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Crédit photo : Mathieu Pothier
Une délicieuse première partie
Franky Fade, ou François Marceau de son vrai nom, un rappeur québécois établi à Montréal, a fort bien réchauffé la foule du Club Soda tout juste avant l’entrée en scène du clou de la soirée, entouré de ses deux acolytes Sambé et Louis, alias Louuure.
Ensemble, ils ont captivé un public qui a rapidement pris le pouls de la soirée.
Les mélodieuses pièces hip-hop de l’auteur-compositeur-interprète ont un je-ne-sais-quoi qui agrémente à merveille des paroles poignantes ainsi qu’une solide ligne de basse.
L’artiste a entre autres chanté quelques pièces issues de son premier album solo, Contradictions, telles que l’hypnotisante «Vertige» et la puissante «VVM», produite en collaboration avec Maky Lavender et SLM.
Il a ensuite cédé la place à la bande de P’tit Belliveau en les présentant comme la «gang d’humains les plus sympathiques» qu’il ait rencontrée.
Et à 20h55, les lumières se sont éteintes à nouveau pour laisser la place à P’tit Belliveau, que le public attendait de pied ferme.
«P’tit Belliveau, Club Soda, round two»
Le quatuor de musiciens a rejoint son poste, chacun bien mis dans sa chemise et son veston colorés, armés de leur instrument.
C’est un Jonah Guimond tout propre et souriant qui s’est avancé jusqu’au micro avec son banjo. Les premières notes de «L’eau entre mes doigts» ont résonné sous les acclamations de la foule qui, ayant été rechargée par la prestation de Franky Fade juste avant, avait de l’énergie à revendre. La pièce inaugurale s’est terminée sur un solo électrisant du multi-instrumentiste Jacques Blinn à la guitare.
Déjà, la table était mise pour une soirée ou ça allait rocker. «À soir, on casse des lois, c’est sûr!», s’est exclamé P’tit Belliveau sous un tonnerre de cris et d’applaudissements.
Énergiques, les gars ont contaminé la foule de leur bonne humeur, guidée tantôt par le synthétiseur rythmé de «Cool When Yer Old», tantôt par la guitare de «Moosehorn Lake» ou encore par le picking du banjo de «12 pièces en toonies». Et c’est là que repose la grande force de P’tit Belliveau: celle de transcender les genres musicaux.
L’artiste acadien a, en plus de ce talent inné de nous faire voyager dans sa communauté acadienne, celui de passer du hip-hop à la ballade, en passant par la country et le rock. Et tout ça, sans perdre l’attention de son auditoire… une seule seconde!
Pas étonnant que ses fans se soient rués sur les billets pour vivre ou revivre la prestation de celui qui s’était produit également à guichets fermés le 30 avril dernier dans la même salle.
Transcender les genres musicaux et les époques
Après avoir chanté «Depuis que la neige a fondu», morceau qui figure sur son plus récent album Un homme et son piano où Guyaume Boulianne s’est d’ailleurs bien démarqué à la mandoline, P’tit Belliveau a réclamé, dans son bon franglais, l’aide de la foule pour la prochaine chanson. Il a alors commencé «Mon drapeau Acadjonne vens d’Taiwan», parue sur son micro-album sorti en 2017, sous les acclamations et les chants des spectateurs qui n’en étaient de toute évidence pas à leur première expérience.
Des drapeaux à l’effigie de l’Acadie n’ont pas tardé à faire leur apparition, menés par deux spectateurs visiblement bien préparés à faire la fête.
Le quintette a enchaîné avec deux reprises puisées de catalogues bien différents, mais toutes deux exécutées avec brio. La première, une reprise d’«O Marie», qu’on retrouve sur l’album Acadie de Daniel Lanois paru en 1989, a été jouée en un long crescendo musical qui nous a fait passer de la ballade folk à… du hard rock!
Le public a également été pris par surprise avec un cover très grunge de la pièce «Last Resort» qui a suivi. P’tit Belliveau qui trash sur du Papa Roach, oh que oui!
Prouvant une fois de plus sa polyvalence, l’auteur-compositeur, qui a su rapidement se faire sa place dans le paysage musical québécois, a dévoilé un côté beaucoup plus rock et une énergie que la foule n’a pas tardé à transformer en heureux mosh pits et en crowd surfing euphoriques.
Un homme et son band
Troquant son banjo pour la guitare électrique, Guimond a enchaîné avec des titres de son nouvel album, paru plus tôt cette année: «Bière qui va m’faire penser», «Retourner chu nous» et «Meteghan River», qui nous ont transportés, à travers leurs paroles, jusque dans sa baie natale, surtout au moment où il a entonné, à l’unisson avec la foule, «Les bateaux dans la baie», l’une de ses plus connues.
Grâce à l’énergie du groupe, le mercure a monté d’un cran sur le parterre du Club Soda, tellement que P’tit Belliveau a dû réajuster son banjo à quelques reprises. «Le banjo a chaud. C’est bon signe. S’il a trop chaud, c’est que nous on est just right!», a-t-il lancé à la foule qui, elle, ne s’essoufflait pas le moindrement.
L’artiste a par la suite présenté sa «p’tite famille» sur le picking de «Black Bear».
Il est carrément impossible de faire abstraction du talentueux groupe de musiciens qui accompagne celui qui signe Un homme et son piano. Pas de piano en vue, mais plutôt un Normand Pothier à la batterie, un Adam Coulstring à la basse, un Guyaume à la mandoline et un Jacques qui jongle entre guitare, clavier, synthétiseur et violon.
Chacun a eu droit à son moment de gloire lors de cette pièce qui a laissé la place à un gros jam aux allures d’un reel folklorique bien de chez nous.
Évidemment, P’tit Belliveau n’a pas fait abstraction des chansons «J’feel comme un alien» et «Demain», que la foule a bien repris en chœur. La formation a terminé sur «RRSP/Grosse pièce», mais n’a pas tardé à revenir sur les planches pour jouer les deux chansons les plus attendues de la soirée: «J’aimerais d’avoir un John Deere» et, bien sûr, «Income Tax».
L’art de transcender les genres et les époques… il le maîtrise pas à peu près!
Le musicien acadien a somme toute réussi à faire voyager les spectateurs et spectatrices autant dans des shacks isolés des provinces de l’Est, avec ses mélodies country folk, que dans des soirées trash des années 2000 grâce à son énergie et à sa petite graine de rock n’ roll qui sommeille jamais trop loin en lui.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. L'eau entre mes doigts
2. Cool When Yer Old
3. Moosehorn Lake
4. 12 pièces en toonies
5. Depuis que la neige a fondu
6. Mon drapeau Acadjonne vens d'Taiwan
7. O Marie (reprise de Daniel Lanois)
8. Last Resort (reprise de Papa Roach)
9. Bière qui va m'faire penser
10. Retourner chu nous
11. Meteghan River
12. Les bateaux dans la baie
13. Black Bear
14. J'feel comme un alien
15. Demain
16. RRSP/Grosse pièce
Rappel
17. J'aimerais d'avoir un John Deere
18. Income Tax