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Crédit photo : François Goupil (Yegor Dyachkov, violoncelliste, avec le chef Airat Ichmouratov)
Alors que l’après-midi devait débuter sur une composition du Montréalais d’adoption Henri Oppenheim, une annonce fut faite à l’assemblée pour lui signifier que celle-ci serait jouée après l’entracte. Le concert commençait donc sur cette «Ouverture sur des thèmes juifs, op. 34bis» de Sergueï Prokofiev, création new-yorkaise à l’atypique clarinette. Entremêlant saccades et harmonies populaires, l’ouverture mettait d’emblée les spectateurs au coeur de cette festivité jubilatoire à la gloire de la communauté juive montréalaise.
Mais tout commença réellement avec l’entrée sur scène du violoncelliste de renom, Yegor Dyachkov, et celle d’une flopée supplémentaire de musiciens de l’orchestre. Et c’est là qu’enfin on entendait les premières notes d’un violoncelle isolé. Grâce à une composition folklorique de Max Bruch, Dyachkov entamait cette composition combinant deux mélodies hébraïques traditionnelles populaires, l’une issue des célébrations du Yom Kippour, et l’autre provenant d’un chant traditionnel.
À la faveur d’une saillante présence scénique du soliste, les premières émotions étaient ressenties et l’enchaînement immédiat avec la fameuse composition d’Ernest Bloch consolidait entièrement l’intérêt de tous devant le récital d’un Dyachov généreux dans son jeu et dans son écoute de l’orchestre. Oeuvre intégrante du «cycle juif», un ensemble de compositions d’inspiration judaïque, le «Schelomo» nous entraîne dans les profondeurs de la culture juive et dans son héritage sonore. Au son du violoncelle, la voix de Salomon résonne mélodieusement accompagnée d’une ribambelle de cuivres, représentation symbolique de la corne liturgique de la religion juive.
La deuxième partie de l’après-midi s’est présentée de façon originale avec un orchestre complet et l’ensemble de musique du monde Megillah pour jouer la «Suite Symphonique Tur Malka» d’Henri Oppenhein, une pièce composée en l’honneur de la communauté juive montréalaise à grand coup de références historiques et culturelles. Largement poétique, cette longue suite pénètre dans les moindres contours du peuple juif arrivé massivement au début du XXe siècle sur les bords du Saint-Laurent. Servi par une interprétation inspirée des courants rock et électroniques, la prestation de l’Orchestre Métropolitain, sous la direction d’Ichmouratov, a réussi la synthèse entre l’héritage musical yiddish et la musique savante occidentale.
En cette après-midi d’hiver, l’Orchestre Métropolitain surmonte avec brio sa curieuse incartade dans l’oeuvre d’Oppenheim inspirée de ces poèmes yiddish montréalais. Pourtant, l’on garde surtout en tête les quelques envolées du maître violoncelliste, qui a réussi, au coeur d’une prestation inspirée, à toucher une majorité du public, qui n’a d’ailleurs pas manqué de saluer sa performance avant la pause.
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de la rédaction