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Crédit photo : Crédit: Kevin Winter (Coachella) et www.facebook.com/SiaMusic/photos
Qu’on le veuille ou non, Sia est bien plus qu’une chanteuse pop; c’est une star-phénomène ayant atteint une notoriété telle qu’elle réussit à remplir des salles à grande capacité tout en étant totalement statique sur scène.
Il faut avouer que l’auteure-compositrice de génie a réussi à trouver de parfaits exutoires pour contrer sa timidité: d’abord, en la personne de son alter ego Maddie Ziegler, qui est vite devenue l’indispensable de la belle, puis en sa fameuse perruque «moufettée», laquelle est surmontée d’une gigantesque boucle de poupée blanche que certains fans arboraient hier au spectacle en guise d’hommage.
Tout juste avant que le Centre Bell ne soit plongé dans le noir, les spectateurs faisaient la vague en chantant: «I’m Aliiiive»!
Et c’est justement sur les notes d’«Alive» que la fort attendue Sia nous est apparue, montée sur un podium de couleur blanche, tout comme sa boucle géante, sa splendide robe à froufrous, son micro et son pied, et le décor épuré; tout le décorum était blanc. À la grande surprise de tous, «Diamonds» a suivi, chanson populaire que Sia Furler a écrit pour Rihanna à l’époque d’Unapologetic.
La beauté du spectacle, c’est que chaque chanson était présentée comme un tableau artistique en soi, avec les interprètes qui exécutaient leurs chorégraphies, tantôt en dansant ou en gesticulant dans un décor vide, tantôt en jouant au théâtre sur une scène où l’on retrouvait par moments quelques accessoires.
Dans cette dernière, un homme entre deux âges était assis sur une chaise et tendait des mains gantées et serties de diamants, dont l’éclat rayonnait chaque fois qu’elle chantait: «Shine bright like a diamond».
La danseuse et actrice Maddie Ziegler, qui a commencé la danse à deux ans, y est pour beaucoup au sein de la prestation, puisqu’elle incarne plusieurs personnages «perruqués» et costumés, et elle danse tout en gesticulant frénétiquement comme on a rarement vu. Son art, sur scène ou en vidéoclip, est remarquable, son expressivité, à la fois juste et touchante, et son exécution est parfaitement synchronisée avec la mélodie. Durant «Big Girls Cry», la jeune Maddie a assuré.
Certes, les projections qui servaient d’interludes entre les différents tableaux étaient fort bien réalisées, le traitement de l’image, bien léché, leur donnait des allures de clips musicaux, mais il aurait été encore plus intéressant de les voir live, plutôt que la salle soit plongée dans le noir et qu’il y ait toujours cinq secondes de silence avant l’enchaînement de la prochaine pièce. Un petit détail qui aurait certainement ajouté à l’élément «art-performance» du concert.
Il y a même eu des ombres chinoises et de l’ombromanie au cœur de sa prestation, un des interprètes jouant avec sa main près d’un projecteur pour qu’elle soit reflétée, plus grande que nature, sur le décor à l’arrière-plan dans un jeu de position dominant-dominé avec une Maddie Ziegler flottant, toute minuscule, dans des vêtements trop grands pour elle.
Sia, que l’on avait tendance à éviter du regard tellement ses interprètes occupaient tout l’espace, ne l’a pas trop laissé paraître, mais elle a avoué, après «Chandelier», avoir versé quelques larmes à la vue des lampes-torches éclairant le Centre Bell telles des milliers de lucioles durant «Breathe Me». Outre un «Thank you so much, I love you», l’auteure-compositrice-interprète n’a pas ouvert la bouche, à part pour faire ce qu’elle sait le mieux: chanter à en donner la chair de poule.
Considérant le prix des billets et la durée du spectacle, il était cher payé pour voir une poupée de cire chantant comme sur ses albums, plantée bien droite dans le coin gauche de la scène. Tout était bien calculé, l’ensemble des tableaux était fort bien exécuté, mais il manquait certainement l’élément magique qui permet à un concert de s’élever au rang d’un souvenir impérissable: la synergie entre l’artiste et ses fans.
En première partie de spectacle: Miguel
Ce fut un bien drôle de choix que celui de présenter l’artiste R&B Miguel en première partie de spectacle. Son univers musical ne rejoint pas du tout celui de Sia, alors qu’AlunaGeorge était davantage un meilleur parti; malheureusement, ils ont dû annuler leur présence dû à un problème de transport.
Miguel a donc défendu son honneur seul à l’avant-plan de la scène, alors que ses musiciens jouaient dans l’ombre, placés derrière les écrans géants. Un drôle de set-up, tout comme les sièges au parterre d’ailleurs! L’artiste, originaire de Los Angeles, a donné une prestation satisfaisante dans son ensemble, mais il manquait quelques succès pour s’attirer la sympathie de davantage de spectateurs.
L’Américain sait se rendre sympathique, comment trouver les bons mots pour philosopher sur la clé du succès (un peu plus d’humilité et moins d’ego ne ferait pas de tort), mais malgré son énergie communicative, il manquait ce je-ne-sais-quoi qui nous aurait forcés à le découvrir davantage.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Alive
2. Diamonds (reprise de Rihanna)
3. Reaper
4. Big Girls Cry
5. Bird Set Free
6. One Million Bullets
7. Cheap Thrills
8. Soon We'll Be Found
9. Fire Meet Gasoline
10. Elastic Heart
11. Unstoppable
12. Breathe Me
13. Move Your Body
14. Titanium (reprise de David Guetta)
15. Chandelier
Rappel
16. The Greatest