit photo : James Andrew

Sorti le 22 avril dernier, News From What We Once Thought révèle un recyclage instrumental étonnant. Thin Blue Line revisite un passé romanesque datant de la Guerre froide où s’entremêlent riffs pénétrants et bandes sonores légèrement altérées d’une réalité soviétique aujourd’hui dépassée. Dégotés par l’excitante nouvelle étiquette montréalaise Michel Records, les Montréalais célébraient, hier soir, le lancement de ce premier album au Bar Le Ritz PDB. Dans une performance disparate, le quatuor inspire par ses envolées atmosphériques et cette trame sonore irréelle, mais nous anémie par sa carence scénique, et ce, malgré les saisissantes projections en arrière-plan.

Never From What We Once Thought fait partie de ces albums qui s’écoutent en un seul jet, les désuètes et fantomatiques bandes magnétiques sorties tout droit d’un bazar de Budapest opérant la continuité des pièces pour ne faire qu’un tout captivant.

Cinématique et passablement hypnotique, cette entité prend tout son sens dans l’interpénétration complexe des guitares de Toby Andris et Greg Paquet. Des arpèges mélodieux aux déstructurations successives, Thin Blue Line saisit promptement, sa sollicitation liminaire avec «Welcome To Pine Point» ne se révèle pas seulement comme un prétexte. Les expérimentations «distordantes» que l’on entend tout au long de l’album laissent l’oreille sous tension. Sans planer littéralement, l’envoûtement est palpable jusqu’à devenir incontestable dans une pièce comme «Tungsten Fields».

Aussi allusives qu’évocatrices, les réminiscences ardentes des Texans d’Explosions in the Sky fournissent un post-rock à la densité aussi mélodique que tempétueuse. L’ombre de Mogwai plane également quand les guitares s’entremêlent et s’entrelacent vers une montée en puissance quasi-apocalyptique. Rugissante et soutenue, la musique proposée par Thin Blue Line n’offre pas réellement de retour au calme; sa force réside justement dans la dimension consécutive et continue de son instrumentalisation.

Sur scène, Toby Andris, Greg Paquet, Mathieu Dumontier et Michel Aubinais, servis par un clavier épisodique, peinent malgré tout à assumer l’ambiant et progressif chaos annoncé par l’album. L’enchevêtrement des guitares, si symbiotique dans l’enregistrement, laisse place à un chancelant et oscillant déphasage avec un Greg Paquet parfois tâtonnant.

Les Montréalais, sans désenchanter, peinent à trouver sur scène leurs marques, à l’image d’un Toby Andris s’embarrassant à chacune de ses interventions. L’imbrication des cuivres dans certaines pièces se fait tout aussi maladroitement et reflète les confuses tergiversations d’un groupe méritant de gagner en maturité musicale et surtout scénique.

Pour le reste, Thin Blue Line laisse encore planer les espoirs d’un album abouti et bien ficelé, et ne demande qu’à prendre de la bouteille pour peut-être apporter cette expérience auditive jusque sur scène.

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