SortiesFestivals
Crédit photo : Benjamin Le Bonniec
C’est une nouvelle fois grâce à l’enthousiasme d’Alain de Lafontaine, le programmateur du Sherblues, que les Barr Brothers revenaient en Estrie quatre ans après leur première prestation au festival sherbrookois. Et c’est par «Oscilla», une composition issue de leur dernier EP Alta Falls, l’une des surprises du printemps dernier, que le groupe invitait l’assemblée à s’amasser devant la scène. Brad Barr, Andrew Barr, la harpiste Sarah Pagé et leurs musiciens ont peiné dans le préambule de ce concert, mais ont rapidement pris le dessus grâce à leur pièce rock «Even The Darkness Has Arms». Tout en maîtrise, Sarah Pagé nous offrait alors un magnifique solo de harpe, relayé par Bart qui nous a exposé un aperçu de sa dextérité à la guitare.
Dès lors, le ton de la soirée était donné, les Montréalais nous transportant dans les méandres d’un rock brut aux accents bluesy alterné par des mélodies folk d’une sensibilité persuasive. S’en suivirent des morceaux devenus des classiques du groupe comme «Deacon’s Son», le magnifique «Wolves», «How the Heroine Dies», ou l’entraînant et captivant «Beggar In The Morning». Chaque fois, Brad Barr et sa troupe faisaient durer le plaisir, prolongeant chacun des fragments de cette aventure musicale, nous mêlant dans des sonorités à la fois expérimentales et maîtrisées.
Cette maîtrise des instruments est justement l’un des points qu’il était impossible de reprocher aux musiciens. Sarah Pagé, évidemment, qui maniait et intégrait comme à son habitude admirablement la sensibilité de la harpe dans la rusticité d’une musique brute, mais c’est surtout le duo des frères Barr qui époustouflèrent la flopée de mélomanes répartis sur l’ensemble de la rue Wellington. À plusieurs reprises, nous vîmes Brad s’approcher de la batterie de son frère pour se lancer dans un tête-à-tête instrumental, Andrew Barr maniant les baguettes avec toujours autant de brio. L’apogée de cette hégémonie sur leurs instruments respectifs est venue au moment où les brothers ont prolongé «Half Crazy» à des limites nous rappelant le blues-rock sudistes des années 1960.
La voix de Brad restait, comme fréquemment, l’un des bémols de la performance du groupe, notamment dans les occurrences plus douces. Pourtant, il n’hésita pas lors du rappel à entonner «Shine On You Carry Diamond», la composition majestueuse des Pink Floyd, qui l’encourageait à pousser sa voix au-delà des sonorités habituelles. Mais, c’est fort d’une cohésion entre ses membres et d’une emprise instrumentale que The Barr Brothers a attisé l’intérêt d’un public sherbrookois chaleureux, voire triomphal, et pour une fois le groupe a su se pousser à interagir avec l’auditoire.
L'avis
de la rédaction