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Crédit photo : Marie-Eve Linck
En première partie, on a retrouvé le groupe punk montréalais The Nils, toujours vivant depuis la fin des années 1970, malgré plusieurs obstacles, changements et tragédies, dont la mort de leur chanteur et un des membres fondateurs, Alex Soria. La formation, à son apogée il y a une trentaine d’années, est revenue en 2015 avec un album complet, Shadows and Ghosts. Même si, depuis le décès d’un des leurs, certains tournent le dos au Nils, la foule était présente hier pour la première partie et le groupe a été chaudement applaudi.
The Nils ont présenté plusieurs spectacles depuis le lancement de leur dernier album et ces rock’n’rollers montrent une aisance et une bonne énergie sur scène. Leurs riffs sont toujours aussi accrocheurs et le chanteur remplaçant, Carlos Soria, frère de l’autre, se débrouille plus que bien au micro. Espérons que le groupe ne sera plus hanté encore trop longtemps par leurs fantômes, en tout cas leur prestation nous a fait oublier ses ombres sombres.
Ensuite, c’était au tour des punk rockers de Belfast, Stiff Little Fingers, de se présenter sur la scène du Théâtre Corona. Malgré que les musiciens se rapprochent doucement du moment où ils pourront obtenir leur carte de l’âge d’or, le groupe n’a perdu ni sa fougue ni sa pertinence. Eux aussi ont subi, au fil du temps, quelques défaites et la formation s’est quelque peu transformée, même si le parolier et chanteur du groupe en reste le pilier. Et s’il y a un changement notable, c’est qu’ils se sont améliorés musicalement et sonnent encore mieux qu’avant. Pas de doute, ils vieillissent bien.
Et ils ont donné le ton, hier, avec leur première chanson, un classique, «Wasted Life», pour bien nous mettre dans l’ambiance. Toute la soirée, SLF a alterné de vieux morceaux, dont plusieurs de leur premier album, Inflammable Material, avec des chansons plus récentes. Parmi ces dernières, une chanson critiquant cet horrible être humain qu’est Simon Cowell, «Guitar and Drum» et une autre, hommage à Joe Strummer de The Clash, appelée «Strummerville». Les nouvelles chansons ont semblé plus près du pop punk nouveau genre que leurs anciennes qui parfois évoquent le son des années 50, comme «Barbed Wire Love» ou d’autres issues du punk dans la même veine que les Buzzcocks. Le groupe a aussi fait un très bon cover de «Doesn’t Make It Alright» de The Specials.
Stiff Little Fingers n’a pas perdu son énergie, les membres sautant sur scène, ni sa hargne, comme en font fi les paroles. D’ailleurs, même les chansons écrites il y a 35 ans sur les évènements ayant cours en Irlande ou sur la cupidité des banquiers semblent toujours d’actualité, dans cette ère post-Brexit, menée par l’argent et où des guerres de territoires et de religions se déroulent un peu partout dans le monde.
Une autre chose qui n’a pas changé, c’est le regard de la société sur les punks. Hier encore, beaucoup (trop) de sécurité mise en place, avec gorilles et barrière, pour un concert où une foule pas si dense et assez âgée et paisible chantait et dansait. Il n’y a eu qu’un petit semblant de mosh pit à une occasion. Il y a plus de violence dans un bar de douche ou dans un magasin à grande surface de banlieue un vendredi noir… Ça a l’air que l’habit fait encore le moine pour plusieurs. Dommage.
Mais revenons à Stiff Little Fingers, qui a donné une solide prestation au Théâtre Corona et nous ont montré que le plaisir de jouer était encore bien présent, tout comme leur jeunesse. Le chanteur, Jack Burns, a démontré qu’il avait encore une très bonne voix et le batteur Steve Grantley tient toujours la forme. Le bassiste et le guitariste, en plus d’assurer sur leur instrument, se sont approprié la scène comme il se doit. Burns a interagi avec la foule toute la soirée, parlant entre autres de la dépression dont il a souffert et de laquelle est née une chanson, «My Dark Places».
Le groupe a terminé avec deux rappels plutôt qu’un et sur une belle note avec «Alternative Ulster», que la foule a entonné avec SLF. Le punk n’est certainement pas mort.
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de la rédaction