RUBBERBAND souffle sur ses 20 bougies avec «Reckless Underdog» de Victor Quijada au Théâtre Maisonneuve

Encore une fois cette année, Danse Danse nous a proposé une belle programmation! Et quoi de mieux que de finir cette saison avec la nouvelle création Reckless Underdog de Victor Quijada!

D’emblée, je dois dire que j’étais intriguée par le titre de l’œuvre, et j’avais également hâte d’entendre les compositions musicales de Kid Koala (artiste incontournable de la musique canadienne), Chilly Gonzalez (musicien et co-compositeur canadien) et Vlooper d’Alaclair Ensemble (gagnant de trois Félix au Gala de l’ADISQ).

C’est ainsi que mercredi passé, je me suis rendue avec joie au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour découvrir cette nouvelle proposition artistique qui promettait de m’en mettre plein la vue.

Réinventer les règles de la danse classique

Sur une scène minimaliste aux allures d’un cube blanc, le premier numéro de la soirée s’est avéré une chorégraphie inspirée du ballet classique où les danseurs bougeaient avec délicatesse et fluidité sur une bande sonore au cœur de laquelle le piano régnait en maître.

La conception des costumes, pantalons et tops en Lycra de Cloé Alain-Gendreau était pour le moins originale, puisqu’on retrouvait un dégradé de tonalités qui allaient du noir au gris pâle, afin de donner une personnalité unique à chacun des interprètes.

Ce qui a attiré le plus mon attention, c’est définitivement la parfaite symbiose entre la scène, la musique, les costumes et la chorégraphie, mais aussi, l’interprétation des danseurs ainsi que leur facilité à exécuter avec brio des mouvements purement classiques avec autant de fluidité.

En fait, mon plaisir résidait surtout dans le fait de voir la danse classique être interprétée autrement, de façon plus décontractée, mais où les interprètes respectent la technique. Je tiens à préciser que je n’ai ici aucunement assisté à un numéro de danse néoclassique; il y avait bel et bien une recherche chorégraphique qui a su mettre en valeur la danse classique, mais aussi le mouvement naturel du corps.

La poésie de la danse contemporaine

Pour le deuxième numéro, les spectateurs ont été transportés dans un autre espace-temps scénique complètement différent du premier.

Cette fois-ci, on retrouvait au milieu de la scène une grappe de lumières vertes et une conception d’éclairage plus sombre. Personnellement, j’ai eu de la difficulté à suivre cette transition marquée par l’effet stroboscopique de lumières et l’entrée d’un danseur torse nu qui m’ont transportée dans un tout autre univers chorégraphique. C’est comme si j’étais obligée de changer drastiquement de spectacle, et ce, sans préavis. Je salue toutefois l’effet de surprise marqué par cette transition, qui était pour le coup bien réussi.

Par la suite, nous avons eu droit à un va-et-vient d’une chorégraphie de danse contemporaine plus expérimentale qui a donné lieu à un joli moment où les danseurs faisaient des portés en forme cyclique et fluide.

Il y avait de la poésie qui se dégageait de tous ces mouvements, et c’est grâce au travail collaboratif des artistes!

Revenir à son essence

Pour la troisième et dernière partie du spectacle, j’ai bien ressenti l’essence de l’œuvre.

Au cours de la soirée, le chorégraphe nous a invités à prendre part à un voyage où l’on a pu revisiter la danse classique et contemporaine, mais aussi une partie de sa vie. Rappelons que pour Victor Quijada, le style de danse urbaine est fort important au sein de sa création, c’est pourquoi il nous a invités à finir la soirée en beauté avec une chorégraphie énergétique qui déconstruit la pratique du break cypher – un cercle formé par des artistes et à l’intérieur duquel l’un d’eux danse.

Encore une fois, on a été transportés dans un autre espace-temps scénique. Cette fois-ci la scène était habillée avec des porteuses de décors. Il m’a cependant été difficile d’apprécier la scénographie, car justement, je n’ai pas compris ce choix d’utiliser des porteuses. Peut-être était-ce pour créer un effet underground? Si c’est bien le cas, à mes yeux il aurait été préférable de laisser la scène sans scénographie.

Sinon, côté danse, ce fut un superbe numéro, plein d’énergie, et la composition musicale de Vlooper m’a fait bouger sur mon siège. J’ai même envie de monter sur la scène pour danser avec le groupe d’interprètes. C’était une vraie joie de les voir danser à ce moment-là!

En somme, j’applaudis chaleureusement la recherche artistique et créative de Victor Quijada, son ouverture et son engagement envers la danse, tout autant que la versatilité et la qualité artistique et technique de tous les interprètes.