«Plomb» de Compagnie Virginie Brunelle au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec – Bible urbaine

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«Plomb» de Compagnie Virginie Brunelle au Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec

«Plomb» de Compagnie Virginie Brunelle au Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec

Sublime chute libre

Publié le 1 décembre 2017 par Léa Coffineau

Crédit photo : Operaestate Veneto Festival

Créé en 2013 à l'Agora de la danse, Plomb a été retravaillé à l'occasion de l'important festival Operaestate, qui a lieu chaque année dans la commune de Bassano, en Italie. Avec une distribution en partie renouvelée, la chorégraphe Virginie Brunelle a revisité son œuvre et donné du même coup une nouvelle vie à cet incroyable ballet macabre. Le public québécois a pu le (re)découvrir lors d'une date unique au Théâtre du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.

Dans cette partition onirique rythmée sous forme de tableaux, la douleur de vivre est omniprésente. Mais loin d’être pessimiste et souffreteuse, la proposition de Virginie Brunelle sublime la capacité de l’être humain à toujours revenir à ce qui lui fait du mal pour ressentir toujours plus fort ce qui le rend vivant, tout en le précipitant vers le vide.

Ici, le vertige change la dépression en folie douce, on joue à se faire peur, au bord du précipice, jusqu’à la chute.

Ce qui frappe d’abord dans la danse de Virginie Brunelle, c’est la souveraineté des corps. Pas seulement en tant qu’outils techniques au service de la dramaturgie, mais en tant que personnalités à part entière, fascinantes. Ils se distinguent dans leur diversité et se fondent en une seule forme, à l’envi.

La chorégraphe sait choisir les interprètes qui porteront avec intelligence sa passion pour la poésie désespérée de l’humanité.

Ses danseurs sont également comédiens, tout entiers possédés par une danse viscérale et offerts à la tentation de l’obscurité. Chacun d’entre eux est unique, habité par une sensualité renversante, et le ballet qui les unit concentre une puissance émotionnelle rare.

La simple mais savante scénographie lumineuse d’Alexandre Pilon-Guay donne au plateau des allures de purgatoire, espace flou oscillant entre ombre et lumière. On comprend que le piège va bientôt se refermer sur les pauvres âmes errantes, trop romantiques pour faire face au masochisme de l’existence.

La chorégraphie est d’une précision sans faille et l’on assiste à ce moment de grâce où la technicité s’accouple au lyrisme pour faire naître cette émotion qui nous saisit pour ne plus nous lâcher. Étrangement, ce n’est pas la mélancolie qui nous gagne, mais une douceur souriante, réconfortante, même, que nous garderons avec nous longtemps après que le rideau soit tombé.

Avec cette pièce de danse d’une maturité impressionnante, Virginie Brunelle s’impose comme un talent incontournable de la scène contemporaine internationale. Précis et sensible à la fois, son travail est tout simplement brillant.

L'événement en photos

Par Operaestate Veneto Festival

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