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Crédit photo : Frédéric Lauzier-Young
En première partie, le DJ Marco Grenier, un proche de Jarre, qui officie habituellement à Bruxelles. Ça a donné le ton à la soirée, pas tant en ce qui a trait au son, mais au type de foule présente. Les têtes blanches et chauves remplissaient la salle et à part pour ceux qui avaient emmené leurs flots, on n’était pas loin de la maison de retraite. Cela dit, ça ne pose aucun problème en soi, sauf que ça entraîne quelques comportements étranges: tout le monde restait assis, les gens applaudissaient entre les morceaux (même s’il n’y a pas vraiment d’intermède…) et la plupart tapaient dans leurs mains en suivant le rythme… Euh… c’est un DJ set!!?? Alors, même si le gars était vraiment pas mal, disons qu’il ne jouait pas dans les meilleures conditions. Un club à 3 heures du mat aurait été plus approprié.
Puis est arrivé le vénéré et vénérable Jean-Michel Jarre. Pour ceux qui le connaissent pas, allez faire vos devoirs et l’écouter. Il est le précurseur de la musique ambient, trance et rave. Juste ça. Depuis le début des années 1970, il tente de repousser et d’explorer les voies de l’électronique. Et même ses nouvelles pièces sont étonnamment pertinentes. Jarre est aussi reconnu pour ses spectacles hauts en couleurs, jouant avec la lumière autant qu’avec le son. Et le concert de Montréal n’y a pas fait exception.
La dernière fois que j’avais assisté à une prestation de Jarre, c’était un son et lumière projeté sur les édifices à Paris pour un 14 juillet alors que j’étais toute petite. J’avais été franchement impressionnée. Je l’ai été tout autant cette semaine. Outre la musique qui, à l’exception de deux trois morceaux qui ont un peu mal vieilli, est toujours aussi intéressante (on peine à croire que certains ont 40 ans…), il y a le visuel. Et quel visuel! Son spectacle a dû coûter une fortune… Les projections étaient incroyables, elles se déployaient tout autour de la scène grâce à des rideaux amovibles, créant des images en 3D d’une qualité exceptionnelle. Les lasers s’entrecroisent et se superposent en symbiose avec la musique. La vue et l’ouïe sont constamment stimulées et le Centre Bell apparaît soudain pas si grand que ça, mais parfait pour ce genre de spectacle aux multiples effets spéciaux.
Jean-Michel Jarre a toujours voulu innover et ses concerts ont été et sont encore une forme d’exploration. Sis sur un piédestal au centre de la scène, il danse et joue sur ses claviers, entre ses deux musiciens qui se trouvent, eux, plus bas sur la scène. Jarre joue entre autres sur une espèce de clavier, enfin pas vraiment un clavier, mais une bibitte d’instrument, probablement fait sur mesure. Il nous a été possible de bien le voir grâce à la caméra située dans les lunettes de l’artiste. Pour sa plus récente pièce, «Exit», écrite avec Edward Snowden (oui oui!), ce dernier nous apparait, récitant certaines lignes du texte. Pour la chanson «Brick England», en collaboration avec les Pet Shop Boys, les deux membres du groupe, évoqués en projections de chaque côté de la scène, accompagnent Jarre au chant. Mais il atteint des sommets quand il joue du laser, telle une harpe, le son se modulant lorsque ses mains touchent aux différents lasers, en éventail, situés sur le bord de la scène. Quand même impressionnant. Le principal intéressé a avoué que ça ne fonctionnait pas tous les soirs. Mais ce jeudi si.
La grande appréhension avant le spectacle était que ce soit un peu quétaine. Mais non. Même lorsque Jarre sort sa keytar, ça passe. Les quelques pièces qu’il a jouées des albums Oxygène et Équinoxe, grand succès de 1976 et 1978, sonnaient vraiment bien et pas trop new age, comme ça aurait pu être le cas. Sans être trop fan des lasers, on a compris que, bien intégrés dans un tout cohérent, ça fonctionnait. Les gens présents semblaient ravis à l’écoute de ses nombreux succès, mais, question ambiance, il aurait été bien que la foule se lève un peu et commence à danser… Mais Jarre a eu l’air vraiment content de sa soirée à Montréal.
On espère qu’il reviendra un jour nous voir.
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de la rédaction