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Crédit photo : Michel Couvrette
Dans la douceur d’un piano enveloppant, rapidement joint par ses alliés les plus fidèles, un violon et un violoncelle, l’artiste italien entamait ce concert comme débute ce dernier opus. La pièce «Petricor» plonge l’auditeur instantanément dans ce minimalisme d’ouverture aux riches palettes émotives. Avec toute la simplicité et la sobriété qui font l’apanage d’Einaudi, le déploiement entremêle l’ensorcelant piano aux textures électroniques enveloppant l’intensité crescendo des cordes.
Instinctivement, le processus de composition et la vision musicale propre à Ludovico Einaudi éveillent intégralement la grandiose Maison symphonique. Poursuivant avec l’une des pièces maîtresses d’Elements, «Night», l’homme qui s’affranchit des codes et labels de la musique contemporaine se trahit néanmoins avec cette composition envoûtante où le piano porte indubitablement la griffe du compositeur.
Dès lors, et jusqu’au terme de sa prestation, Ludovico Einaudi, installé à son piano et dos au public, dévoilera les pièces majeures de ce treizième opus ravissant le style le plus minimaliste qu’on lui connaît. Composé au cœur du Piémont, l’architecture sonore de l’album favorise l’enchevêtrement du piano aux cordes, percussions et pulsations rythmiques électroniques. En orchestrateur génialement inspiré, Einaudi transgresse les genres, s’inspirant autant des mélodieuses envolées d’Erik Satie («Four Dimensions») que des pulsations répétitives et rythmiques de Steve Reich ou Philip Glass («Logos»).
Le déploiement sur scène d’Einaudi favorise l’éclosion d’un album riche et hautement illuminé aux rêveries salutaires. Les touches organiques entraînent l’écoute dans un voyage végétatif mais malgré tout texturé («Elements»), ce que la mise en scène, digne d’une formation rock, et l’éclairage jaillissant, élèvent dans des dimensions rarement atteinte par la musique répétitive.
Analogiquement à cette ovation digne des plus grands maîtres, les deux mille auditeurs de la Maison symphonique ont acclamé le compositeur italien pour ce développement scénique et musical. Se révélant digne des plus hautes attentes, le compositeur n’a pas manqué de revenir suffisamment sur certaines des compositions saillantes de sa carrière, on pense notamment à «Una Mattina», «Time Lapse» ou «Nuvole Bianche».
Aux termes de près de deux heures de performances et accompagné de son groupe officieux composé des talentueux Francesco Arcuri, Marco Decimo, Mauro Durante, Alberto Fabris, Federico Mecozzi et Redi Hasa, Ludovico Einaudi a bercé les spectateurs présents dans des enchevêtrements mélodieux à la mélancolie exaltante.
Digne de l’engouement exceptionnel qu’il bénéfice aujourd’hui après plus de vingt-cinq ans d’une carrière marquée par la singularité, le compositeur poursuit l’exploration d’un univers éclairé portant savamment la musique néoclassique vers une contenance rock aux accents électroniques conceptuels.
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de la rédaction