SortiesDans la peau de
Crédit photo : Dominique Malaterre
1- Depuis 24 ans déjà, l’Agora de la danse se donne comme mandat d’être un lieu important pour la diffusion de la danse contemporaine au Québec, en plus de se donner comme mission de favoriser la création artistique et le soutien à l’expérimentation et à l’innovation. Comment a commencé la grande aventure jusqu’à votre arrivée à titre de directrice générale et artistique?
«L’Agora de la danse est née d’un réel besoin du milieu. Il n’y avait aucun lieu pour présenter de la danse contemporaine de manière plus régulière. On sortait d’une décennie (1980) flamboyante pour la création chorégraphique québécoise, c’est l’époque où les Édouard Lock (La La La Human Steps), Ginette Laurin (O Vertigo), Daniel Léveillé et Marie Chouinard présentent leurs premières œuvres au sein des compagnies Nouvelle Aire et Le Groupe de la Place Royale, dans des galeries, parfois au musée, et plus rarement à la Place des Arts. On avait besoin d’un tel lieu.»
«La fondation de l’Agora de la danse a donc vu le jour à l’instigation de quatre acteurs du milieu: Martine Époque, qui venait de fonder le département de danse de l’UQÀM, Florence Junca-Adenot, vice-rectrice à l’administration et aux finances de l’UQÀM, Dena Davida, qui venait de créer Tangente, et le premier directeur du Regroupement québécois de la danse nouvellement fondé aussi, Gaétan Patenaude.»
«La première saison 1991-1992 n’avait pas vraiment de direction artistique. L’Agora de la danse offrait une maison aux résidences et aux spectacles de Danse-Cité, du Festival international de nouvelle danse, de Montréal Danse et des étudiants de l’UQÀM. Peu après mon arrivée en 1993, j’ai invité Aline Gélinas, alors journaliste et critique de danse à La Presse, à prendre la direction artistique.»
2- En quoi votre travail se différencie-t-il de celui d’autres organismes québécois du paysage de la danse tels que Tangente, Danse Danse, Les Grands Ballets Canadiens ou encore l’École nationale de danse contemporaine de Montréal?
«Nous présentons surtout des œuvres de créations québécoises (les canadiennes et étrangères y sont aussi, mais moins souvent), faites par des chorégraphes qui montrent leurs premiers signes de maturité, jusqu’à ceux qui ont fait les beaux jours de la nouvelle danse québécoise dans les années 1980-1990. De plus, nous sommes engagés dans le développement des artistes en offrant de nombreuses résidences et coproductions.»
«Les autres acteurs, ce sont: Tangente, qui est dédiée aux jeunes artistes émergents; Danse-Cité, compagnie de recherche, de production de création et de diffusion en danse, qui a la particularité d’être nomade; Danse Danse, qui assure la diffusion des œuvres internationales et québécoises pour grands plateaux (Place des Arts); Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, qui acquièrent et créent des ballets qu’ils présentent à la Place des Arts; l’École de danse contemporaine de Montréal, qui offre une formation professionnelle en danse contemporaine dès le niveau collégial, ainsi que l’École supérieure de ballet du Québec, qui a pour mission de former les danseurs de ballet professionnels de calibre national et international.»
3- En février 2017, c’est le grand déménagement dans l’édifice Wilder de la Place des festivals! Que représente ce nouveau tournant pour votre équipe et vous?
«C’est une occasion unique dans la vie d’une institution de s’ouvrir à de nouveaux publics – en s’installant dans un quartier vraiment différent du secteur plus résidentiel de notre ancienne adresse –, de mettre la danse sur la place publique, avec une façade de vidéoprojection de notre édifice qui donne sur la place des Festivals, et d’élargir encore plus notre soutien à la création avec de nouveaux espaces: en plus de la salle de spectacles, nous aurons un studio de création et une salle de répétition.»
4- Cet automne, vous avez présenté le spectacle «Hunter» de Meg Stuart, puis «À la douleur que j’ai» de la compagnie Virginie Brunelle. À quoi pouvons-nous nous attendre, comme spectacles et thématiques, pour votre saison prochaine?
«Bien sûr, il y aura des artistes chéris par l’Agora de la danse, mais aussi trois artistes jamais présentés.»
«Nous prévoyons un certain nombre de rencontres inédites entre toutes les formes d’art, dont une en territoire inusité sous forme de souper dansé; des pauses dans la ville; des ateliers pour le grand public sur l’heure du dîner, des 5 à 7 et, bien entendu, un spectacle pour toute la famille.»
«Certaines œuvres posent un regard critique sur la société, d’autres célèbrent tout simplement la vie, les possibles du corps, la danse quoi! Notre volonté est de faire vivre des expériences au public, qui lui permettent d’embrasser toutes les facettes de la danse contemporaine!»
5- Pour nos lecteurs qui ne sont pas encore initiés à toute la beauté et l’émotivité qui se dégagent d’un spectacle de danse contemporaine, qu’auriez-vous envie de lui dire pour qu’il se laisse guider par sa curiosité naturelle jusqu’à vos créations en salle?
«Qu’il faut parfois laisser de côté ses attentes habituelles, son esprit rationnel et s’ouvrir à ce qu’on ressent. Chacun peut interpréter la danse à la lumière de ses propres expériences, de ses propres souvenirs et connaissances. Il suffit d’accepter qu’il n’y ait pas qu’une seule réponse ou explication…»