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Crédit photo : Alana Lopez
Kumo 99: une mise en bouche qui ouvre l’appétit
À 20 h tapantes, c’est le duo Kumo 99 qui avait le défi de réveiller la bête qui sommeillait en chacun de nous. Formé d’Ami Komai au chant et de Nate Donmoyer aux programmations, cet ovni musical totalement audacieux était un choix tout à fait judicieux pour ouvrir l’appétit avant le plat de résistance.
La chanteuse, dont la voix stridente et criarde clame un flot de mots en japonais, fait montre d’une attitude carrément punk sur scène, enroulant son fil de micro autour du poignet, levant la tête au ciel en criant et bougeant sur scène n’importe comment, le corps transi par les beats disjonctés qui giclent des amplis.
La musique de Kumo 99 est hyper up tempo et distillée à l’énergie dance punk. Quelques secondes suffisent pour que les corps se mettent en mouvement, que les mains se lèvent dans les airs et que les spectateurs sautent sur place, comme hypnotisés.
Des titres comme «Four Point Steel Star» et «Dopamine Chaser» vous laisseront le même goût en bouche que nous, à la différence près qu’il faut y être pour ressentir, en prime, cette énergie incroyable qui se dégage de leur performance.

Poppy. Photo: Alana Lopez
Poppy: un virage hard rock (mais pas que) qui lui sied à merveille
Du haut de ses 30 ans, Poppy a le sens de la théâtralité. Cinq minutes avant son entrée en scène, une projection de son œil nous fixant à travers un verrou, est apparue sur écran géant, provoquant une salve d’acclamations de la part d’un public déjà surexcité. Et c’est à ce moment-là qu’un minuteur s’est mis à égrener les secondes… 5 : 00, 4 : 59, 4 : 58, etc.
Lorsque le compteur est arrivé à zéro, les lumières se sont tamisées pour laisser aux musiciens de Poppy, un batteur, un bassiste et un guitariste, tous cagoulés, le temps de prendre place, avant que la chanteuse entre à son tour et prenne place sur son podium en lançant les festivités avec «have you had enough?», chanson d’ouverture de son plus récent album, Negative Spaces. Il n’en fallait pas plus pour motiver les spectateurs à trasher au-devant de la scène.
Avec ses cheveux couleur encre noire et ses bottes hautes toutes aussi sombres, le costume de scène de Poppy, tout de blanc vêtu, tranchait net avec son virage hard rock et sa propension aux screams qui partent de ses viscères jusqu’à nos tympans. Si cette tournée allait donner l’opportunité à ses fans d’entendre ses nouvelles chansons, elle n’a pas pour autant délaissé ses autres succès.
C’est le titre «BLOODMONEY», succès d’I Disagree, qui a fini de casser la glace de la salle, qui se réchauffait dangereusement. Après avoir incité son public à faire la vague sur «Sit/Stay» – rare moment de sérénité répété sur «Anything Like Me» plus tard –, ce dernier était loin d’imaginer les dangers de nager en eaux troubles en sa compagnie.

Poppy. Photo: Alana Lopez
La pièce «V.A.N.» (NDLR.: Violence Against Nature), chantée en collaboration avec les excellents Bad Omens, en a dynamisé plusieurs. Tout de suite après, «The Cost of Giving Up», que Poppy a interprétée dans ses plus beaux atours sur le plateau de Jimmy Kimmel le 11 mars dernier, a rehaussé un cran de plus la frénésie qui régnait déjà au Théâtre Beanfield.
Poppy est une artiste fascinante; elle est capable de passer d’un registre à l’autre, de l’électro-pop, la dark pop, le heavy metal et l’industriel, et ce, sans jamais forcer. Le caractère versatile de sa musique, une fusion de ces différents styles, donnent un cocktail hétérogène et franchement savoureux sur des pièces comme «vital», «crystallized» ou encore «push go».
Outre avoir offert une performance dynamique et incisive à souhait, deux légers bémols m’ont un peu titillé: comme ses musiciens étaient tous cagoulés, les back vocals de son guitariste étaient moins convaincants, car ça donnait l’impression qu’il criait à travers un masque. Ce n’était pas top. Et regarder Poppy quitter la scène après CHAQUE chanson pour aller se réfugier quelques secondes de l’autre côté d’un rideau blanc… d’accord, mais pourquoi?
Autrement, finir ce spectacle en gueulant un «COWARD!» bien envoyé sur «they’re all around us», avant de faire ses adieux sur la très mélodique «new way out», c’était une sacrée bonne idée pour que les spectateurs∙trices, dont certain∙es étaient plus en sueur que d’autres, repartent pleinement satisfait∙es.
La performance de Poppy au Théâtre Beanfield en images
Par Alana Lopez
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Poppy. Photo: Alana Lopez
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Poppy. Photo: Alana Lopez
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L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. have you had enough?
2. BLOODMONEY
3. Sit/Stay
4. V.A.N. (reprise de Bad Omens)
5. the cost of giving up
6. Anything Like Me
7. crystallized
8. vital
9. the center’s falling out
10. Scary Mask
11. I Disagree
12. push go
13. Bite Your Teeth
14. Concrete
15. surviving on defiance
Rappel
16. they’re all around us
17. new way out