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Crédit photo : Mathieu Pothier
Pourtant la salle emblématique de la rue Sainte-Catherine affichait fièrement l’évènement et les premiers spectateurs arrivaient alors que la pluie se mettait à tomber dans le Quartier des spectacles. À l’intérieur, le DJ montréalais CRi, accompagné d’Ouri, tentait vainement sa chance devant les quelques intrépides déjà présents. Mais la créativité généreuse du producteur local ne suffisait pas à contenir l’attention du maigre auditoire, et les plus en retard tournaient déjà des talons pour patienter dehors jusqu’à l’arrivée de la star de la soirée.
Et il a fallu attendre à 22h00 pour voir entrer sur scène le trio interactif! Et ce n’est qu’à ce moment-là qu’une poignée d’avertis s’amassèrent à l’avant-scène. Couvre-chefs paraboliques sur la tête et longues toges divinatrices, les trois chamans entamaient un set qui ne durera qu’une petite heure. Une heure où Pantha Du Prince se consacrera principalement à défendre les lignes délirantes et intuitives de cette collaboration feat. The Triad dont le live mélange savamment une sélection de morceaux du passé à d’inédites créations.
Parce qu’il est là en fait le projet d’Hendrik Weber: poursuivre ses pérégrinations minimalistes et psychédéliques, tout en renouvelant, voire en bouleversant son approche de la performance sur scène et la conduite technique des créations visuelles. Le résultat, satisfaisant à bien des égards, autant oculaire qu’auditif, n’apporte pourtant pas la dimension et l’amplitude à laquelle l’on pourrait s’attendre. Marquant le pas d’une musique ambient de club, l’écoute se fait alors plus dans le raffinement que dans l’exaltation sensorielle ou le déploiement d’une musique qui, par le passé, invitait à l’élévation.
Pantha Du Prince feat. The Triad, est avant tout destiné à l’étalage scénique et malgré la volonté des trois musiciens de donner une nouvelle envergure aux classiques de Pantha Du Prince. «Es Schneit» n’atteindra pas les hauteurs de Black Noise (2010), même si «Behind the Stars» et «The Splendour» se verront légèrement rehaussées. Mais c’est réellement dans l’exploration de The Triad (2016) que les interférences électro-acoustiques de l’album prendront leur véritable élan et surtout leur sens.
Les deux singles sortis avant même l’album, «In An Open Space» et «Winter Hymns», pourtant pas exceptionnels à la première écoute, se révèlent sur scène notamment grâce à l’intensité impulsive du batteur Bendik Kjeldsberg. Au bout du compte, Pantha Du Prince n’aura ni levé les foules ni touché en plein coeur les quelques irréductibles présents, même si une pointilleuse écoute délivrait des sonorités élégamment glaciales qui s’éloignaient volontairement de la house et de la minimale vers des expérimentations sonores électro-acoustiques tout de même ensorceleuses.
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de la rédaction