«Dans la peau de…» l’illustrateur Fred Gingras

1. Est-ce que tu as toujours voulu être illustrateur? Parle-nous un peu de ton parcours professionnel.

«Du tout! En fait, je n’ai jamais vraiment voulu être illustrateur. J’ai toujours aimé dessiner, certes, mais je n’ai jamais voulu en faire une carrière. J’ai voulu être ben des affaires dans ma vie: un prêtre, un écrivain, un psychologue, un prof de philo, un travailleur social, mais jamais vraiment un illustrateur.»

«En fait, on dirait qu’un jour j’ai réalisé que le concept de carrière, je n’y ai jamais adhéré. Peu importe mon titre, ma profession, ce que je veux, c’est suivre ma vocation. Souvent, j’ai l’impression qu’on mélange profession et vocation. Pour moi, ta profession, c’est juste le «comment». Moi, ce qui m’intéresse, c’est le «pourquoi». Pour quelle raison je fais ce que je fais? Pour qui je fais ce que je fais? Je pense que quand tu arrêtes d’essayer de trouver ce que toi tu «veux» faire, pis que ta question devient: «Qu’est-ce que j’ai d’unique qui pourrait apporter quelque chose aux autres?», tout devient simple. Tout devient clair. Pis tout devient plus grand que soi. Pis, ça, c’est infini comme énergie.»

«L’illustration, c’est juste un médium, comme le sont les mots. Aujourd’hui, c’est le médium qui me plaît, mais c’est le message derrière le geste, l’intention derrière l’action, qui m’importe. Moi, je veux donner de l’amour et le sourire aux gens. Rien ne me motive plus ou ne me donne plus d’énergie que de connecter avec les gens et de leur donner tout ce que je peux leur donner pour les élever et les faire sourire. Alors, je le fais, pis je n’arrêterai jamais de le faire; peu importe ce qui sera écrit sur mon CV au moment où je le ferai. C’est une promesse.»

2. Quels genres de thèmes préfères-tu aborder dans ton travail et pourquoi?

«Je te dirais le bonheur. L’amour. Le feu intérieur. La force. L’esprit. Le doux. Ce qui fait sourire quelqu’un. Pourquoi? Parce que selon moi, il n’y a rien de plus important.»

3. Tes illustrations sont souvent accompagnées de longs textes parlant directement à ceux qui te suivent. Pourquoi est-ce important pour toi de passer un message avec chaque image?

«Parce que j’aime écrire autant que j’aime dessiner, pis que parfois les mots me viennent avant l’image. Parfois après, parfois en même temps, mais c’est toujours une sorte de danse qui les relie. Pis, bien franchement, dans ces longs textes, je m’adresse autant à moi-même qu’à mes lecteurs.»

«Avec le temps, j’ai réalisé une chose. On se ressemble plus qu’on pense les uns et les autres. On vit tous les mêmes choses. Quand on essaie de parler au plus grand nombre, on finit par ne parler à personne. Mais quand on parle à une personne en particulier, que l’on connait bien, par cœur même, là on rejoint beaucoup de gens, beaucoup plus intensément qu’on aurait pu le croire.»

4. Tu as une politique concernant ton merch en édition limitée: tu ne réimprimes jamais de t-shirt avec le même dessin. Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as fait ce choix?

«Parce que les gens sont plus que des clients. Je n’ai rien contre la production de masse de marchandise, mais moi je ne peux pas, je ne suis pas capable. Je pense que ceux qui veulent me supporter méritent mieux. À défaut de pouvoir les serrer dans mes bras pis de leur dire merci en les regardant droit dans les yeux chaque fois, je peux au moins leur offrir quelque chose d’unique.»

«C’est aussi la raison pour laquelle je ne fais qu’une seule taille et une seule couleur de chaque impression. Je ne veux pas me lancer dans la mode, je ne veux pas devenir une gamme de vêtements illustrés. Il en existe déjà beaucoup sur le marché et ils le font très bien. Je veux juste dire merci, de la façon la plus humaine à laquelle je puisse penser. C’est ma façon à moi de faire une caresse à quelqu’un en lui disant merci.»

5. Entre Facebook et Instagram, plus de 30 000 personnes te suivent activement et tu réponds souvent personnellement à ceux qui t’écrivent. Comment abordes-tu cette relation avec tes fans?

«T’sais, ces gens-là, ils ne me doivent rien. Ils ont décidé de prendre de leur temps pour regarder et lire ce que j’ai à partager pis en plus, ils ont décidé de m’écrire un message. Je ne peux pas ne pas leur répondre à chacun, un après l’autre, du mieux que je peux. Ça ne ferait aucun sens.»

«Ce n’est pas juste des p’tits messages de rien. Souvent, les gens s’ouvrent, me parle de leur vie, pis je sens que j’ai réussi à toucher quelque chose dans certains d’entre eux. Of course que je vais leur répondre. Of course que je vais essayer d’amorcer un dialogue avec cette personne qui est venue vers moi; c’est tout ce qu’il y a de beau dans l’humain: la connexion, le partage.»

Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…